Et si les gisements d’emplois se trouvaient encore dans les "vieilles industries", plus que dans le numérique ou le high tech...? <!-- --> | Atlantico.fr
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L’extraction des ressources ou l'industrie automobile restent d'importants secteurs de croissance aux Etats-Unis.
L’extraction des ressources ou l'industrie automobile restent d'importants secteurs de croissance aux Etats-Unis.
©Reuters

Eureka !

La baisse du nombre de chômeurs pourrait passer par les solutions les plus simples, des stimuli financiers pour les vieilles industries, et non pas par les plus "visionnaires".

Les nouvelles technologies, Eldoraro des chômeurs ? Pas vraiment, non. Les entreprises de la net économie comme Facebook, Twitter embauchent pourtant à tour de bras.  Mais beaucoup restent sur le côté, notamment les personnes qui n’ont pas su prendre le virage de cette nouvelle industrie, et restent coincées dans les vieilles technologies, les vieilles industries. C’est que les formations coûtent cher, et prennent du temps. Le président américain Barack Obama a tant bien que mal essayé de changer cela, notamment en appelant l’industrie IT à former et employer les vétérans de guerre ainsi que leurs femmes. Cette population est en effet particulièrement fragilisée. Le taux de chômage des anciens combattants post-11 septembre atteint par exemple 13,3%. Plusieurs entreprises ont répondu présentes à l’appel du président. Microsoft, Siemens, AT&T ou encore Hewlett-Packard, et quelques autres ont donc assuré qu’elles participeraient au recrutement et à la formation d’ici à 2013 de 100 000 vétérans ou de leurs épouses actuellement sans emploi. Bien évidemment, ce geste patriotique est récompensé par une incitation fiscale. Mais si ce n'était pas la bonne solution ?

Cet appel ne reste en effet qu’une goutte d’eau au sein de l’ensemble des chômeurs. En janvier 2012, le taux de chômage aux Etats-Unis atteignait 8,3%. Si ce chiffre était en baisse par rapport aux mois précédents, il représentait tout de même 12,8 millions de personnes.

Beaucoup expliquent ce nombre élevé de chômeurs par le changement fondamental de l’économie ces dernières années. Un virage technologique qui priverait certaines personnes, qui n’auraient plus les bonnes qualifications, d’un emploi. Le chômage serait donc lié à la structure même de l’économie. Ceux qui expliquent ce taux de chômage élevé par le virage de ces dernières années pris par l’économie estiment donc qu’il est complètement ridicule d’imaginer que de simples incitations fiscales, des aides budgétaires, des stimuli sont une solution. Selon eux, elles ne seraient en fait qu’une solution à court terme, un sorte de pansement temporaire.

Et s’ils avaient tort ? Leur théorie repose sur le fait que les industries de la net économie poussent la croissance vers le haut. Faux, faux, faux. Un graphique publié le 24 mai sur le site Forbes montre en effet que depuis la reprise de la croissance, la valeur des exportations de biens durables (métaux…) dépassent celle des exportations des biens de l’industrie technologiques, et de beaucoup. L’industrie lourde serait donc de nouveau en plein boom aux Etats-Unis. Un article du New York Times du 24 avril qui se concentre sur l’acier dans l’état américain de l’Ohio confirme d’ailleurs cette tendance.

De même, l’industrie automobile connaît un bon début d’année aux États-Unis, jusqu’à devenir l’un des principaux secteurs de croissance du PIB. Les ventes de voitures ont participé pour 2,2% à l’augmentation du PIB. D’habitude, la hausse des ventes de voitures suit une amélioration de l’économie et une hausse du PIB, mais ne la provoque pas. C’est donc une nouveauté.

L’extraction des ressources est également une industrie en plein boom aux États-Unis. Certains prédisent même que l’industrie de l’énergie aux États-Unis croît si rapidement qu’elle entraînera une nouvelle révolution industrielle.

On peut donc se demander si l’idée qu’il faut former toujours plus de monde pour travailler dans les nouvelles industries est vraiment la bonne solution. Le marché de la main-d’œuvre américaine regorge de personnes qui peuvent s’occuper de ce qui doit être accompli en ce moment, soit construire de nouveaux établissements, travailler dans l’énergie, ou encore s’occuper des personnes âgées. L’idée de dépenser de l’argent pour que les Américains aillent travailler dans ces « vieux » secteurs ne devraient donc pas être mise de côté, bien au contraire. Comme le rappelle Joe Weisenthal dans un article publié sur le site Business Insider, les solutions les plus simples ne sont pas toujours les plus mauvaises. "Dire problèmes structurels vous donne l’air intelligent. Parler d’une force de travail high-tech vous donne l’impression d’être visionnaire. Dire dépenser plus, en revanche, vous rend ennuyeux", explique le journaliste. Et selon lui, c’est bien dommage, car les stimuli sont probablement la bonne solution.

Atlantico a interrogé Florin Aftalion , professeur de finance à l’ESSEC.

Selon Business Insider, la lutte contre le chômage ne passe pas seulement par l'accent mis sur les nouvelles technologies, qui ne peuvent pas employer tout le monde, mais aussi par les industries traditionnelles. Est-il plus avantageux de soutenir l'emploi de ces industries que de former la population à d'autres domaines ?

Florin Aftalion : Business Insider s'en prend aux "serious people" qui, selon son rédacteur, pensent que le chômage est dû aux changements fondamentaux qui se produisent dans l'économie. Un tel changement affecterait l'industrie qui abandonnerait les biens durables traditionnels au profit d'autres biens à fort contenu technologique. Les graphiques publiés par Business Insider montrent qu'après de forts déclins dans les deux secteurs, celui traditionnel de l'automobile a récupéré rapidement tandis que celui des technologies de l'information a stagné. Mais il existe d'autres explications plus crédibles du chômage actuel (voire du côté des politiques monétaires et des endettements des états).


De simples "stimulus" financiers sur ces secteurs peuvent-ils donc avec un impact concret sur le chômage ?

La critique qui est faite au plans de relance d'Obama est de ne pas avoir laissé le secteur automobile se restructurer spontanément parce que le président a voulu favoriser les "unions" et préserver autant que possible leurs avantages, les retraites en particulier. Les stimuli peuvent avantager des secteurs mais je doute qu'ils puissent "relancer" véritablement une économie. D'ailleurs la sorite de la crise aux Etats-Unis, malgré les relances de l'administration actuelle, est l'une des plus lentes de l'histoire de ce pays. Et le chômage se retrouve aujourd'hui à peu près au niveau auquel il se trouvait lors de l'arrivée d'Obama à la présidence.



La croissance passe-t-elle donc par les industries traditionnelles ? La transition vers les "industries du futur" n'est-elle qu'une utopie ?

Qui sait par quels types d'industries (ou de services) passe la croissance ? Certainement pas les bureaucrates (américains ou français) qui s'abritent derrière le terme creux et pompeux d'"industries du futur". Les industries du futur actuel ne seront connues que d'ici quelques dizaines d'années. En attendant les gouvernements devraient laisser faire les investisseurs qui placent leur propre argent. Ils sont les mieux placés pour choisir les investissements qui produisent plus de richesses qu'elles n'en consomment eet ainsi font baisser le chômage.

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