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Honneur à une très grande dame du théâtre
©Anne Lacombe

Atlanti-culture

Allez à la Cartoucherie de Vincennes voir "Une Chambre en Inde". Vous comprendrez pourquoi Ariane Mnouchkine est l'une des quatre ou cinq personnes qui ont le plus marqué l'histoire du théâtre en France depuis 50 ans.

Françoise Hamel pour Culture-tops

Françoise Hamel pour Culture-tops

Françoise Hamel est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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Théâtre

"Une chambre en Inde"

Création collective du Théâtre du Soleil et dirigée par Ariane Mnouchkine.

 Avec 35 acteurs sur scène qu’il faudrait tous citer.

Informations et réservation

Cartoucherie de Vincennes 
4  Route  du Champ de Manoeuvre
75012 Paris
Prendre la sortie 6 du Métro Château de Vincennes. Puis navettes, 1h45 avant le début des spectacles, sous l'auvent près des taxis.
Réservation : 01 43 74 24 08
durée 3h50 entracte compris
19h30 du mercredi au vendredi. 16h le samedi. 13h30 le dimanche.

L'auteur

L’auteur du spectacle est multiple , collectif. Et "en harmonie" avec  Hélène Cixous. Ariane Mnouchkine dirige cette épopée. Notre mythique Dame du Soleil et du Théâtre  nous enchante, nous fait rêver et réfléchir depuis sa première création de Gorki en 1964. Puis « La cuisine » de Wesker , « 1789 » et  « 1793 », son grand film : «  Molière »,  le Cycle Shakespeare, ses créations sur l’Inde, Eschyle... et « Macbeth » ( 2016). Près de cinquante spectacles qui ont jalonné et marqué nos vies. Et Dame Ariane, encore directrice de l’une des dernières vraies troupes de théâtre européennes, est toujours là, inchangée avec son look cool hors modes devenu plus coloré et plus doux, avec son accueil discret et si chaleureux. Elle nous nourrit le cerveau et les papilles avec sa belle cantine aux mets d’un raffinement rare. Ariane Mnouchkine est une oeuvre d'art . Et son art nous touche infiniment.

Thème 

La pièce se passe en Inde dans une "guest-house ». Ce n’est pas «  Une chambre à soi », c’est la « chambre monde » avec  le chaos de notre monde actuel : l’Irak, la Syrie, Daech, les prêches dans nos banlieues…Peu après les attentats de novembre 2015, A.Mnouchkine emmenait toute sa troupe à Pondichéry mais l’actualité violente ne pouvait  être absente de ce voyage théâtral qui fait entrer la vie dans le théâtre et le théâtre dans la vie. 

Une troupe fauchée décide de monter un spectacle en s’inspirant d’une forme de théâtre indien très ancien et  joué par les « basses castes ». Alors se déroule une grande farce épique, avec danses, chants, improvisations, mélange des genres. On y croise  le Mahabharata et Shakespeare, des scènes filmées en citation de "Lawrence d’Arabie" sur quelques notes de la fameuse musique de Maurice Jarre, le Charlot du film « Le  dictateur » quand un jeune barbu venu vanter ses crimes se met au dernier moment à nous parler de paix et de démocratie... C’est un « work in progress » en liberté et d’une belle vitalité. Tout s’improvise sans arrêt mais  tout, à force de travail, reste parfaitement maîtrisé. La corde raide et sans une faute de goût.

Points forts

- Le rire ? Oui, mais surtout la cocasserie, la fantaisie, la bouffonnerie, le charme, l'épique. Les oeuvres d'art ne nous ont pas encore habitués à rire des drames récents causés par les attentats. Ce spectacle réussit l’exploit - par sa grande humanité attentive aux autres, à tous les autres - de ridiculiser les talibans et autres barbus, de faire entendre de fausses kalachnikovs sur une scène de tournage de film. Aucun manichéisme, ni haine. Mais, comme l’écrit Ariane Mnouchkine, le pire serait que le spectateur sorte en se disant que de toute manière, il n’y peut rien. Au contraire, pour que la vie continue d’être « une fête », malgré les vicissitudes, cette « Chambre en Inde » nous encourage à élargir notre champ d’observation, un peu plus loin que nos débats politiciens ronronnants. On en ressort plus vigilant et plus apaisé.

- Les acteurs : Ils sont 35 sur scène et ils savent tout faire sur la musique traditionnelle revisitée, de J J Lemêtre à la chevelure blanche ancestrale. Menés par une folle Cornélia (Hélène Cinque) échappée d’un Roi Lear, avec ses visions funestes et meurtrières qui se réalisent, ils sont l’expression vivante de « Il n’y a pas de secret, seulement le travail ». 

- Un mélange de  sophistication et de belle simplicité.

- Une féerie : des singes entrent par les fenêtres. Une autre fois, ce serait Shakespeare.

- Les costumes traditionnels, très colorés et raffinés. 

- Le décor : cette « guest-house » comme on en rêve pour aller voyager et qui devient la scène de tous les drames.

Points faibles

Ils sont introuvables et pas une seconde d’ennui.

En deux mots

Se rendre à la Cartoucherie reste un voyage théâtral unique. Cette fois, dès la cantine avec ses murs vieux rose, sa jungle peinte à la Douanier Rousseau, ses guirlandes colorées,ses jongleurs et éléphants en paillettes…nous sommes en Inde . Cette Inde qui est pour A Mnouchkine, sa « terre antérieure ». Un des ses « pays d’avant ». Comme si elle  avait vécu une autre vie dans ce pays hautement théâtral.

Allez, encore un verre d’hibiscus chaud pour la route avant de remonter dans la navette magique, le carrousel de notre jeunesse et d’aujourd’hui !

Une phrase

« Le monde est fatigué de ceux qui le haïssent » ( Gandhi) 

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