Hijab : la mode islamiste à l’assaut de la culture occidentale<!-- --> | Atlantico.fr
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Carine Azzopardi publie « Quand la peur gouverne tout » aux éditions Plon.
Carine Azzopardi publie « Quand la peur gouverne tout » aux éditions Plon.
©ALESSANDRO RAMPAZZO / AFP

Bonnes feuilles

Carine Azzopardi publie « Quand la peur gouverne tout » aux éditions Plon. Ce livre démontre pour la première fois comment wokisme et islamisme s'utilisent l'un l'autre pour faire avancer leur stratégie avec une même volonté : détruire les fondements de notre société démocratique. Extrait 2/2.

Carine Azzopardi

Carine Azzopardi

Carine Azzopardi est journaliste. Elle a publié Quand la peur gouverne tout (Plon, 2023), montrant comment l'islamisme et le wokisme se nourrissent l'un l'autre pour avancer leurs pions.

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Le courant fondamentaliste de l’islam a réussi à imposer le voilement des femmes comme «musulman », et non « islamiste ». Surtout, il a réussi, grâce à la complicité du mouvement antiraciste, à l’imposer en tant que signe inné, au même titre que la couleur de peau ou l’âge. Un signe symbole de tolérance et d’ouverture, une valorisation de la « différence » qu’il ne sera pas bon de critiquer, sous peine d’être projeté dans la case «raciste », comme si l’adhésion à un extrémisme religieux était inscrite dans les gènes, et représentative de l’ensemble des croyants. La frange intégriste de l’islam, minoritaire parmi les musulmans, réussit donc, peu à peu, à grignoter l’espace public en faisant apparaître le port du voile comme normal, et non comme l’étendard d’une idéologie politique qui se veut un « projet total visant à codifier et à normer les rapports sociaux ».

Et les marques occidentales embrayent, tout naturellement. Les enseignes grand public Gap et Décathlon ont mis en avant le hijab. Et « les collections spéciales ramadan sont devenues incontournables pour nombre de grandes maisons de luxe occidentales», explique l’Agence France-Presse. «Elles sont pour la plupart vendues uniquement dans les pays du Golfe et s’adressent aux femmes », relate l’AFP, qui interroge des clientes présentes à Paris au défilé de mode du 14 avril 2023. «Le style oriental est beau aussi, il n’y a pas que la mode occidentale », selon Feriale Faraj, la soixantaine, tête couverte d’un hijab coloré. Plus loin, Tamara, Russe aux cheveux blonds et jupe courte, dit « aimer porter des abayas » et se réjouit que «Dior cette année ait fait quelque chose de musulman, c’est très intéressant ». Pour Sofiane Si Merabet, fondateur de l’agence de marketing culturel Karta, basée à Dubaï, certaines marques s’engouffrent en mettant tous les clichés : la lune, le chameau, la femme dans le désert, les moucharabiehs… «On peut jouer avec les codes mais cela dépend vraiment comment c’est fait : ce qui est fondamental quand on parle de ramadan c’est l’authenticité, l’être-ensemble et non pas l’hyper-commercialisation. » On aurait juré l’inverse pourtant… Dans les centres commerciaux de Téhéran, au même moment, les mollahs sont en train d’installer des caméras de vidéosurveillance pour pouvoir ficher les femmes qui ne porteraient pas le voile. En Iran, plus de cinq cents personnes ont été tuées depuis le début des manifestations en septembre 2022, selon des estimations basses fournies par l’agence de presse Reuters. Le motif de la révolte est le rejet du port du voile par les Iraniennes, un simple «vêtement» qui fait trembler la dictature des mollahs. Il faut croire que l’accessoire de mode des collections printemps-été parisiennes n’est pas encore apprécié à sa juste valeur à Téhéran.

Pendant ce temps, le logo géant des mollahs et autres patriarches dominants trône dans la vitrine d’Adidas, sur les Champs-Élysées, à côté de celui d’un athlète transgenre. Car le prosélytisme doit aussi s’exercer sur les terrains de sport, là où les caméras seront braquées. Les «hijabeuses » d’Alliance citoyenne militent ainsi pour la « diversité » dans le football. Depuis 2020, elles défendent le droit des joueuses à porter le voile lors des compétitions officielles en France. «Ce que nous voulons, explique Founé Diawara, la présidente des hijabeuses, au New York Times, c’est être acceptées telles que nous sommes, mettre en œuvre ces grands slogans de diversité, d’inclusion. » Et si cette revendication rencontre des résistances, les hijabeuses préféreront ne pas retirer leur voile plutôt que jouer au football, dénonçant des « préjugés racistes et une confusion politique délibérément entretenue ». En 2021, les hijabeuses ont déposé un dossier à la Fédération française de football pour faire changer la réglementation. Elles iront même jusqu’à saisir le Conseil d’État, soutenues par la Ligue des droits de l’homme. Tout cela, pour obtenir la liberté de porter un simple « accessoire de mode ». Les droits de l’homme n’incluent sans doute plus ceux de la femme pour la LDH… En face, l’avocat du Conseil d’État, Frédéric Thiriez, a au contraire opposé très justement l’argument d’égalité homme-femme et de la dignité de la femme au hijab dans le foot.

La signification que les mouvements antiracistes wokes et islamistes veulent donner à cette lutte, c’est que « l’islam n’est pas une religion choisie mais innée, au même titre que la couleur de peau», avance l’essayiste Naëm Bestandji. Par ailleurs, ces militants nous disent ainsi accessoirement que sa frange extrémiste est représentative de tous les musulmans. «Les islamistes rêvaient de faire du voile un simple attribut physique, explique encore Naëm Bestandji, les intersectionnels l’ont fait.» Et de rappeler cette histoire oubliée : dans les années 1990, en Algérie, Katia Bengana et Amel Zenoune Zouani, dix-sept et vingt-deux ans, avaient été l’une criblée de balles, l’autre égorgée, parce qu’elles avaient refusé de porter, en signe d’insoumission, ce symbole du FIS et du GIA . Qui s’en souvient? Vingt-cinq ans plus tard, on vante le «courage» de ces «hijabeuses»…

Extrait du livre de Carine Azzopardi, « Quand la peur gouverne tout », publié aux éditions Plon

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