Editorial
François Hollande plébiscite en Grèce les réformes qu’il est incapable de réaliser en France
Voilà notre Président qui endosse aujourd’hui la politique d’austérité dans laquelle s’est engagé le gouvernement d’Athènes... Un comble !
Faut-il chercher désormais en Grèce la solution aux problèmes que connaît la France aujourd’hui ? François Hollande n’est pas un paradoxe près. Le voilà qui endosse aujourd’hui la politique d’austérité dans laquelle s’est engagé le gouvernement d’Athènes. La France va même lui prêter ses fins limiers de Bercy pour lui apprendre à collecter les impôts qui rentrent si mal dans ce pays. Certains y verront aussi une apologie du réformisme que le chef de l’Etat cherche à inculquer via Emmanuel Macron à une majorité parfaitement indisciplinée pour laquelle la dépense publique représente l’alpha et l’omega de l’art de gouverner.
Car tout indique pour l’instant que les tentatives de changement menées de l’intérieur sont en panne. La dernière revue des dépenses publiques pour trouver de nouvelles économies a permis tout au plus de dégager cinq cent millions d’euros, de sorte que le déficit du pays va continuer de s’alourdir. Alors que tous nos partenaires réduisent leurs emprunts pour financer leurs dettes, la France sera la seule à emprunter en 2016 au moins autant que cette année. Et l’exercice s’avérera encore plus périlleux avec le prochain budget où il faudrait réaliser quatorze milliards d’économies pour respecter les engagements pris à Bruxelles. Les premières indications sur les pistes qui seront explorées montrent que la politique du rabot restera la règle, en s’attardant à des sources de dépenses accessoires sans jamais porter le fer sur les secteurs essentiels. Ainsi, on va grignoter sur les achats des collectivités publiques, la mutualisation des forces hélicoptères, les soins à l’étranger des assurés, les subventions aux associations sportives, autant de niches où les parlementaires viendront ensuite rogner sur les suppressions de crédits annoncées sur le papier.
Une fois de plus, le gouvernement se montrera incapable d’agir, avec le secret espoir de trouver dans un certain retour de la croissance les fonds nécessaires pour limiter les déficits. Pour l’instant, le commerce de détail et les services ont retrouvé un peu de couleur, grâce à la baisse du pétrole qui représentera sur l’ensemble de l’année un gain de pouvoir d’achat de l’ordre de dix milliards. Mais la production de l’industrie manufacturière reste médiocre, alors que nos concurrents se sont remis à investir et risquent de tailler des croupières aux produits hexagonaux. La banque centrale européenne pourrait donner un coup de main, en décidant comme vient de l’annoncer Mario Draghi un nouvel assouplissement de la politique monétaire en décembre, des propos salués jeudi par une vive hausse de la Bourse et l’espoir de relancer nos exportations qui piétinent malgré la baisse de l’euro, en raison d’une diminution de la demande internationale en particulier de la part des pays émergents.
Pour sortir de la stagnation qui caractérise globalement l’économie , il faudrait que la classe politique amorce une véritable révolution, cesse de se cantonner à des guerres picrocholines pour afficher des ambitions réalistes, clairement exprimées, en commençant par éliminer les postures dans lesquelle elle se complait et faire disparaître, ou au moins atténuer la peur viscérale qui étreint une société où tout changement est perçu comme un recul, voire un échec avant même qu’on ait pris la moindre décision. Cela suppose aussi que l’Etat sache où il veut aller et manifeste d’abord une certaine confiance en soi, au lieu de donner trop souvent le sentiment de virevolter entre différents lobbies, ce qui ne peut qu’accroître le doute des citoyens vis-à-vis de son efficacité
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