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Hausse des cancers de la bouche et de la gorge chez les hommes : ce que cela révèle de l’évolution de nos pratiques sexuelles
©Reuters

Gloups

L'augmentation des pratiques sexuelles orales au cours des dernières décennies, qui a conduit à une plus grande transmission du papillomavirus, explique la hausse des cancers de la sphère ORL.

Christian  Debry

Christian Debry

Pr Christian Debry, service ORL et de chirurgie cervico-faciale, hôpitaux universitaires de Strasbourg. 

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Atlantico : Aux Etats-Unis, une hausse des cancers de la sphère ORL (notamment les cancers de la langue et de la gorge) a été constatée chez les hommes. Elle serait liée à une évolution des pratiques sexuelles et à une plus grande exposition au papillomavirus. Pouvez-vous nous expliquer les facteurs entraînant cette hausse des cancers chez les hommes ? Un phénomène similaire est-il observable en France ?

Christian Debry : Le papillomavirus (Human papillomavirus, dit HPV) se transmet principalement par voie sexuelle. Sa présence au niveau de la gorge s'explique par des pratiques sexuelles orales (fellation et cunnilingus). Le lien avec le cancer a toujours existé, ce virus étant très fréquent, mais sa responsabilité réelle n’a été que récemment démontrée en multipliant très fortement le risque de déclencher la maladie. Le tabagisme et l’alcoolisme amplifient par contre de manière moindre le risque. Le mécanisme est une réplication de l’ADN viral dans le noyau des cellules et la production d’ARN qui va entraîner une synthèse de protéines empêchant la mort cellulaire et favoriser la division des cellules tumorales, mais sans atteinte du gène de l’individu, contrairement aux autres facteurs de cancer de l'oropharynx (alcool, tabac) qui sans papillomavirus entraînent une dégradation du gène (mutation et délétion chromosomique). Les deux risques peuvent aussi être présents.

Des études épidémiologiques récentes ont montré qu'en France, les cancers de la sphère ORL pour lesquels le papillomavirus a été diagnostiqué représentent un tiers de ceux-ci. Aux Etats-Unis, leur part monte à 50%. Toutefois, il existe un biais probable, car l’alcoolo-tabagisme est dans ce pays en forte régression, pouvant expliquer ces décalages qui, à terme, s’équilibreront entre les deux continents. 

Quelles sont les pratiques sexuelles les plus "à risque" ?

Ce sont les pratiques orales, qui ont fortement augmenté ces dernières décennies. Il faut cependant relativiser car seule une minorité de personnes pourrait développer un cancer, des prédispositions génétiques étant nécessaires pour que le virus déclenche la maladie. Il faut prendre pour exemple le cancer du col, ou seule une minorité des femmes qui ont contracté précocement le virus développeront ce cancer.

Quelles sont les précautions à prendre ?

Il faut être attentif, mais certainement pas alarmiste. Le seul moyen de prévention reste le préservatif (uniquement pour les fellations donc), protection par ailleurs peu utilisée à l’heure actuelle. Il reste aussi à démontrer si le vaccin contre le cancer du col pourrait trouver des applications dans la prévention des cancers de la gorge liés au papillomavirus.

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