Gaspard Koenig : "Nous ne sortions pas de la crise démocratique française sans renoncer à l’élection du président au suffrage universel"<!-- --> | Atlantico.fr
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Gaspard Koenig publie « Contr'un : Pour en finir avec l'élection présidentielle » aux éditions de L’Observatoire.
Gaspard Koenig publie « Contr'un : Pour en finir avec l'élection présidentielle » aux éditions de L’Observatoire.
©DR / Editions de l'Observatoire

Démocratie

Gaspard Koenig remet en question l'élection du chef de l’Etat au suffrage universel dans son livre « Contr'un : Pour en finir avec l'élection présidentielle » publié aux éditions de L’Observatoire. Gaspard Koenig propose une autre vision de la société, plus décentralisée, et imagine à quoi pourrait ressembler la démocratie de demain.

Gaspard Koenig

Gaspard Koenig

Gaspard Koenig a fondé en 2013 le think-tank libéral GenerationLibre. Il enseigne la philosophie à Sciences Po Paris. Il a travaillé précédemment au cabinet de Christine Lagarde à Bercy, et à la BERD à Londres. Il est l’auteur de romans et d’essais, et apparaît régulièrement dans les médias, notamment à travers ses chroniques dans Les Echos et l’Opinion. 

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Atlantico : Votre nouveau livre « Contr'un », publié aux éditions de l’Observatoire, prône d'en finir avec l’élection présidentielle, plus précisément avec l'élection du chef de l’État au suffrage universel. Quelle est concrètement votre idée ?

Gaspard Koenig : Le modèle vertical qui est promu par ces élections se reflète dans l’ensemble de l’organisation sociale. La proposition minimale que je fais est de revenir à la constitution de 58. Elle a été conçue autour d’un président sans rôle politique engagé, élu au suffrage indirect. De Gaulle et son référendum ont changé ça. La première proposition est donc de revenir à l’ordre parlementaire représentatif. 

La solution actuelle nous paraît naturelle parce que c’est le cas partout. Aujourd’hui les hommes forts qui naissent partout (Russie, USA, Brésil, Turquie) dans le monde sont issus des élections au suffrage universel alors que ça ne le devrait pas.

Jusqu’en 62, il y avait très peu d’élections de ce type et c’est De Gaulle, comme le dit explicitement Rosanvallon, qui a instauré ce mouvement et le fait que cela devienne le modèle de démocratie par défaut. Mais au fond c’est très pauvre par rapport à ce que propose une démocratie parlementaire. 

Je propose de revenir au régime parlementaire classique. Je ne suis pas le seul à l’imaginer parce qu’aujourd’hui, dans le sondage pour l’IFOP commandé en même temps que la sortie de mon livre, on voit que 60% des Français sont prêts à arrêter le système d’élections actuel pour un modèle plus participatif et le principe de base de revenir à une démocratie représentative me semble raisonnable.

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Ça peut être mis en place par contre référendum. Il y a une disposition qui n’a jamais été activée par les parlementaires c’est de proposer un référendum d’initiative partagé. On peut imaginer que ça passe par là. Ou alors un candidat ou président pourrait être assez masochiste pour scier la branche sur laquelle il est assis et expliquer qu’après lui il n’y aura plus de président.  

Le sondage de l’IFOP pour génération libre indique en effet que 60 % des Français sont favorables à changer le système actuel, mais les indicateurs montrent aussi que 75% des sondés jugent cette élection indispensable à la vie démocratique. N’est-ce pas là le signe d’un attachement ?

Tout est dans la manière de formuler la question. Les gens ont l’impression qu’on va leur retirer l’un des rares pouvoirs démocratique qu’ils ont. Mais si on leur dit ne voulez-vous pas réfléchir à d’autres formes démocratiques ? La souvent ils disent oui. Mais on voit qu’il y a largement dans l’opinion de quoi discuter ce sujet qu’il ne l’est pas du tout aujourd’hui.

Mon livre est le premier livre qui propose la suppression des élections au suffrage universel et il n'y a aucune étude d’opinion sur le sujet. Il y a eu de nombreux livres contre le présidentialisme : Raymond Aron, Jean François Revel, Mitterrand, etc. Le seul à s’y être un peu attaqué est Bastien François avec Arnaud Montebourg, et encore. C’est une forme d’impensé, comme si c’était absolument normal. 

