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Libye, Côte d’Ivoire : 
combien coûte la guerre ?
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Défense

Si l’intervention en Côte d’Ivoire n’engage pas de dépenses supplémentaires par rapport au budget prévisionnel de la Défense, il n’en est pas de même en Libye. Jean-Michel Fourgous est le rapporteur du budget de la Défense à l'Assemblée nationale.

Jean-Michel  Fourgous

Jean-Michel Fourgous

Député-maire d'Elancourt, il est également le fondateur d'un groupe de cent députés : Génération Entreprise.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont  L'élite incompétente : comment les haut fonctionnaires mènent la France à la faillite.

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Atlantico : L’armée française est engagée sur plusieurs théâtres d’opération à l’étranger (OPEX) comme en Libye, ou en Côte d’Ivoire. Quel coût cela représente-t-il pour le budget de la Défense ?

Jean-Michel Fourgous : Pour l’instant, en Côte d’Ivoire, il n’y a pas de véritables coûts supplémentaires par rapport au budget prévisionnel. La Force Licorne revient à 65 millions d’euros par an, budget qui est pris sur celui des OPEX (Opérations Extérieures), soit 850 millions en 2010 et 900  millions en 2011.  Nous avons 1750 soldats sur place, dont certains viennent du Gabon et des pays africains voisins. Donc l’opération militaire française en Côte d’Ivoire ne représente pas une grosse dépense supplémentaire, vu qu’il n’y a pas d’utilisation d’avions de chasse - coûteux - mais seulement quelques hélicoptères et des troupes au sol.

Pour la Libye, c’est évidemment une intervention plus onéreuse. Ce qui nous coûte cher, c’est notre groupe aéronaval, le porte-avion Charles-de-Gaulle et son escorte. L’heure d’avion revient au minimum à 10 000 euros. Et il faut ajouter également l’amortissement, ou distinguer l’emploi de tel appareil par rapport à un autre, qui n’a pas le même coût de revient.

Si la France continue plus durablement à intervenir en Libye, il ne faut toutefois pas exclure de devoir faire une modification rectificative du budget de la Défense. Pour l’instant, nous ne sommes pas hors normes par rapport au budget prévisionnel de nos armées en opérations extérieures.

Dans ce contexte de guerre, l’utilisation de missiles, avions ou armes, en grande partie construits par des entreprises françaises, ne sert-elle pas également à séduire de nouveaux clients, parfois voisins de la Libye ?

Dans une période d’intervention militaire, il y a des règles de secret immédiatement applicables, et les industriels sont exclus du dispositif. Certes, il est vrai que l’information a porté sur l’utilisation de certains équipements et sur leurs performances, mais ce ne sont pas les industriels qui communiquent sur ces éléments. Par ailleurs, que des journalistes spécialisés défense, qui connaissent parfaitement bien leur sujet, écrivent des papiers en donnant les références et les performances d’un matériel militaire, c’est tout à fait normal, ils font leur travail.

Le Parlement a-t-il un rôle à jouer pour maîtriser le coût des dépenses militaires ?

Il y a saisine du Parlement lorsqu’il y a guerre d’État à État, conformément à l’article 35 de la Constitution. Or, les interventions actuelles menées en Libye et en Côte d’Ivoire sont faites sous mandat de l’ONU. Cependant, il est vrai que les parlementaires pourraient demander un débat. Il serait même possible de demander un vote, mais, a priori, compte tenu des sommes engagées, une telle issue ne me paraît pas légitime. J’ai été très choqué par les interventions de plusieurs anciennes gloires politiques françaises, comme Roland Dumas, qui sont intervenues en faveur de Laurent Gbagbo.

Roland Dumas est quand même l’ancien président du Conseil Constitutionnel, première instance morale en France, gardienne de la loi et de la morale ! Aller défendre un candidat à une élection présidentielle, qui méprise le processus de la démocratie, puis bloque le processus électoral pendant cinq ans, qui a fait tirer sur nos soldats en novembre 2004 et qui après l’élection, conteste le résultat du vote et se maintient au pouvoir, c’est très choquant ! Surtout quand on connaît les méthodes de Gbagbo pour s’attacher des services…

Il est également très préoccupant de voir le président du groupe socialiste, Jean-Marc Ayrault, ou encore le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, critiquer l’intervention des militaires français et remettre en cause leurs conditions d’intervention, alors même qu’ils sont sous mandat de l’ONU, et qu’ils ont évité à des milliers de personnes de mourir ! Nos soldats ont risqué doublement leur vie : pour la démocratie en Côte d’Ivoire et pour la France. Ils ont évité un bain de sang plus important encore qui se serait sans doute produit sans l’intervention de la force Licorne.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Giraud

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