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Grand meeting au Zénith : Nicolas Sarkozy mise sur le déclassement de la France pour sauver sa campagne
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Dernière chance ?

Quelques semaines à peine après les relents de l'affaire Bygmalion et la sortie du livre à charge de Patrick Buisson, Nicolas Sarkozy a tenu ce dimanche un grand meeting de campagne à Paris dans le cadre de la primaire de la droite, dont le thème central était le déclassement. Avec l'espoir de remonter dans les sondages face à Alain Juppé, toujours en tête.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Devancé par Alain Juppé dans les sondages des primaires , Nicolas Sarkozy  a lancé l'offensive de la dernière chance, avec la mobilisation générale de ses partisans . Le meeting du Zénith à Paris tombait opportunément pour tester sa capacité de réunir plusieurs milliers de personnes avec des moyens plus "light" que ceux d'une campagne officielle. Cette réunion marquait aussi un virage dans la thématique abordée : une nouvelle phase, axée sur le "déclassement", la défense des classes moyennes déclassées qui présente des similitudes avec celle de 2012. C'était  aussi l'occasion de voir se mesurer  pour la première fois sur scène les "numéros Deux" qui en l'occurrence sont trois : Laurent Wauquiez, le président par intérim du parti Les Républicains, Gérald Darmanin, le vice président de la région Hauts de France, coordinateur de la campagne, nouveau venu, et François Baroin, la précieuse "prise" chiraquienne, pressenti pour Matignon si Nicolas Sarkozy redevenait président de la République. Enfin, si tout ce qui se passe comme prévu, ce qui n'est pas toujours écrit en politique.

A lire également sur notre site : "Attention bombe politique : cette France pétrifiée par la crainte (et la réalité...) du déclassement "

L'ancien président qui aspire à le redevenir a donc fait salle comble, montrant que le prétendant à l'investiture de la droite conserve une forte capacité de mobilisation .Il  avait d'ailleurs réservé une petite surprise à ses partisans avec un discours introductif de l'ancienne otage franco-colombienne Ingrid Betancourt venue longuement  remercier celui qui l'a tirée des geôles des  FARC :"mon sort tenait à la détermination de Nicolas Sarkozy ...il est un des leader du monde...cet hommes est digne d'être le président de la France ",a-t-elle déclaré. Sur fond de cris de "Hollande en Corrèze, Sarkozy à l'Elysée", scandés par une partie du public ,le  candidat à l'investiture a lui aussi versé dans une forme de lyrisme  en décrivant la noirceur de la situation de la France ,"une nation qui assiste sans réagir au délitement du projet européen". S'en suit une longue énumération du déclassement : "C'est ce que ressentent tant de professions qui ont perdu la place et la reconnaissance qu'ils avaient": enseignants, médecins ,jeunesse " deux fois plus au chômage que les Britanniques, trois fois plus que les Allemands" et " ces millions de travailleurs ,qui ont vu, médusés, le mépris avec lequel le pouvoir leur a confisqué les heures supplémentaires...Ce sont ces familles qui entendent les beaux esprits deviser sur la légalisation du cannabis alors qu'elles subissent, au quotidien, les ravages du trafic du trafic de drogue ". Nicolas Sarkozy veut être leur porte parole et pas celui "d'une élite pour qui va bien. Cette élite, si puissante dans la sphère administrative et médiatique, et si minoritaire dans le pays", une élite qu'il décrit ,allez savoir pourquoi!  comme ceux qui vont " acheter des oeufs frais avec un panier en osier ".(Mais qui vise-t-il ?). Il invoque de Gaulle pour invectiver les  " juristes, les spécialistes , l'Etat de droit, le Conseil d'Etat", avec l'interjection "manquait plus que lui " à l'intention de  la plus haute autorité administrative de la République . Forcément, c'est  ce même Conseil qui  a annulé les arrêtés anti-burkinis pris par les municipalités au courant de l'été. Un  haro sur la "bien pensance" , sur la gauche la gauche  un cynisme au visage souriant , et le populisme au visage mondain, et l' occasion de lancer cette adresse au Président de la République " François Hollande qu'avez vous fait  de la République Française ?"

En attendant de soigner ces maux , (-qui ne sont pas nés après sa présidence, mais qu'il avait sans doute sous estimés en son temps), Nicolas Sarkozy veut " dire la vérité, la France est trop malade pour qu’on la soigne à doses homéopathiques". Il promet " une allocation sociale unique qui ne pourra jamais être supérieure à 75% du SMIC, pas de hausse de la TVA (-comme le propose Alain Juppé ),une baisse des dépenses publiques de 100milliards  qui financera  la diminution des impôts  sur le revenu de 10%, la fin des charges pour les emplois à domicile, et l'exonération des droits de succession jusqu'à 400.000 euros par enfant", sans oublier le rétablissement de l'autorité , un service militaire obligatoire pour les décrocheurs scolaires, et la reconstruction de l'Ecole de la République" . Et Nicolas Sarkozy est revenu sur sa volonté de faire voter les Français par référendum, le même jour que le deuxième tour des élections législatives le 18 juin 2017, sur  le regroupement familial qu'il veut suspendre , et sur l'autorisation de placer les fichés S en rétention administrative .Cette longue énumération lui a permis d'effectuer une pirouette acrobatique  propos de son expression malencontreuse selon laquelle pour "tous les  Français , nos ancêtres sont les Gaulois"; cela lui avait  valu de vives réactions dans tout le pays mais surtout dans les DOM-TOM. Hier il a expliqué que nos "ancêtres les gaulois vont jusqu'à Aimé Césaire"..ces Gaulois sont devenus très divers puisqu'il y inclut  le poète martiniquais Aimé Césaire.  

On l'a compris Nicolas Sarkozy se veut le candidat le plus radical, celui qui veut refonder face à celui qui voudrait seulement réformer , Alain Juppé. Avec ce programme  il veut inciter le maximum d'électeurs de droite à aller voter à la primaire les 20 et 27 novembre prochains. Car c'est de la composition du  corps électoral que dépendra le résultat et s'il a fini par se résoudre à parler de la primaire de la droite et du centre, il récuse la primaire de la droite, du centre et de la gauche .Le problème, c'est qu'il s'agit d'une primaire ouverte et qu'il sera difficile pour le perdant d'en contester les résultats si elle se déroule dans les règles définies par la Charte adoptée à l'unanimité et ratifiée par le Congrès du Parti.

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