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François Hollande a réalisé la brièveté d'un quinquennat.
François Hollande a réalisé la brièveté d'un quinquennat.
©Reuters

La fugacité du quinquennat

Lors de son interview télévisée du 14 juillet, François Hollande s'est contenté de répéter en quoi son action politique était cohérente, avant de projeter son programme de 2015 et 2016. Mais à mi-mandat, la question qui se pose est de savoir si les réformes économiques lui feront obtenir des résultats suffisants pour qu'il puisse se représenter en 2017... Et ce n'est pas loin.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Troisième quatorze juillet pour François Hollande, et impossible pour le Président de la République d'afficher le moindre satisfecit : il n'y a toujours pas d'amélioration sur le front de l'emploi, bien au contraire ; la croissance est atone et les finances publiques sont toujours dans le rouge (vif)...Un sombre tableau car le temps presse pour François Hollande : le chef de l'Etat est presque à mi-mandat et, dans un peu plus d'un an, la France sera en pré-campagne présidentielle.

Pas facile dans ces conditions d'inviter les Français à la patience quand on sait que la mise en œuvre du Pacte de Responsabilité et de Solidarité, annoncé le 14 janvier, s'avère particulièrement laborieuse, tant du coté du Parlement que du coté patronal et syndical, et qu'on a, auparavant, beaucoup tergiversé, voire mené une politique inverse de celle qui est aujourd'hui revendiquée. Même avec un nouveau Premier Ministre doté de grandes qualités d' "organisation, d'efficacité, et de rapidité". Car les choses ne sont pas simples: le fameux pacte n'est pas un simple donnant-donnant, (crédits contre emplois), comme certains voudraient le faire croire ; il n'implique pas seulement des crédits alloués aux entreprises afin qu'elles embauchent. Ces crédits et baisses de charges, -François Hollande l'a redit, doivent aussi leur permettre d'investir pour l'avenir, pour innover, ce qui signifie pas de créations d'emplois instantanées, ni d'obtention de nouveaux marchés sur le champ. Or François Hollande a mis toutes ses forces dans ce pacte et ne dispose d'aucune marge de manœuvre supplémentaire. Pour rester crédible il ne peut pas se lancer dans de grandes promesses ; tout au plus François Hollande a-t-il pu répéter que plusieurs centaines de milliers de personnes seront concernées par de nouvelles baisses d'impôts à la fin de l'année.

Faute de grain à moudre, il s'efforce de montrer la cohérence de son action en établissant un calendrier des réformes à venir : la santé, l'accompagnement du vieillissement, le numérique, ce sera pour l'année prochaine. Les réformes de société sont programmées pour 2016 : il s'agit de la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature censée renforcer l'indépendance de la Justice  ainsi que du droit de vote des étrangers aux élections locale. Un vieux serpent de mer qui divise la gauche et qui, reconnait François Hollande, "doit être le fruit d'un consensus", autrement dit il lui faut convaincre une partie de l'opposition car ces réformes nécessitent toutes deux une révision Constitutionnelle. Il est peu probable qu'une partie de la Droite, (-il faut trois cinquièmes de voix au Congrès du Parlement pour réformer la Constitution), lui fasse ces cadeaux, surtout en ce qui concerne le droit de vote des étrangers. Mais il importe à François Hollande de rassurer sa gauche et de convaincre l'opinion que "jusqu'à la fin de mon mandat, pas une minute ne sera perdue pour la réforme".

Car la question qui se pose aujourd'hui est : les réformes économiques (- si tant est qu'elles soient couronnées de succès), porteront-elles leurs fruits avant la fin du mandat présidentiel ? Le quinquennat permet-il un changement de cap en cours de mandat ? Certes, François Hollande n'avait pas le choix ; il fallait absolument mettre fin à la dérive des déficits ; en 2012, il a choisi "le choc fiscal", avant d'inventer le Pacte de Responsabilité avec le Président du MEDEF. Mais n'a-t-il pas changé de braquet trop tard ? Il y a quelques semaines François Hollande déclarait en privé que sa candidature n'aurait pas de sens s'il échouait à faire baisser le chômage. Le message a été tellement bien reçu à l’intérieur du PS que quelques impétueux osent parler de primaires. Les amis du Chef de l'Etat ne l'ont pas non plus entendu puisqu'ils commencent discrètement à préparer sa candidature en vue de sa réélection pour être prêts le moment venu. Car, cinq ans, c'est vraiment court pour réformer un pays ! 

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