On est dans une situation ou dès la fin des élections les gens pensent aux suivantes donc il n’y a plus aucune construction doctrinale au sein des parti politiques qui ne sont plus que les réceptacles de tels ou tels champions et qui au fond produisent de l’instabilité parce qu'on élit des hommes mais on ne sait pas trop ce qu’ils vont faire et qu'ensuite on en est réduit à commenter et à être forcément déçu parce qu’on en demande beaucoup trop. On a l’impression que ça va être le sauveur du pays mais c’est une illusion qui est entretenue par les institutions et qui est très malsaine car elle propose une société avec un rapport presque de dominant à dominé vis-à-vis des politiques. 

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On a accepté l’arbitraire comme principe de gouvernance et on a complètement perdu l’habitude de délibérer entre nous et d’assumer les décisions politiques de façon collective. Pierre Mendès-France avait déjà mené ce combat après le référendum de 1962. Tocqueville a contesté la première élection au suffrage universel. Il est tout à fait sain de poursuivre ce combat-là dans une société qui est éprise de participation et qui a constamment des revendications d’ordres institutionnelles comme les Gilets Jaunes dont la seule revendication était le RIC.

On voit d’ailleurs que le pouvoir en place essaye de mettre en place des conventions citoyennes parce qu’il y a ce besoin. Le nœud de ce sujet c’est cette figure présidentielle étouffante, toujours déceptive, mal-aimée parce qu’on lui en demande trop et on l’élit contre quelqu’un d’autre. Le sondage montre d’ailleurs que les Français trouvent qu’on parle trop des personnes et pas des idées, à 80%. On n’assiste pas à des élections politiques mais à un show avec des célébrités.  

Cette proposition est-elle véritablement selon vous, à même de résoudre le problème démocratique français ?

Je pense que c’est la condition nécessaire. On voit très bien que le parlement a du mal à marcher sous forme de coalition car chaque groupe se projette dans les élections prochaines. C’est un horizon qui bloque toute alliance parlementaire normale. Donc il est évident que l’hyperpersonnalisation tue les partis politiques. Vous remarquerez que tous les grands partis qui se partagent les voix sont des partis qui ont moins de 5 ans d’existence et ne s’inscrivent plus dans des grandes traditions politiques.  Et ce flou doctrinal est insupportable. D’abord pour les personnes qui essayent de contribuer au débat public car ils ont l’impression que le système politique est totalement déconnecté du monde des idées et pour les citoyens qui ne savent pas pour qui ils votent et sans savoir ce qui va se passer derrière.  

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Cela induit un rapport malsain au pouvoir à qui on demande de tout résoudre. On est dans un jeu d'infantilisation et de révolte. Ce qui est le stade 0 de la démocratie. C’est comme si on avait une figure d’autorité un peu extérieure qu’on n’a pas vraiment choisi et contre laquelle on passe son temps à se rebeller. 

 Emmanuel Macron rentre-t-il dans ce cadre ?

Emmanuel Macron a vraiment, dans son premier quinquennat, incarnée de manière très assumée la figure présidentielle proposée par la Vème République. 

Il a profité d’une évolution institutionnelle avec évidemment le quinquennat et la correspondance entre les législatives et les présidentielles. 

Il est rentré dans un paysage qui facilitait l’hyper incarnation et il en a d’ailleurs joué dans ses discours, dans ce rôle cérémoniel qu’il a endossé -ce qui je pense n’est plus du tout ce que les gens recherchent-. Au moindre décès d’acteur au moindre incident il vient sur les lieux comme si la présence de la figure présidentielle devait rassurer l’ensemble de la population ; ce qui se retourne contre lui puisque les gilets jaunes le tiennent, du coup, responsable de tout. Et tout ça est au fond logique et cohérent.

Et disons que l’espoir que j’ai c’est que l’actuel président soit assez orgueilleux pour aimer l’idée d’être le dernier et clôturer cette frise de De Gaulle à lui-même. J’ai peu d’espoir mais pour moi c’est la meilleure option. 

On a vu avec la mort de la reine d’Angleterre une émotion très forte en Angleterre et partout dans le monde. N’est-ce pas le signe d’un besoin d’incarnation de l’Etat ?

