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Heureux d'être débarrassé du bac philo ? Pas si vite, voilà pourquoi la philosophie vous servira toute la vie
©Reuters

Gnothi seauton

La philosophie peut vous aider à vivre une belle existence, mais aussi (et surtout ?) à bien gagner votre vie.

A quoi sert la philosophie ? Ça pourrait être une question du Bac philo. On pourrait commencer par remettre en question les prémisses de la question : après tout, pour Platon, la Vérité est une fin en soi, que l'homme recherche pour elle-même.

Les philosophes pragmatiques comme Richard Rorty pourraient répliquer que la Vérité ne met pas de beurre dans les épinards… Ou pas ?

Si on aborde la question de manière beaucoup plus crasse, on peut se rendre compte que la philosophie peut aider dans toute la vie, y compris à gagner des espèces sonnantes et trébuchantes.

On trouve de nombreux diplômés de philosophie qui ont eu des parcours atypiques, comme Michel Leeb ou Michel Field, mais également Denis Kessler, PDG du groupe Scor, grande multinationale de la ré-assurance, qui revendique l'utilité de ses études philosophiques pour son métier de chef d'entreprise.

La valeur de la philosophie dans l'entreprise

Pour Sir Roger Scruton, philosophe anglais reconnu, la philosophie permet d'aborder et de comprendre les aspects humains de la vie en entreprise. Est-ce qu'une entreprise existe uniquement pour maximiser les profits ? Une entreprise qui n'a aucun intérêt pour l'aspect humain des affaires périclitera souvent bien vite… Scruton prend l'exemple de l'architecture : est-ce que la seule fonction de l'architecte est de maximiser l'espace et d'utiliser les matériaux de la manière la plus efficace possible ? Non, elle est plus large, et c'est pareil pour l'entrepreneur.

Stewart Butterfield, fondateur de Flickr, rachetée par Yahoo, et aujourd'hui de Slack, entreprise de messagerie en entreprise valorisée à plusieurs milliards de dollars, qui a un master en philosophie, est d'accord : "Si vous avez une bonne base de compréhension de ce que ça signifie que d'être humain, une compréhension de la vie, de la culture et de la société, ça vous donne un bon point de vue sur le monde des affaires. […] On peut toujours apprendre sur le tas à lire un bilan et à calculer un compte de résultat, mais ces autres choses sont plus difficiles à apprendre sur le tas", a-t-il expliqué aux étudiants de l'University of Victoria, son alma mater, en 2008. "J'ai appris à écrire vraiment clairement. Et j'ai appris à suivre un raisonnement jusqu'au bout, ce qui est absolument sans prix", a-t-il expliqué à Forbes.

Un autre exemple est Reid Hoffman, fondateur de LinkedIn, récemment racheté par Microsoft pour 26 milliards de dollars. Il a poussé l'étude de la philosophie jusqu'au 3ème cycle, puis a décidé d'aller en entreprise pour avoir plus d'impact sur le monde, a-t-il déclaré à Wired.

Les humanités, de plus en plus valorisées pour l'innovation

Aux Etats-Unis, de plus en plus d'entreprises à la pointe de l'innovation cherchent des diplômés en "humanités" - philosophie, littérature, etc -. Statistiquement, il y a plus de diplômés en humanités qui travaillent à la Silicon Valley que d'ingénieurs qui travaillent en vente, en marketing, en formation, en conseil, en business development et en gestion de produit, rapporte George Anders de Forbes.

Dans leur livre La Deuxième ère de la machine, Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee, professeurs au MIT, assurent que l'ère de l'intelligence artificielle et des robots rendra la créativité - cette spécificité humaine - d'autant plus importante dans le marché du travail.

Selon une étude de PayScale, une entreprise de conseil en rémunération, fondée sur une étude de 1,4 millions de profils professionnels dans les humanités, la philosophie est le champ d'étude qui rapporte le plus - et surtout, ce bonus de rémunération se retrouve tout au long de la carrière.

"Ce qu'on entend sans arrêt, c'est que les employeurs veulent avant tout recruter des gens qui puissent résoudre des problèmes de manière créative, et puissent gérer l'ambiguïté, et il n'y a pas d'autre diplôme qui donne tant ces compétences que la philosophie. […] On voit beaucoup de cadres dirigeants - des PDG, des dirigeants de la stratégie - qui ont fait des études de philosophie", a expliqué Lydia Frank, directeur de PayScale.

Steve Jobs lui-même le revendiquait, expliquant avant sa mort que la spécificité d'Apple était justement d'être "au croisement des humanités et de la technologie".

Alors, ça méritait bien de réviser pour son bac, non ? 

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