François Hollande : l'anti-Mitterrand qui a redonné son lustre perdu au PCF et à Jean-Luc Mélenchon<!-- --> | Atlantico.fr
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Le candidat socialiste à la présidentielle François Hollande.
Le candidat socialiste à la présidentielle François Hollande.
©Reuters

1981 à l'envers

En 1981, François Mitterrand avait réussi à siphonner les voix du Parti communiste en gauchisant son discours. François Hollande, par ses approximations, a permis l'émergence d'un élan mélenchonien qui l’empêche maintenant de se rapprocher de François Bayrou.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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Gestuelle empruntée à l’ancien président, débit saccadé et timbre de voix cherchant à imiter les accents mitterrandiens, rhétorique copiée sur celle du fondateur du parti d’Epinay : François Hollande fait tout pour enfiler les charentaises de celui à qui il rêve de succéder, mettant un terme à une présence de la droite à l’Elysée ininterrompue depuis dix-sept ans.

Pourtant, la copie est pâle et l’on peut même se demander si François le second n’est pas en train de liquider définitivement ce que François 1er avait laissé en héritage à la gauche.

La victoire de François Mitterrand en 1981 tint en effet largement à ce qu’il réussit à siphonner les voix du parti communiste, à lui faire perdre un gros tiers de son électorat. Sa tactique avait consisté à étouffer les communistes en les embrassant, à gauchir son discours pour pomper leurs voix. A rebours, François Hollande est en passe de redonner, par ses hésitations, ses approximations et l’opportunisme de ses prises de position virevoltantes, son lustre perdu à un parti communiste mené par le transfuge Mélenchon. Faire les gros yeux à la bourse de Paris pour, en même temps, caresser la City dans le sens du poil finit par irriter à gauche.

Le sondage qui donne désormais 14 % des voix au candidat du Front de gauche montre l’émergence de ce «mitterrandisme à l’envers». Loin d’être une bonne nouvelle pour François Hollande, qui pourrait se dire qu’il élargit ainsi la base électorale qui lui servira au second tour, ce score porte en germe des déconvenues. Trente ans d’efforts sociaux-démocrates menacés !

Car le vent électoral gonfle les voiles de Jean-Luc Mélenchon au lieu de remplir celles de François Hollande. Le Front de Gauche se renforce, plaçant les socialistes dans une position défensive. François Mitterrand, en 1981, avait réussi à bénéficier des voix communistes tout en rassurant le centre puisque la dynamique même de sa campagne éloignait la menace de la «gauchisation» en cas d’accès au pouvoir.

Aujourd’hui, c’est l’inverse : la force retrouvée des communistes et assimilés ne peut que provoquer l’inquiétude de nombre d’électeurs modérés. Et la pusillanimité qu’on ressent chez François Hollande lui donne l'image d'une proie pour une extrême-gauche avec laquelle il aura du mal à traiter sans être bousculé.

Jean-Luc Mélenchon peut forcer François Hollande à faire un grand écart qui provoquera une déchirure musculaire.

Cela commence à se voir avec les écologistes, dont le Front de gauche réclamera assurément le sacrifice si ses voix sont indispensables à la victoire. Entre un parti à 2 % et un autre à 14 %, François Hollande aura vite fait de passer à la trappe l’accord signé il y a quelques semaines à peine avec les Verts.

Plus dangereux pour François Hollande encore, cet élan mélenchonien rendra impossible et impensable une main tendue à François Bayrou et aux centristes. Il faudra choisir, en moins d’une semaine, dans l’entre deux tours, entre l’extrême-gauche et le centre.

La chose risque d’être d’autant plus délicate que les communistes d’aujourd’hui - et Jean-Luc Mélenchon encore davantage - sont bien placés pour savoir à quel point il leur faudra se méfier des promesses socialistes. Les négociations entre eux seront terribles.

En définitive, une élection présidentielle, au deuxième tour, se gagne au centre. Quand la dynamique de la campagne vous déporte vers l'extrême-gauche, la posture devient difficile à tenir.

Cette poussée gaucho-frontiste, symétriquement, simplifie l’équation de Nicolas Sarkozy. Un Modem affaibli pourrait revenir à la raison et au bercail du centre-droit face à l’épouvantail d’une résurgence des idées crypto-communistes.

Reste au président-candidat à tendre la main à François Bayrou, dont le parti survivrait difficilement à la victoire d’une gauche reconstruite dans la radicalité, succès provoquant en retour une radicalisation de l’opposition vers la droite.

Décidément, cette élection présidentielle de 2012, terne à ses débuts, devient  passionnante par ses rebondissements !

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