Le fait qu’elle ait été adulée par l’ensemble de la planète et pas qu’avec ceux sur qui elle régnait montre bien que cette adoration était plus celle d’un conte de fée et ce ça n’avait pas grand-chose à voir avec la politique et certainement rien à voir avec la politique britannique. Je ne sais pas si la monarchie après ce mandat extrêmement bizarre d’un roi mutique sera pérenne. Ça me semble plus relever de l’anomalie historique. Ensuite, et c’est pour ça que j’ai intitulé mon ouvrage Contr’un en référence à La Boétie, on a toujours le droit de rêver à un monde où on cesse de fantasmer le pouvoir d’un seul et où le pouvoir et la souveraineté sont dilués. 

8Les sociétés premières avaient des modes de fonctionnement et de gouvernance où l’on se passait ou du moins où l’on n’accordait pas trop de pouvoir au pouvoir central pour ne pas accorder trop d’importance à un seul individu au nom du principe d’égalité. Et ça marchait aussi sur des ensembles très étendus, urbains, etc. 

Et je pense qu’on a anthropologiquement ce besoin de distribution du pouvoir et que la forme présidentialiste moderne est très régressive. Ça a par ailleurs des conséquences géopolitiques ou chaque incarnation turque, russe, américaine se tape les poings sur la poitrine comme un gorille et que ça ne fait que nourrir les tensions belliqueuses. Qu’en Europe, le pouvoir soit dilué entre la présidente de la commission et le président du conseil fait de cette structure quelque chose de par définition pacifique et raisonnable. Je pense que ça illustre bien que la dilution de la souveraineté et l’absence d’incarnation du pouvoir est plutôt propice à des débats démocratiques -certes moins romantiques et plus tatillons- mais bien plus conformes à l’utopie qu’on doit continuer d’avoir, pacifiée et égalitaire. 

Et vous considérez que le fonctionnement européen tel qu’il est actuellement est satisfaisant avec toutes les problématiques qu’il peut avoir et qu’on souligne régulièrement ?

C’est encore d’autres débats, ce que je veux dire c’est que dans l’esprit on comprend bien qu’un ensemble qui est fondé sur une espèce de délibération perpétuelle, entre pairs, qui est quand même plutôt le modèle de l’Union européenne, est un modèle moins belliqueux et autoritaire par construction, qu’un modèle qui repose sur un homme et sur ses caprices, sa volonté, son goût du jour, sa manière d’exercer le pouvoir. 

On en a marre constamment de voir que nos vies dépendent de ce qui se passe dans la tête de tel et tel qu’on élit tous les 5 ans et encore en masse avec des voix qui se dispersent parmi des dizaines de millions de voix. On sent bien que c’est quand même un stade très infantile de la délibération parce que si ce que je dis pour le haut sur l’Europe vaut aussi pour le bas sur le local. 

Je raconte dans le livre avoir été très impressionné par les procédures de votation directe cantonales en Suisse où on voit l’exercice de la démocratie à l'œuvre, avec des gens qui doivent discuter, faire des compromis sur des sujets locaux mais souvent assez substantiels. Ça montre bien au fond que ce sont les Institutions qui commandent les Hommes et qu’avec des institutions plus décentralisées, on construit plus de rationalité alors que cette hyper-concentration au contraire nourrit une agitation perpétuelle. D’ailleurs c’est ce que dit Tocqueville quand il assiste, aux États-Unis après son tour des prisons, à une campagne présidentielle américaine. Il dit qu'il est effaré par cette espèce de crise permanente qui oppose les gens contre les autres, ce que le régime parlementaire monarchie de juillet n’était pas, et cette idée de crise permanente est intéressante. 

Quelque part, depuis que je suis petit, que je suis en âge d’écouter les informations, la France est en crise. Je pense que c’est assez lié justement à la figure du Président qui vient là pour résoudre les crises, qui est quelqu’un qui doit résoudre une crise. Ce ne sont pas des problèmes qu’on surmonterait ensemble, ce sont des crises à résoudre. 

Mais les crises existaient aussi sous la IIIe et sous la IVe République...

