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Si la zone euro explose...
Le scénario catastrophe
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Boum

Un récent sondage montre qu'une majorité d'Allemands aimeraient sortir de la zone euro. Se rendent-ils vraiment compte des conséquences ?

Simone Wapler

Simone Wapler

Simone Wapler est rédactrice en Chef des Publications Agora (analyses et conseils financiers).

Elle est l'auteur de "Comment l'Etat va faire main basse sur votre argent: ... et ce que vous devez faire pour vous en sortir !", paru chez Ixelles Editions en mars 2013.

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Seul les Européens font mine de ne pas voir l’éléphant dans le magasin de porcelaine. Tous ceux qui n’appartiennent pas à la zone euro spéculent sur le prochain éclatement de la monnaie unique. Pour ces observateurs extérieurs, l’euro n’existe déjà plus sur les marchés obligataires : la messe est dite. Si vous recherchez « euro break up », Google vous indique plus de 85 millions de résultats. Si vous recherchez « éclatement euro », le moteur de recherche ne vous propose plus que 500 000 pages.

En effet, si la Californie empruntait à 7 %, l’Ohio n’avait plus accès aux marchés tandis que le Texas et le Delaware empruntaient à taux négatif, le dollar existerait-il ? Non, bien sûr, les investisseurs étrangers et les banquiers centraux commenceraient à se dégager de cette devise et à assurer leurs arrières.

L’écart des taux sur le marché obligataire montre que l’euro a déjà éclaté

(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Les grandes banques (UBS, Morgan Stanley, Merryll Lynch, Natixis), les entreprises (notamment Visa), les agences de notation (Moody’s), le FMI et même les banquiers centraux ont sorti leurs études. Pour Morgan Stanley en mai dernier, les probabilités d’une explosion de l’euro  se sont élevées à 35 %, mais depuis le 20 juillet, avec le retour de la Troïka européenne en Grèce et les appels à l’aide de l’Espagne, ce taux s’est encore élevé. L’euro plonge face aux autres monnaies, les bourses européennes voient les capitaux déserter. L’argent se replie sur le marché obligataire des pays dits forts.

« Retrouver un œuf cassé dans une omelette »

Un riche homme d’affaires britannique, Simon Wolfson, a lancé fin 2011 un concours doté de 250 000 livres sterling (316 666,67 €) à qui sortira le meilleur « guide pratique d’éclatement de l’euro ». Le gagnant, désigné début juillet, est le cabinet de consultants Capital Economics. L’objet du document de 142 pages est de décrire comment les autorités devraient procéder si un pays jette l’éponge pour limiter la casse vis-à-vis de ceux qui restent dans l’union économique et monétaire. L’exercice est difficile, prévient Capital Economics : autant vouloir retirer un œuf cassé d’une omelette.

De la plupart des notes, il ressort que les grands gagnants à la sortie seraient la Grèce, le Portugal et l’Irlande.

Que retenir d’utile de ces notes d’institutionnels pour nous autres pauvres euro-citoyens ?

  • Que la probabilité de la sortie de la Grèce d’ici à deux ans est de 80 %, ensuite ce sera le tour du Portugal, de l’Espagne, puis de l’Italie.
  • Que l’annonce officielle se ferait un vendredi après la clôture des marchés
  • Que la monnaie circulerait d’abord telle quelle, sans tampon ni modification, à parité de 1 sur 1 à l’instant 0 du big bang, mais deviendrait de la nouvelle devise.
  • Que la dévaluation serait de l’ordre de 30 %
  • Que les banques et les marchés seraient probablement fermés durant quelques jours
  • Que le pays sortant fera ensuite officiellement défaut sur toute la dette qui est au-dessus de 60 % de son PIB
  • Que les salaires ne seront pas indexés sur l’inflation
  • Que le chômage bondira de plus de 10 %

Cette feuille de route vers l’enfer serait assez similaire pour les autres pays.

« Si on voit que ça se passe bien, d’autres pays pourraient être tentés », écrit l’auteur, Roger Bolton.

Il est très improbable que cela se passe bien, ce qui ne signifie pas, paradoxalement, que d’autres pays ne prendront pas la sortie.

Ce que les documents institutionnels passent sous silence

Si l’euro éclatait, la panique bancaire deviendrait la norme. En effet, le pays sortant se trouverait en défaut. Ces défauts se propageraient à ses banques et contamineraient les autres banques de la Zone euro, notamment celles de l’Allemagne qui sont les plus créditrices. Il s’ensuivrait probablement une panique bancaire, notamment dans les pays du deuxième cercle (Portugal, Espagne et peut-être Italie et France). « Au début des années 1930, les États-Unis ont dû fermer des milliers de banques solvables parce qu’elles étaient incapable de supporter des retraits massifs », rappelle le magazine Fortune du 23 mai.

« À mon avis les autorités disposent d’une fenêtre de trois mois pendant laquelle elles peuvent corriger leurs erreurs et inverser les tendances actuelles » disait George Soros en juin dernier.

En Allemagne, le débat sur le danger de rester dans l’Union commence. La population est excédée du comportement de ceux qui veulent la caution allemande sans aucune contrepartie que des promesses de rigueur sans arrêt repoussées.

Voici une carte récemment publiée par le magazine Spiegel qui estimeles baisses de PIB (en rouge), la hausse du chômage (en noir) et l’inflation (en blanc).

(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Nous estimons que dans ce document, l’inflation est sous-estimée pour la France. L’inflation importée par le biais du pétrole devrait être bien supérieure.

Nous aimons l’euro, symbole de libre circulation, de liberté et de paix… jusqu’à ce que la dette nous sépare. L’éclatement de l’euro serait néfaste et dangereux, ses conséquences terribles. Mais il serait encore plus dangereux de ne pas vous y préparer. Votre patrimoine est-il préparé à cette éventualité ? (Nous avons rédigé un rapport spécial sur ce sujet qui vous indique les précautions indispensables) Une chose est certaine : les autorités ne vous préviendront pas. Attendez-vous à une très très mauvaise surprise.

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