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Le président de Chasse, Pêche, Nature, Traditions (CPNT), Frédéric Nihous est de retour.
Le président de Chasse, Pêche, Nature, Traditions (CPNT), Frédéric Nihous est de retour.
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Nihous candidat pour 2012 ?

Le président de Chasse, Pêche, Nature, Traditions (CPNT), Frédéric Nihous, dont le mouvement est allié à l'UMP depuis 2009, est de retour. Il vient d'annoncer au Figaro sa probable candidature à la présidentielle 2012 pour défendre la ruralité. Mais le vote des chasseurs est de plus en plus volatile et courtisé par le FN...

Thierry Coste

Thierry Coste

Thierry Coste est conseiller politique, spécialiste de l’électorat rural. Il a été directeur de la campagne présidentielle de Jean Saint Josse - président du Mouvement Chasse-Pêche-Nature–Traditions (CPNT).

 

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Le président du mouvement CPNT vient d’annoncer son intention d’être candidat à l’élection présidentielle de 2012, alors que le Conseil national de son parti n’a pas encore eu lieu. Cette annonce prématurée de Frédéric Nihous signifie que ce dernier doit fournir des gages d’indépendance à une partie de ces troupes qui critiquent ouvertement l’accord avec l’UMP et le Président de la République.

Il faut reconnaitre que CPNT, qui se revendique comme étant le défenseur de la ruralité, est d’une discrétion totale depuis qu’il a passé un accord avec la majorité présidentielle en 2009 et qu’il est devenu un parti associé à l’UMP avec des listes communes aux régionales de 2010. Cet assourdissant silence a fait croire à de nombreux analystes, mais aussi aux électeurs, que le mouvement avait bel et bien disparu de l’échiquier politique. Cette annonce permet au moins à Frédéric Nihous d’exister juste après la convention "ruralité" de l’UMP ce jeudi et après son entretien passé inaperçu avec le président de la République, il y a moins de 15 jours. En passant des 4,3% de Jean Saint Josse à la présidentielle de 2002 à tout juste 1,15% à la présidentielle de 2007, Frédéric Nihous a vu fondre le capital électoral de ce parti des chasseurs dont l’apparition avait fortement perturbé le microcosme politique dans les années 2000.

L'électorat CNPT : un ensemble très hétérogène

Durant cette période, CPNT revendiquait haut et fort une indépendance totale vis-à-vis des partis traditionnels. Cette niche politique plutôt habile du «ni gauche, ni lui a permis d’apparaitre comme un parti protestataire fédérateur. Pendant presque dix ans, il a su rassembler un électorat protestataire rural de gauche et de droite pour franchir avec succès les régionales, les européennes et la présidentielle de 2002. Au cours de cette brève période de succès électoraux, toutes les enquêtes d’opinion du CSA et de l’IFOP donnaient un profil atypique de l’électeur de CPNT.

Contrairement à l’idée reçue du chasseur, qui serait le principal électeur de CPNT, seuls 30% des 1,3 millions de chasseurs reconnaissaient avoir voté un jour ou l'autre pour CPNT. De la même façon, la sensibilité originelle des électeurs de CPNT faisait partie d’une autre idée reçue, car jusqu’en 2008, l’électorat CPNT se répartissait à 60% à gauche et seulement 40% à droite. L’électorat CPNT était d'abord et avant tout populaire, composé principalement d’ouvriers et d’employés, loin des clichés sur les patrons du CAC 40 chassant en Sologne ou à l’étranger.

Comment peut-on alors expliquer la quasi-disparition d’un parti à un moment où l’on parle de plus en plus d’écologie, de ruralité et de chasse, et que les électeurs sont de plus en plus versatiles ? L’explication tient en deux faits incontestables. Le premier est la volonté politique affichée depuis 2002 de dépolitiser le dossier chasse en donnant satisfaction au monde de la chasse sur de nombreux points notamment comme défenseurs de la biodiversité et comme partenaires du monde rural. Le second fait est l’émergence du Front National dans le monde rural. En l’espace de quelques années, le FN a compris qu’il avait un potentiel de développement dans toutes les zones rurales qui représentent un électorat potentiel de 20 millions d’habitants.

La dernière cartouche de Frédéric Nihous ?

Cette stratégie de conquête de l’électorat protestataire rural a porté ses fruits et CPNT a continué sa descente aux enfers dans les résultats électoraux, alors que parallèlement, le FN progresse partout. L’accord avec la majorité présidentielle en 2009 a fait le reste en provoquant une hémorragie des cadres et dirigeants du parti, et notamment de ceux qui avaient une sensibilité de gauche. Dans le même temps, les gouvernements successifs de droite se sont engagés dans des politiques environnementales qui associent plus ou moins étroitement les chasseurs.

Il n’y a qu’à regarder ce qui se passe depuis le début de l’année 2011 : pas moins de quatre propositions de loi sont en discussion au Parlement ou au Sénat à propos de la chasse ou des armes de chasse. Cela montre bien que la chasse aux voix des chasseurs est réellement ouverte, bien au-delà de l’électorat de CPNT. Mais l’autre surprise vient aussi du fait que cette course à l’électeur chasseur et rural n’est plus un monopole de la droite, car la gauche s’y met tout autant. C’est sans doute pour cela que la proposition de loi sur la chasse qui a été votée en première lecture à l’Assemblée Nationale l’a été massivement à 534 voix contre 4. Et si tout simplement l’annonce de Frédéric Nihous était un appel du pied très personnel pour que le président de la République le nomme Secrétaire d’État à la ruralité lors du prochain remaniement ?

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