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House Of Collomb : comment le maire de Lyon a construit son emprise sur la capitale des Gaules
©ROMAIN LAFABREGUE / AFP

Le fief du Lyonnais

Gérard Collomb a officiellement quitté le ministère de l'Intérieur ce mercredi 3 octobre. Il va dorénavant se consacrer entièrement à sa ville de cœur.

Raphael Ruffier-Fossoul

Raphael Ruffier-Fossoul

Raphael Ruffier-Fossoul est rédacteur en chef à Lyon Capitale, mensuel d'investigation basé à Lyon. 

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Atlantico : Que révèle la démission du maire de Lyon, Georges Képénékian, afin de permettre à Gérard Collomb de reprendre le poste ? 

Raphael Ruffier-Fossoul : Voir que Gérard Collomb décide de revenir à la mairie de Lyon montre d'abord qu'il ne revient pas à la métropole de Lyon. Tout simplement car il ne peut pas la reprendre. Or, le Grand Lyon, c'est son bébé. C'est bien lui qui a créé les nouveaux statuts de la métropole et c'est pourtant là où se joue le pouvoir au niveau local désormais.
Le problème c'est que les élus de la métropole ne doivent pas leur élection à Gérard Collomb et se représenter devant eux aujourd'hui serait trop dangereux. Les amis d'hier, qu'ils soient socialistes ou divers droite ont des raisons d'être fâché avec lui et peuvent avoir envie de lui infliger symboliquement une défaite
Le fait qu'il reviennent à la mairie de Lyon est déjà un aveu de faiblesse sur sa propre ville.
A la ville de Lyon, Gérard Collomb est élu depuis suffisamment longtemps et tient très bien son conseil municipal. Georges Képénékian de son côté est un vieux compagnon de route du désormais ex-ministre de l'Intérieur et n'a pas l'ambition de rentrer en conflit avec Gérard Collomb.

Comment évaluer les critiques de l'opposition évoquant des termes comme baronnie médiévale, joug féodal, retour de l'ancien monde, manœuvres d'un autre âge ?

Gérard Collomb pour expliquer qu'il reprend la mairie de Lyon dit qu'il anticipe la loi sur le cumul des mandats qui ne lui permettra plus en 2020 de cumuler et la ville et la métropole. Mais il oublie que cette loi prévoit aussi la limitation dans le temps des mandats…  
Les réactions nationales sur la démission de Collomb et sa candidature à Lyon montrent que cela fait vraiment "ancien monde". Il y a un décalage entre l'image du mouvement LaREM d'Emmanuel Macron et ce geste politique de Gérard Collomb qui préfère conserver son pouvoir dans sa ville à servir son pays. Ce qui est étrange alors que lui-même fait un diagnostic assez grave de la situation dans les banlieues françaises.

Quel est encore le niveau de "contrôle" de Gerard Collomb sur les arrondissements de la ville ? Comment l'ancien ministre de l'intérieur peut-il profiter de ce système électoral ? 

Le système des élections municipales dans les grandes villes donne énormément de pouvoirs aux maires et lui opposent extrêmement peu de contrepouvoirs.
Comme c'est la tête de liste qui décide de qui est sur ses listes, cela engendre forcément un système du tout ou rien. S'il a la majorité à sa main, l'opposition est réduite à un rôle de figuration donc il ne se passe rien en conseil municipal. Il n'y a pas de force qui émane de quelqu'un d'autre que le maire.
C'est bien parce que justement il a senti que les choses lui échappaient qu'il décide de revenir. Il a senti que du côté des élus il y avait une lassitude vis-à-vis de l'autoritarisme de Collomb. Ils ont pu apprécier de travailler avec Kimelfeld et Képénékian pendant cette année. Son retour hier n'a suscité aucun enthousiasme à Lyon. En tout cas au niveau des élus.

Comment évaluer la fronde qui pourrait se mettre en place suite à cette annonce ? 

C'est là la limite du scrutin municipal. Comme il y a peu de contrepouvoirs, les gens sont attentistes. Ils ne voient pas aujourd'hui qui serait en mesure d'incarner cette fronde et contester le pouvoir de Gérard Collomb aux prochaines municipales. On a vu aux dernières présidentielles que les électeurs quand ils n'étaient pas satisfaits d'une situation arrivaient à trouver un candidat qui sortait du moule habituel, on va voir si ce scénario se reproduit aux prochaines municipales. Ce sera un bon test pour notre démocratie locale.

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