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Hollande-Macron : Règlement de comptes à OK-Elysée
©REUTERS/Philippe Wojazer

L'odeur du sang

Dans son dernier livre, l'ancien chef de l'État travaille son successeur au couteau. On attend avec espoir une réponse saignante du président de la République.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Si Hollande était un peu féru d'antiquité romaine, il aurait choisi comme titre : "Tu quoque Brutus". S'il avait un certain goût pour l'histoire plus récente, il aurait opté pour "Macron m'a tuer". Ni l'un ni l'autre. Le livre s'appelle Les leçons du pouvoir. Ce qui est assez plat.

Le contenu l'est beaucoup moins. On sent l'homme blessé, se vidant de son sang, meurtri à jamais. Et l'assassin, le traître, c'est Macron. Enfin, nous allons savoir tout le mal que l'actuel chef de l'État a fait à celui qui l'a précédé.

Pourtant, j'ai eu tort d'écrire : Hollande travaille Macron au couteau.  C'est malvenu. Ca fait Tontons flingueurs. Et c'est d'un vulgaire… Hollande, en homme raffiné, a choisi le stylet, la dague, le poignard. Et il s'en sert comme s'il avait fait ça toute sa vie.

Le stylet. À l'été 2015, le jeune ministre a pris de l'assurance et s'aventure sur un terrain plus politique. Dans un hebdomadaire, il affirme que la France vit dans une nostalgie implicite de la monarchie, que la disparition du roi a laissé une place vide au sommet de l'État. Je n'y vois pas de malice. Je ne crois pas que la France ait besoin d'une nouvelle monarchie, serait-elle élective. Je mets cette idée sur le compte de son goût pour les débats d'idées. Pourtant, rétrospectivement, cette dissertation éclaire bien la pratique du pouvoir qu'il met en avant depuis son élection.

La dague. Je l'exhorte à démentir au plus vite la rumeur (celle de sa candidature, NDLR). Sa réponse est nette : il n'y aurait que 'de la malveillance'. Et il ajoute dans son message : 'Mes soutiens diront demain que le 12 (juillet 2016) ne sert ni à démissionner ni à annoncer ma candidature. Grotesque. Bises'. Mais à la Mutualité, en présence d'une foule qui scande des 'Macron président!', il s'écrie: 'Plus rien n'arrêtera le mouvement de l'espoir. Nous le porterons ensemble jusqu'en 2017 et jusqu'à la victoire!' Le doute n'est plus permis, même s'il m'assure, imperturbable, qu'il n'a pas 'personnalisé' la victoire, laquelle pourrait donc être la mienne. Toujours cette façon de nier l'évidence avec un sourire.

Le poignard. Il m'annonce qu'il veut retrouver sa liberté. Je lui demande ce qu'il fera si je me déclare. Il entre dans un développement emberlificoté sur une 'offre politique' qui exprime bien plus la gêne que l'ambiguïté. Sa non-réponse en est une. Qu'a-t-il à perdre ? Je comprends ce jour-là qu'Emmanuel Macron ne s'inscrit pas dans l'histoire de la gauche, pas davantage dans celle de la social-démocratie, ni même dans une recomposition qui pourrait préfigurer une coalition progressiste. Il est à son compte. Il a créé une entreprise ; il entend la mener le plus loin possible.

On imagine une confrontation entre les deux hommes. Un duel comme dans les westerns. Avec les armes choisies par Hollande (c'est normal, il est l'aîné de Macron). Mais ça ne se passerait pas à l'Élysée. Revenir dans cette demeure qui fut la sienne remplirait Hollande d'une triste nostalgie qui lui enlèverait tous ses moyens. L'imposteur, l'usurpateur serait là chez lui, hautain et ricanant. Le Faubourg-Saint-Honoré ou une rue de Tulle seraient des endroits plus acceptables.

Que François Hollande ait envie de hacher menu Emmanuel Macron n'est pas un problème. Ce qui pose problème, c'est Hollande lui-même. Qui a fait de Macron un conseiller à l'Élysée ? Qui de ce conseiller a fait un ministre ? Qui l'a fait roi en renonçant à se présenter à l'élection présidentielle ?

On le voit bien : Macron, c'est le Brutus de Hollande. Mais Jules César avait eu, lui, le bon goût de mourir…

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