Oui c’est un très bon exemple. J’ai communiqué avec un historien, Jean Garrigues, qui m’a même relu pour vérifier mes dires. C’est l’un des historiens français qui a le plus participé à réhabiliter justement la IIIe et la IV République et à contrer le mythe de dysfonctionnement que les manuels d’histoire de la Ve République ont propagé. Il rappelle quand même que la IIIe République est le régime le plus long jusqu’à aujourd’hui de l’histoire de France postrévolutionnaire, qui a établi les grands principes républicains de la fin du 19e siècle, a traversé une guerre mondiale sans recours à la dictature, traversé la crise du franc fort, deux épisodes de gouvernements de gauche. 

C’était certes des République qui n’étaient pas parfaites, notamment à leur fin, en particulier pour la IIIe, mais c’étaient des régimes qui tenaient la route. A l’époque personne ne savait qui était le président de la République et il jouait plus un rôle d’arbitrage. C’était des super-sénateurs comme le disait François Hollande interrogé par le Point sur ma proposition qui a estimé “un président ne doit pas être un super-sénateur”. Personne ne fantasmait une incarnation de la nation en eux, et pour autant, est-ce que de 1870 à 1936, ou même 1939-1940, la France était vraiment perdue parce qu’elle n’avait plus d’incarnation, parce qu’elle n’avait plus de roi, parce qu’elle n’avait plus de maître ? 

C’était quand même toute la Belle époque, toute la grande prospérité, la créativité industrielle foisonnante de France du 19e, la créativité artistique des années 20, on ne peut pas dire que les Français étaient perdus à la recherche absolue d’un maître et d’une incarnation. Donc ce sont des expériences qui précisément montrent qu’on a parfaitement connu des périodes dans notre Histoire où on vivait sans et on vivait très bien et on était d’ailleurs un peu plus libres politiquement parlant.  

En réaction à votre livre, Bruno Retailleau a déclaré : ‘Ne revenons pas à l'entre-soi des élus de la IVe République. Ne créons pas une nouvelle blessure à la souveraineté populaire. Réaffirmons au contraire le devoir, pour le chef de l'État, de renforcer le lien direct qui l'unit au peuple français par le référendum.’ Qu’en pensez-vous ?

C’est terrible parce que d’abord c’est une position lepéniste alors il n’y a pas de quoi être fier, ensuite c’est précisément tous les termes que je dénonce, qui sont les termes du geste gaulliste sur l’incarnation du peuple, la souveraineté du peuple. Mais le peuple ça n’existe pas, il existe des assemblées de citoyens. L’assemblée de citoyens c’est quelque chose de digne où on reconnaît l’individualité de chacun alors que le peuple c’est une espèce de masse informe à qui chacun attribue les caractères qu’il lui chante. 

Chacun se réclame du peuple, à gauche à droite, c’est toujours le peuple mais le peuple qui est-ce ? Mystère. Le peuple c’est le fantasme des politiques. Par ailleurs, la souveraineté dont il parle, doit pour moi être dispersée et non pas incarnée en un point unique. Je pense que ce genre de réaction, qui est au fond unanime dans la classe politique parce qu’elle est complètement baignée dans ce post-gaullisme mal compris. Ils sont tous gaullistes, ils vont tous se recueillir sur la tombe du général De Gaulle. Mais en ayant relu les mémoires de ce dernier à l’aune de cette question du suffrage universel et de l’incarnation de la souveraineté, je considère que le modèle de société qu’il a mis en place est, au fond, militaire, hiérarchique, insupportable. Il est temps de le remettre en cause plutôt que de reprendre cet héritage de manière complètement aveugle alors même qu’à l’époque, en 1962, quand il fait son référendum, je rappelle que l’ensemble des corps constitués, Conseil constitutionnel, Conseil d’État, partis politiques, président du Sénat et quasiment tous les journaux se dressent contre ce qui est considéré comme un semi-coup d’état, un retour au Bonapartisme. Il y avait une vraie conscience du caractère démocratique du parlementarisme que l’on va perdre. Et là tout d’un coup tout le monde se rêve en champion de la souveraineté populaire et vous allez encore avoir sur la ligne de départ dans quelques années tous ces gens qui disent “c’est moi le peuple”. Ce n’est pas très sérieux.

Ne pensez-vous pas que les Français ne sont pas trop attachés à l’institution du Président pour y renoncer ?

