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Gaza, mon amour...
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La haine

Cela pourrait être le titre d'un mauvais film. Et c'est effectivement dans un très mauvais film que joue « La Flottille de la Liberté », qui a tenté de rejoindre l'enclave palestinienne.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Des vents mauvais balayent la Méditerranée. Leur souffle a dispersé une myriade de bateaux, baptisée « Flottille de la Liberté ». A leur bord, des hommes et des femmes apparemment animés des meilleures intentions du monde : venir en aide à ceux qui souffrent et qu'on persécute. Leur cargaison en témoigne : des vivres et des médicaments.

Donc, on se plaît à imaginer qu'ils voulaient prendre la direction de la Tunisie pour aider des milliers de migrants à gagner, sans risques de périr noyés, l'île de Lampedusa... Ou alors, qu'ils avaient l'intention de mettre le cap sur Misrata, le port libyen où la population, massacrée par les bombes et les obus de Kadhafi, manque de tout... Ou peut-être qu'ils espéraient gagner les rivages syriens où les morts et les blessés se comptent par milliers... Et pourquoi pas Aden, au Yémen, où l'on a beaucoup tué, et où la misère est totale...

Que nenni ! Les boussoles de la flottille ont depuis longtemps cessé d'indiquer le nord. Volontairement déréglées, leurs aiguilles restent figées dans une seule direction : celle de Gaza. Gaza, que les gentils navigateurs se plaisent à appeler « une prison à ciel ouvert ». Et pour les plus imaginatifs d'entre eux, il faudrait y voir une sorte d'Auschwitz où – tout le monde le sait, évidemment – une milice juive surarmée punissait de flagellation ou de mort quiconque refusait porter une kippa.

Le but affiché de la « Flottille de la Liberté » était de briser le blocus israélien qui condamnerait à la mort lente les habitants de l'enclave palestinienne.

Il s'agit là – et je pèse mes mots – d'un gros, très gros mensonge. Il y a certes un blocus israélien, et en même temps, il n'y a pas de blocus. La frontière de Gaza avec l’Égypte est aujourd'hui ouverte. Tout peut passer par là : les vivres, les médicaments, les biens ménagers, l'argent et aussi les armes pour le Hamas. A Gaza, la misère est grande, comme dans la plupart des pays arabes. Les Nations Unies y déversent pourtant des centaines de millions de dollars pour nourrir, loger et scolariser une partie de la population. La Communauté Européenne en fait tout autant. Il y a à Gaza une université qui fonctionne, un centre culturel français qui ne désemplit pas.

C'est quand même un peu mieux qu'une prison, et un tantinet plus humain qu’Auschwitz ! Dès lors, on serait fondé à se demander à quoi peut bien servir le blocus israélien. A pas grand chose. Enfin si... Il interdit à des milliers de jeunes Palestiniens d'aller travailler en Israël, tant la hantise des attentats est forte chez les Israéliens. Eh oui, ils allaient travailler chez l'occupant, chez l'ennemi sioniste... A mon avis, ils devaient nourrir un peu moins de ressentiment à l'égard d'Israël que les navigateurs de la « Flottille de la Liberté ». Mais peut-être pourraient-ils, ces jeunes Palestiniens, se tourner vers la frontière égyptienne? Impossible : leurs frères arabes du Caire ne veulent pas d'eux et de toute façon, le chômage est la nouvelle plaie de l’Égypte.

De tout cela, les navigateurs humanitaires de la Méditerranée n'en avaient cure. Leur moteur était en effet alimenté par un carburant qui s'appelle la haine. N'empêche que leur naufrage était programmé bien avant leur échec en mer. Le naufrage de la pensée quand elle abdique devant l'hystérie.

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Note : Je tiens de source sûre que la météo, si inhospitalière à la « Flottille de la Liberté », n'est pas tout à fait le fruit du hasard. En effet, des millions d'Israéliens se sont précipités sur leurs plages pour souffler comme des malades en direction du nord-ouest et envoyer ces si sympathiques bateaux se faire voir chez les Grecs...

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