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Fumer tue les hommes et fait vivre l’Etat
©LOIC VENANCE / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Un entrepreneur n’est entrepreneur que lorsqu’il peut se regarder fièrement dans le miroir le soir. Fier de ses produits. Ses services. Que dire du profit du tabac pour celui qui taxe les entrepreneurs : l’Etat ?

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Samedi dernier, ma filleule était avec moi. La présence des enfants est toujours une source d’inspiration, un saut agréable dans le temps, le retour à la simplicité, l’incapacité à tricher et à jouer de postures. Un enfant c’est cash, logique, spontané. Retrouver le plus souvent possible ce naturel, que la vie quotidienne d’adulte tend à travestir pour la draper d’attitudes, de calculs et de faux semblants, est salutaire.

Samedi donc, nous nous promenons et nous « tombons » sur la vision d’un paquet de cigarette, paré de cette magnifique déclaration publique de cynisme et de démagogie : « Fumer tue » ! Ma filleule me demande alors, si le tabac tue vraiment ? Je lui explique que oui. Sans aucun doute, sauf pour les lobbyistes des fabricants de cigarettes. Elle me demande alors pourquoi ce n’est pas interdit ? Je lui réponds que c’est peut être du fait de l’argent que cela rapporte à tout le monde. Et là elle me répond, en toute simplicité : « c’est méchant !! ». Que voulez vous répondre à cela ? Moi je n’ai pas trouvé d’autre réponse que l’approbation.

Le tabac tue, les malades sont soignés à nos frais pour satisfaire une addiction qui ne sert à rien (contrairement à l’alcool, au vin notamment, qui fait partie de la gastronomie, de l’art de vivre, d’un savoir-faire millénaire, d’un rayonnement de la France à l’étranger). Le tabac fait l’objet d’une fausse lutte sans merci, pour s’acheter une conscience face aux vies détruites, sans renoncer à l’énorme manne fiscale que la mort représente pour l’Etat.  Les 73000 morts estimés du tabac en France chaque année, 1 mort du 10, et les 100 millions estimés dans le monde, ne constituent pas de charniers assez garnis pour le rapace renonce à sa proie.

Et au même moment où l’on fait mine de lutter contre le tabac, proposant même des mesures aussi stupides que de les interdire dans les films ou publicités, on agite les débats sur la libéralisation du cannabis ! En clair, mort aux addictions et vive les addictions. Libérons nous du tabac et passons haschich. C’est cool ! Cherchez l’erreur.

L’erreur s’appelle la fiscalité, qui fait du Trésor Public, et donc de Bercy, le bénéficiaire hypocrite de la mort du citoyen, payant ses fonctionnaires du prix de la souffrance des malades qui meurent à petit feu, au prix de souffrances extrêmes, s’asphyxiant un peu plus chaque jour. Chaque bouffée difficilement inhalée, les rapprochant du dernier soupir. Devant leur famille, qui ne peut même plus supporter la vue de ces corps privés d’oxygène, qui semble réclamer la fin de leur souffrance, tant la simple respiration leur rappelle qu’ils sont déjà passés dans le monde des morts. La fiche de paie des fonctionnaires, est imprimée sur l’avis de décès de nos concitoyens et c’est tellement jouissif, que l’on aimerait y ajouter le bonheur du cannabis. Brillant !

Je suis entrepreneur. C’est un hymne à la vie. A l’heure où l’on parle de changer l’objet social des entreprises pour les rendre plus « sociétales », pouvons nous envisager à minima signaler à l’article 1833 du code civil, que donner la mort, ne puisse être conciliable avec l’objet social des entreprises? De l’Etat ? Nous sommes entrepreneurs et nous aimons parler croissance, sens, emploi, qualité, plaisir d’un travail dont l’excellence permet la victoire face aux concurrents. Comment se regarder le soir dans la glace quand on vend de quoi tuer l’homme ? 2 de mes meilleurs amis, entrepreneurs, luttent en ce moment contre un cancer du poumon, plutôt bien d’ailleurs, pour le moment.

Mais quel prix doivent ils payer pour un paquet de plus en plus cher, dont le bénéfice ne profite qu’à l’Etat ? 14 milliards d’euros, pour un nombre de consommateurs qui ne recule que peu, presque pas. Donc le crime ne profite qu’à lui. Clairement. L’Etat reste le champion de la bonne conscience. Réduire la vitesse sur les routes, qui ne change rien à la sécurité publique, mais fait briller dans les salons. Augmenter le prix du tabac, qui ne change rien à la santé publique, mais colmate les déficits. Réduire et accroître, comme inspirer et expirer, un luxe que peut se permettre l’Etat, mais interdit à ceux qui sont morts du tabac, avec la satisfaction d’avoir alimenté les recettes de la République.

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