Hervé Morin : “l’UDI doit être le fer de lance d’une majorité alternative à l’UMP et au PS !”<!-- --> | Atlantico.fr
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Hervé Morin brigue la présidence de l'UDI
Hervé Morin brigue la présidence de l'UDI
©Reuters

Quel destin ?

Confiant dans ses capacités à diriger l'UDI, dont on connaîtra le nouveau chef le 13 novembre prochain, l'ancien ministre de la Défense estime qu'il est essentiel pour le centre d'assumer sa ligne libérale et de s'approprier les thèmes de l'autorité et de l'immigration.

Hervé Morin

Hervé Morin

Hervé Morin est président du conseil régional de Normandie. Ancien Ministre de la Défense (2007-2010), il a souhaité être candidat à l'élection présidentielle de 2012 avant de se rallier à Nicolas Sarkozy. 

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Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Anita Hausser : Quatre candidats sont en lice pour succéder à Jean-Louis Borloo à la tête de l’UDI : Jean-Christophe Lagarde, député UDI de Drancy, Yves Jégo, député maire de Montereau, Jean-Christophe Fromantin, député maire de Neuilly, et vous-même, député de l’Eure, maire d’Epaignes. Les résultats définitifs seront connus le 13 novembre, deux jours avant le congrès de l’UDI.Vous faites aujourd’hui figure de favori…

Hervé Morin : Il est vrai que je suis soutenu par de très nombreuses figures de la famille centriste et je crois que sui prêt pour le job. J’ai exercé d’importantes fonctions gouvernementales comme ministre de la Défense, j’ai présidé le groupe UDF à l’Assemblée, je suis président de parti. L’UDI  est une Maison où il va falloir continuer à rassembler comme le faisait Jean-Louis (Borloo). J’ai montré que j’étais capable de résister en refusant d’entrer à l’UMP ou en sortant du gouvernement quand je n’étais plus d’accord avec Nicolas Sarkozy.

L’UDI va-t-elle résister au départ de Jean-Louis Borloo ?  

Cette élection est un grand moment de cohésion et d’homogénéisation du parti. Quand vous avez 300 réunions organisées par les différents candidats dans toute la France pendant un mois et demi, et que les militants viennent plutôt nombreux à ces réunions, c’est le signe qu’ils tiennent à leur parti. Le ciment, c’est cela. Je veux maintenant que ce ciment se concrétise par la construction d’une famille. J’ai connu deux familles dans ma vie : la bande à Léo et les bédouins de Bayrou. Dans les deux cas de figure, on avait su créer une équipe, un collectif, des ambitions individuelles au service d’une ambition collective. Nous avions une vraie complicité, une connivence, de la gaité, et de l’optimisme, qui ont montré que l’on pouvait faire de la politique autrement que par les haines cuites et recuites que l’on constate tous les jours à l’UMP et au PS. La construction d’une famille, ce doit être l’un des traits de caractère de l’UDI ; on voit bien que pour les militants désormais la famille existe !

En dépit des chapelles qui la composent ?

C’est un faux sujet ! Tout le monde a bien conscience que seule l’UDI permet d’aller au combat électoral avec suffisamment de poids pour remporter une élection et cela prime sur le reste.

Vous avez gagné des villes aux dernières municipales et de nouveaux élus au Sénat. Qu’est-ce qui fait l’attrait de l’UDI aujourd’hui ?

Le discours de modernité : notre capacité à dire que ce n’est pas dans le repli sur soi que la France sera capable de retrouver sa place, au contraire ! Dans un monde global, il faut être suffisamment musclé pour considérer que  c’est une chance extraordinaire (pour nous), que trois milliards de terriens vont accéder au même niveau de pouvoir d’achat que les Français dans les vingt prochaines années ; par ailleurs les électeurs nous entendent quand nous disons que la démocratie française est malade parce qu’elle est faite d’impuissance et de défiance et qu’il est temps de la réformer en profondeur. Et puis, je crois que les Français apprécient ce que je qualifierai de comportement de bienveillance.

En parlant de bienveillance, vous prenez délibérément le contrepied du Front National, mais aussi de l’UMP qui parle surtout de fermeté.

Pendant ma campagne je disais trois choses aux militants :

Il faut une politique résolument  tournée en faveur de la création de richesses et de valeurs ; il faut faire en sorte  que les investisseurs retrouvent confiance et reviennent investir en France, grâce à une politique fiscale très favorable à l’investissement dans l’entreprise. Il faut assouplir le marché du travail, augmenter la durée du travail et baisser les cotisations salariales pour améliorer le pouvoir d’achat, bref une politique libérale.

