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Grande braderie ! Cherche entreprises étrangères pour racheter Grèce, état usagé, prix à débattre
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Au bon coin

L’heure de vérité approche pour la Grèce. Si le risque de faillite menace faute d’accord avec les créanciers privés, les investisseurs étrangers se ruent déjà pour investir ou racheter de nombreuses entreprises publiques. La grande braderie est désormais lancée !

Joëlle Dalègre

Joëlle Dalègre

Joëlle Dalègre est maître de conférences à l'INALCO, spécilisée en civilisation de la Grèce. Elle est notamment l'auteur de La Grèce inconnue d'aujourd'hui, de l'autre côté du miroir, l'Harmattan 2011, 252p. En collaboration avec 4 doctorants ou docteurs de la section grecque de l'INALCO.

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La Grèce n'est pas à vendre ! C'est ce que proclamait une banderole devant le Parlement grec, sur la place de la constitution en mai 2010.

Reprise en mains des secteurs stratégiques par les gouvernements, politique volontariste pour créer de nouveaux secteurs industriels, nationalisations et prise en charge d'entreprises en faillite... En 1997, le secteur appartenant à l'État produit en Grèce 60% du PIB, 60% de la production industrielle et occupe près de 20% des actifs.

C'est alors que le gouvernement dans sa course à l'euro, comprend que la privatisation, au moins partielle des entreprises publiques est indispensable. Quand au début de l'année 2000 les ministres européens décident d'accepter la Grèce dans l'euro, tout en se félicitant des efforts accomplis, ils demandent néanmoins « la poursuite plus soutenue des privatisations pour alléger un secteur public peu performant, la libéralisation des marchés de l'électricité, de l'énergie et des transports, la réorganisation des caisses d'assurance-maladie, de retraites et la réalisation de profondes réformes structurelles ». C'est ce que vont exiger les différents plans « de sauvetage » de la Grèce depuis 2010.

En 2010, la Troïka fixe à 7 milliards d'euros le montant des privatisations à atteindre dans l'année, au printemps 2011 la somme passe à 50 milliards d'euros à trouver d'ici 2015, en janvier 2012, revenus à plus de réalisme, les Européens fixent des buts plus limités : 4,5 millions d'euros d'ici juin 2012, 7,5 millions d'ici la fin 2013, 15 millions à la fin 2015.

Vendre tout ou partie de quoi ?

Parmi les entreprises en difficultés, il y eût : 

  • Les chantiers navals de Syros, Skaramanga et Elefsina, les Olympic Airways, feuilleton célèbre d'une dizaine d'années jusqu'à ce que la compagnie, divisée et démembrée puisse trouver acheteurs (4 airbus restent encore à vendre) ;

  • Des banques... La Banque de Crète, la Banque de Macédoine et Thrace, la Banque de Grèce centrale, maintenant la Banque Postale, le Mont de Piété ;

  • Énergie et des mines... Compagnie d'électricité, compagnie du gaz naturel, société d’exploitation du nickel, unités de production de lignites, gisement de gaz naturel et mines d'or de Macédoine ;

  • Services publics... Les compagnies des eaux d'Athènes et de Salonique, Télécom, poste, la compagnie ferroviaire (elle aussi divisée), concessions d'autoroutes ou des grands ponts, extension du métro d'Athènes ;

  • Concession de droits de gestion sur tous les aéroports du pays, les ports du Pirée, de Salonique et d'Héraklion, certaines marinas, la Société de la Foire de Thessalonique, la société nationale des parcs d’exposition ;

  • La Société des jeux, les casinos, fréquences radio ;

  • Société immobilière d'État dont il faut déjà établir la liste exacte, la Société des sites olympiques, la chaîne publique d’hôtels XENIA et les nombreux sites possédés par l'Office du Tourisme concédés en plages privées ;

Au total, plus de 2 000 entreprises publiques vont ouvrir leur capital aux investisseurs privés, avec comme conséquence le licenciement de plus de 50 000 salariés en CDI et une augmentation des tarifs. L'accumulation des mesures provoquera un tollé d'autant plus que les journaux allemands, en manière de provocation, proposaient en juillet 2010 de vendre quelques-unes des 2 000 îles grecques désertes ou même le Parthénon !

Qui achète ?

Depuis deux ans, l'État, les fonctionnaires traînent les pieds, et la bureaucratie ralentit à plaisir la procédure. Par ailleurs, les acheteurs ne se pressent guère, attendant la baisse des prix.

Ce n'est plus une privatisation, mais une braderie. Les candidats au rachat sont le plus souvent des entreprises allemandes, hollandaises ou françaises (Vinci), rarement des consortiums grecs et souvent, le Qatar et la Chine. La Cosco Pacific ltd, a obtenu la concession de 2 terminaux au Pirée et veut en faire sa porte principale vers l'Europe, un nouveau Singapour ou Rotterdam, disait-elle.  De nouveaux investissements chinois sont prévus, dans les télécommunications, l'audiovisuel,  le tourisme et toujours au port du Pirée.Le Qatar investit dans les mines d'or, dans la nouvelle banque 1ère banque grecque, les terrains de l'ex-aéroport d'Hellinikon, des investissements immobiliers.

Cette mise en vente du pays va de pair avec un recul vertigineux des acquis sociaux :  baisse des retraites puis des retraites complémentaires, recul des services médicaux, suppression de classes ou même d'écoles dans les montagnes (70% du pays) du transport scolaire (l'État n'ayant pas payé les compagnies depuis longtemps), suppression des conventions collectives, baisse du salaire minimum à 440 euros/net par mois, baisse des salaires de 25 à 40% depuis deux ans au nom de la concurrence dont on vient de voir les effets sur Air Méditerranée.

Recette applicable à tous les Européens pour faire concurrence aux salaires moldaves ou chinois ?

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