C’est le but d’un intellectuel de faire des propositions pour amener à réfléchir. Mais les sondages que j’ai fait réaliser montre que ça se débat, il y a peut-être même une majorité favorable à au moins en discuter. On a aussi demandé si les gens étaient satisfaits de la dernière élection présidentielle, évidemment NON. Donc je pense que même dans la pratique de l’élection présidentielle qui est un peu comme « Le jour sans fin » a atteint ses limites. On continue à avoir le compte à rebours du 20h mais il tourne à vide car les gens n’y croient plus. 

Les appels au RIC, les projets alternatifs, etc. tout cela va dans le sens d’une forte dilution du pouvoir politique qui est tout à fait souhaitable. Et donc je pense que c’est un bon moment pour avoir ce débat et pour ne pas jouer à la roulette russe tous les 5 ans. Dans un système plus représentatif, les choses sont plus fluides et il y a beaucoup plus de contrepouvoir ce qui fait que nous ne sommes pas pétrifiés par le résultat des élections. 

Est-ce que le problème n’est pas celui de la médiocrité du personnel politique actuel, comme l’a évoqué Éric Ciotti ?

De Gaulle a mis en place ce système en anticipant la médiocrité du personnel politique. Il dit explicitement que lui avait la légitimité par l’histoire mais que puisque les suivants ne l’auraient pas, il leur faudrait un peu de cette onction. Cela a très bien marché. 

Le problème n’est pas les hommes politiques -qu’ils soient médiocres ce n’est pas très grave- la question c’est celle de la doctrine des hommes, le fait qu’ils soient dépassés et contraints par des idées défendues par des groupes, des partis et qui les commandent. 

Vous parliez d’Éric Ciotti, mais j'aurais aimé que des hommes de gauche réagissent à mes propositions. Car du côté des Insoumis y’a une réflexion sur les institutions avec la 6ème République qui est très ouverte et l’histoire de la personnalisation est extrêmement documentée en ce sens, même s’ils ne vont jamais jusqu’à interroger le suffrage universel.

Donc il serait intéressant de voir comment Les Insoumis -qui sont les plus avancés sur le plan institutionnel- se positionnent par rapport à cela et pourraient éventuellement le reprendre à leur compte. Un centre libéral tocquevillien devrait pouvoir comprendre cela, mais il a totalement disparu et ce n’est évidemment pas la technocratie macronienne. 

Est-ce que cela veut dire que vous avez écrit ça aussi pour inciter la gauche à se poser la question plus frontalement ?

Ce n’est pas le but premier du livre de parler à tel ou tel. Mais quand je vois aujourd’hui dans le paysage politique, je me demande qui peut reprendre ces propositions et faire émerger un débat à partir de ça. Et effectivement pour être réaliste, c’est plutôt la gauche qui aurait vocation à le faire. 

Vous vous êtes vous-même présenté à l’élection présidentielle. Est-ce votre expérience qui vous pousse à vouloir y mettre fin ?

Je voulais savoir si, avec les idées que je défends, on pouvait créer un rapport de force et combien ça valait politiquement. Cela a clairement échoué puisque je n’ai pas pu être candidat donc on n’aura pas la réponse.

Mais nous n’avions pas d’autres choix. Pour faire émerger un mouvement politique en France aujourd’hui, il faut passer par la présidentielle. Je le déplore mais c’est la règle du jeu. C’est là qu’il y a une attention médiatique et citoyenne sur les idées politiques. 

J’ai pu voir très concrètement comment ça se passait et à chaque fois j’étais entraîné sur la pente de la personnalisation omnisciente que je refuse. 

Dire que je n’ai pas de réponse à tout et dire que je mets en place les institutions pour permettre aux gens de trouver eux-mêmes une réponse m’a amené à constater que le système pousse à apporter une réponse à tout que l’on n’a pas forcément.

Ce que je présente c’est un programme de gouvernance pas MOI et on me force à me mettre sur l’affiche ce qui est -je trouve- bizarre. Ce sont pleins de détails qui montrent que le système est construit de manière contraire au libéral. 

Gaspard Koenig publie « Contr'un : Pour en finir avec l'élection présidentielle » aux éditions de L’Observatoire

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