Il faut que l’on réécrive la page Justice dans notre pays, parce que le contrat social de la République française c’est la Liberté, mais c’est aussi l’Egalité et je voudrais que nous soyons ceux qui réécrirons cette page Egalité de la République. Et cela commence par la mise en œuvre de politiques correctrices favorisant l’égalité des chances. Le pacte républicain commence à l’école ; or, on n’a jamais eu une école aussi inégalitaire, qui de surcroît se dégrade de plus en plus pour le plus grand nombre. Pour schématiser : "Dis moi ce que font tes parents, je te dirai ce que tu vas faire comme études". Sur la formation professionnelle, par exemple, quand vous êtes ouvrier, ou employé, et que vous voulez changer de métier, vous ne trouvez pas 100 balles pour vous accompagner ; si vous êtes cadres, vous n’aurez  aucun problème.

Et puis, il faut que nous les Centristes allions sur un champ que l’on n’abordait  pas chez nous, ce sont les questions d’autorité et d’immigration.

Chez les centristes on jetait un voile de pudeur sur ces deux sujets tabous ; aujourd’hui il faut que nous traitions ces sujets-là, non pas pour courir derrière le Front National, nous ne sommes ni xénophobes ni racistes, mais il nous faut dire un certain nombre de choses avec force. Nous sommes d’autant plus capables d’être entendus sur ces sujets que l’acceptation de la différence est culturelle chez les centristes. On a le droit de pouvoir dire que la République doit être d’une fermeté absolue sur les atteintes aux grands principes républicains, tels que la laïcité ou l’égalité entre les hommes et les femmes, parce qu’elle aura été irréprochable sur les grandes politiques qui fondent le pacte républicain, comme l’Ecole.

Que répondez-vous à  Nicolas Sarkozy  quand il dit qu’il veut fusionner  l’UMP et le Centre ?

Je lui dis qu’il se trompe. Ma méthode est exactement l’inverse : je veux construire une majorité d’idées, comme dans toutes les démocraties  européennes. Je veux une majorité d’idées alternative à l’UMP et au PS. Pour cela je veux mettre autour de la table des hommes et des femmes ayant plus de points communs que de divergences. En clair, je veux éviter le match retour de 2012 et l’UDI doit être le fer de lance de cette construction.

Que reprochez-vous précisément au "match" ?

Quand vous vous adressez à un chef d’entreprise il vous dit : pourquoi ce que vous préconisez aujourd’hui n’a-t-il  pas été fait en 2007 ? Il va falloir y répondre. Par ailleurs, j’ai souvent déploré un comportement mélangeant brutalité et concentration du pouvoir excessive dans les mains d’un homme et d’une cour.

Je compte bien faire de l’UDI le fer de lance et la force motrice de cette majorité d’idées où on va d’abord construire un projet politique avec un socle populaire le plus large possible avant de se préoccuper de savoir qui est candidat.

Mais vous, risquez de vous faire doubler dans votre démarche ?

Moi, je vais proposer aux centristes de l’UMP, aux Juppé, Fillon et Bayrou, aux socio démocrates déçus du PS (n’oubliez pas que les rocardiens avaient fait campagne avec nous en 2007), aux écolos responsables, à la société civile, de construire cette majorité d’idées. Après le projet, il sera temps de choisir le candidat. A l’issue de ce travail il y aura peut être alors un candidat à la présidentielle qui aura tellement d’avance dans l’opinion que la primaire deviendra inutile ; sinon il faudra trouver une solution de départage. Je n’oublie pas que ce sont les Français qui en 2007 ont imposé Ségolène Royal en 2007 aux éléphants du PS et Nicolas Sarkozy au clan Chirac-Villepin.

Mais la situation a évolué depuis !

Non pas franchement ; la démocratie d’opinion est toujours aussi puissante.

Avez-vous déjà tenté des approches ?

Mon petit doigt et mon intuition me disent que c’est possible…

Une primaire ouverte ne serait-elle pas un progrès de la démocratie ?

Je me méfie des primaires ouvertes qui deviennent la mobilisation des militants ! On a le temps de voir tout cela !

 Quelle réflexion vous inspire l’abandon de l’écotaxe par le gouvernement ?

Faute du moindre socle populaire, de la moindre confiance, le gouvernement est dans l’incapacité de faire mouvement sur quoi que ce soit ! L’écotaxe est le symbole de cette paralysie du gouvernement. Ils ont peur, ils gouvernent en tremblant !

Peut-on trembler pendant deux ans ?

Toute la question est là. Pour ma part, je ne le pense pas… !

Le sujet vous intéresse ?

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