Geoffroy Didier : "Il y a une différence de nature entre Emmanuel Macron et Valérie Pécresse. Son ADN à lui, c’est de plaire. Son ADN à elle, c’est de faire"<!-- --> | Atlantico.fr
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Valérie Pécresse, candidate à l'élection présidentielle de 2022 lors d'une conférence de presse sur l'analyse du bilan du quinquennat d'Emmanuel Macron.
Valérie Pécresse, candidate à l'élection présidentielle de 2022 lors d'une conférence de presse sur l'analyse du bilan du quinquennat d'Emmanuel Macron.
©THOMAS SAMSON / AFP

Bilan du quinquennat Macron

Lors d’une conférence de presse, ce mardi 19 octobre, Valérie Pécresse s’en est prise au bilan du mandat d’Emmanuel Macron. La candidate à l’investiture de la droite pour la présidentielle a notamment critiqué "l’inaction" et "l’échec" du chef de l'Etat.

Geoffroy Didier

Geoffroy Didier

Geoffroy Didier est député au Parlement européen et directeur de la communication de la campagne de Valérie Pécresse.


 

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Atlantico : À quelques mois des élections présidentielles, il est bientôt l’heure de faire le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron. Lors d’une conférence de presse, Valérie Pécresse n’a pas mâché ses mots à propos des bientôt cinq années  de l’ancien ministre de François Hollande à la tête du pays. Elle a martelé que son bilan à la tête du pays ne doit pas être masqué par la crise sanitaire et que les finances du pays ont été mises à mal par ses réformes. Alors qu’il a connu les arcanes de Bercy sous l’ère Hollande, Emmanuel Macron a-t-il affaibli les comptes publics ? 

Geoffroy Didier : Le grand problème d’Emmanuel Macron est qu’il n’a pas mené les réformes nécessaires avant la crise du Covid. Résultat, lorsqu’il a fallu dépenser encore davantage pour soulager les victimes économiques de la crise, nos comptes publics ne disposaient pas des ressources suffisantes. Le gouvernement a donc dû creuser très profond le trou déjà béant de la dette. Où en sommes-nous aujourd’hui? Les finances publiques sont hors de contrôle. Le déficit public est historique: plus de 9% du PIB. La dette publique l’est tout autant: 115% du produit intérieur brut. Tenez-vous bien: sur les deux quinquennats Hollande puis Macron, la dette publique sera passée de 1800 milliards à 2800. Elle aura augmenté de 1000 milliards d’euros, soit 15 000 euros de plus sur la tête de chaque Français! C’est de la folie. Pire, non seulement l’Etat dépense, mais il taxe. La France est devenue le pays qui taxe le plus ses entreprises, avec un taux d'imposition de 60% des bénéfices. Ce ne sont pas cinq ni dix, mais vingt points de plus que la moyenne européenne! Déficit commercial record, dette record, déficit public record, dépense publique record, taux de prélèvements obligatoires le plus élevé d’Europe... Quel ministre pourra décemment expliquer que ce quinquennat est une réussite économique? 

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Et le vrai bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron est déjà là, caché à la vue de tous...

Le régalien a-t-il été son point faible ? 

Un autre point faible en plus de l’économie, assurément. Dans une société déjà violente, les coups et blessures ont augmenté de près de 20% en cinq ans. Le drame est que le signal envoyé aux délinquants et aux criminels est celui d’une très grande faiblesse. La politique pénale d’Emmanuel Macron, c’est celle de Christiane Taubira! La preuve: le taux d’incarcération est moins élevé aujourd’hui que sous François Hollande. Alors qu’en 2014, il y avait 68 300 détenus, ils sont 66 500 en 2021. Par ailleurs, nous laissons nos frontières se faire piétiner quotidiennement. Seul un étranger clandestin sur huit est reconduit dans son pays d’origine, et un débouté du droit d’asile sur neuf. Sous Nicolas Sarkozy, c'était près de un sur deux. Il est temps que les Français connaissent la vérité.

Sur quels autres domaines le bientôt candidat de LREM n’a-t-il pas appliqué sa « Révolution » ?

La révolution Macron a été de pacotille. Où est la réforme des retraites? Où est la réforme de la dépendance, véritable défi de la génération qui vient? Où est le choc d’offres promis en matière de logement, alors que le nombre de permis de construire a baissé de 25% durant le quinquennat? Où est la simplification et la débureaucratisation alors qu’un rapport parlementaire a recensé 21 instances de décision et d’évaluation durant la campagne de vaccination? Ce n’est peut-être pas un hasard si l’abstention et l’extrémisme ont largement progressé ces cinq dernières années. 

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Y-a-t-il des choses que l’on peut tout de même reconnaître chez Emmanuel Macron ? 

Oui, bien sûr. La flat tax sur l’imposition du capital, le prélèvement à la source, les ordonnances travail ou encore le dédoublement des classes en zone prioritaire sont des acquis à mettre au crédit d’Emmanuel Macron. Et surtout nous devons nous engager à les conserver, pour mettre fin à cette fâcheuse habitude des présidents qui, à peine élus, détricotent méthodiquement ce que leur prédécesseur a fait même de bien. Mais la France a mis beaucoup d’espoir dans ce jeune président, et force est de constater que la montagne Macron a accouché d’une toute petite souris en marche. 

Alors que l’on associe souvent Valérie Pécresse à un libéralisme de centre droit comme Emmanuel Macron, comment leurs programmes et visions se distinguent-elles ? Sur quels points assument-elles une vraie différence ? 

Un exemple parmi beaucoup d’autres. Valérie Pécresse s’engage à supprimer 150 000 postes de fonctionnaires de l’administration, non pas de terrain mais de bureau, par la méthode du non-remplacement à la retraite. Emmanuel Macron s’était engagé à en supprimer 120 000. Il en a supprimé...157, en 2021. Il lui faudrait donc 750 années de mandat pour remplir sa promesse de cinq ans. Je crois, en réalité, qu’il y a une différence de nature entre Emmanuel Macron et Valérie Pécresse. Son ADN à lui, c’est de plaire. Son ADN à elle, c’est de faire.

Est-il encore possible pour Valérie Pécresse de trouver une ligne de crête au sein des Républicains alors que le parti est tiraillé sur sa droite par Eric Zemmour qui se revendique du RPR et Edouard Philippe et son mouvement Horizons ? 

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Le RPR a disparu il y a vingt ans et le microparti Horizons a été créé il y a quinze jours! Entre Éric Zemmour qui se revendique des années 80 et Édouard Philippe qui s’imagine en 2027, il y a un véritable espace pour la droite d’aujourd’hui. Celle qui ne demande qu’une chose: appliquer à l'échelle nationale les résultats qu’elle a obtenus à l’échelle locale, notamment dans les grands territoires comme les régions. Éric Zemmour parle bien et pose de bons diagnostics, mais il promet la guerre civile et la déprime collective. Emmanuel Macron, lui, a été une trop pâle copie de la droite. C’est à l’original de prendre les commandes. Je suis très optimiste sur nos chances de victoire car la France n’est ni extrémiste ni centriste, elle est de droite! 

Geoffroy Didier

Député au Parlement européen et directeur de la communication de la campagne de Valérie Pécresse 

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