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Hommage des entrepreneurs à "Jean d'O - les Yeux bleus" et à "Johnny l’invincible"
©AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

PME, allumons le feu. Doutons des Dieux. Hommage des entrepreneurs à Jean les Yeux bleus et Johnny l’invincible. Pourquoi les Gens aimaient-ils ces deux Jean ?

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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La musique et la culture se vendent manifestement mieux que l’économie. C’est certainement mieux ainsi. Penser que l’homme est une espèce dont le destin n’est lié qu’à ses performances économiques, est exactement ce qui alimente la folie de ceux qui investissent dans l’intelligence artificielle pour nous remplacer. A penser que nous n’avons qu’une fonction utilitaire, que nous ne sommes qu’un outil plus ou moins performant, nous alimentons ceux qui ne nous pensent et ne nous voient, qu’à travers la fonction que nous pouvons remplir. A laisser penser que la vie de l’homme se limite à la performance et à la consommation, nous consolidons chaque jour un peu plus la frontière qui nous sépare de l’animal que nous sommes toujours, malgré notre arrogante attitude. Pourtant nous aimerions avoir en nous quelque chose de Tennessee.

Nous construisons avec une obsession inquiétante, un mur qui nous sépare de la machine à émotion qui nous distinguera toujours de la machine à calcul. Voir que la France se mobilise pour Jean D’Ormesson et Johnny Halliday, rassure sur la destinée de l’homme, dont les larmes sont les plus sûrs moyens d’irriguer le terreau de l’avenir, un avenir qui continuera à préférer la passion à la seule raison, l’amour sur le seul calcul, l’imprévisibilité sur le prédictif, le chaos sur la linéarité, le risque à l’ennuyante certitude.

Le hasard n’existe peut être pas. Peut être existe t-il un destin écrit, un mystérieux chemin invisible, fruit d’un temps déjà passé dans une autre dimension, qui « fuit » sur le nôtre et nous laisse l’illusion de la maîtrise, quand nous ne serions que ses esclaves. D’Ormesson disait qu’il n’existe pas de hasard. Il n’existe que « des rencontres accidentelles de nécessité » disait-il. C’est une autre vision d’un avenir déjà écrit. Il ne savait pas si ce mystérieux destin était le fruit d’un Dieu. Il croyait en son existence, et en doutait. Tour à tour. « Il disait DOUTER en Dieu ! ». Encore une de ses formules divines qui nous manqueront tant.

Johnny, même pour le non fan que je suis, fait pourtant partie de ma vie. Il fait partie de celle de tous les Français. Sa voix, les décennies traversées, ses chutes et ses rebonds ont constitué un marqueur parfois involontaire des ruptures du temps, des cultures et des époques. Mais il est la preuve que l’homme résiste au temps quand il devient le dieu de l’émotion. L’émotion résiste au temps. Elle est universelle, et Johny en était le symbole absolu. Il a réussi à durer bien plus longtemps que les icônes que le passé nous a déjà volé. Coluche. Piaf. Brel. Et tant d’autres.

Les yeux et la voix, l’appel aux sentiments, à la rage, à la dépression, à l’envie perdue, au bonheur retrouvé. Le chanteur abandonné ne l’a jamais été. Tout ce qu’il représente, comme Jean D’Ormesson, c’est ce regard bleu, resté espiègle et perçant pour l’un, tantôt abattu et mille fois réanimé, dévorant d’envie, pour l’autre. Ils font chacun appel à notre instinct, notre quête du beau et de la diversité, mais aussi au profond déséquilibre de l’homme, qui rêve, à chaque chute, de rebondir. Qui rêve et espère. Tout ce que la machine se refusera à faire.

A l’heure où certains parmi nous rêvent de soulager l’homme d’une partie de ces tâches, en le rabaissant à sa seule utilité fonctionnelle, je voulais rappeler ceci. L’homme sera toujours plus fort quand son imperfection créera le relief de la terre. Une terre plate et parfaite ne sera rien d’autre qu’une petite mort. Un purgatoire éternel, un temps suspendu, mais dans le vide. Sans émotion l’homme n’est plus. Il sera ennuyant de perfection.

Alors n’oublions pas ces 2 hommes. Leurs yeux bleus nous marquerons plus que les théories sur les océans bleus. Les yeux, ce portail vers l’humanité, nous marqueront plus que tout autre. Ils doivent nous rappeler à nous, entrepreneurs, qui connaissons si bien le sentiment « d’être abandonnés » parfois, qui devons inventer « l’envie d’avoir envie », toujours, qui cherchons cette « petite Marie » qui nous raccroche à la vie et voulons explorer le « cœur d’un homme », que la seule chose qui soit éternelle, c’est l’émotion que nous pouvons léguer, dispenser, semer. Pour que l’homme, reste un animal qui mérite son statut.

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