Hollande : après l'état de grâce, 100 jours pour faire oublier la gauche molle<!-- --> | Atlantico.fr
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7 000 personnes sont attendues pour l'investiture de François Hollande, un show qui s'inspirera du lancement de la campagne de Sarkozy en 2007.
7 000 personnes sont attendues pour l'investiture de François Hollande, un show qui s'inspirera du lancement de la campagne de Sarkozy en 2007.
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Flanby contre bling bling

Le publicitaire Jacques Séguéla dispense ses conseils à François Hollande pour une campagne longue. Il est officiellement intronisé ce samedi à la Halle Freyssinet, à Paris. 7 000 personnes sont attendues pour un show qui s'inspirera du lancement de la campagne de Sarkozy en 2007 plutôt que de "l'Inauguration Day" de Barack Obama.

Jacques Séguéla

Jacques Séguéla

Jacques Séguéla est un publicitaire, cofondateur de l'agence de communication RSCG en 1970 (absorbée par le Groupe Havas en 1996). 

Il s'est impliqué dans la communication de nombreuses personnalités politiques.

Il a récemment publié Le pouvoir dans la peau, Plon, 2011.

Voir la bio »

Atlantico : François Hollande vient d’être officiellement intronisé pour représenter le Parti socialiste en mai prochain. Quel est selon vous la principale difficulté pour le candidat dans cette longue campagne qui ne terminera que dans près de huit mois ?

Jacques Seguela : On a affaire d’un côté à un candidat qui part pour un marathon et de l’autre côté, un candidat qui se réserve pour le sprint. Si on comparait Hollande à un boxeur, il sera seul pendant 100 jours jusqu’au 1er février (la date d’engagement du président Sarkozy s’il décide de s’engager), durant lesquels il sera obligé de boxer contre son ombre. Il aura des sparing partners comme les ministres ou d’autres personnalités de droite... Mais son premier adversaire ne sera pas là. Tyson ne sera là que le 1er février et pourra asséner un crochet dès son arrivée !

Tout le problème de Hollande est d’utiliser ces 100 jours pour s'aguerrir, se protéger et faire oublier son côté Flanby - et il n’y arrivera pas parce que son côté mou est aussi collant que le “Bling Bling” supposé de Sarkozy. Il devra tout faire pour acquérir une certaine stabilité. Ce qu’il a commencé à faire dès le lendemain de sa victoire en allant voir l’ancien président Lula et Jose-Luis Zapatero à Madrid.

Il va devoir aussi meubler une aussi longue absence. C’est un peu une sorte de traversée du désert médiatique parce qu’il va être seul et qu’il a déjà beaucoup saturé les médias. D’ailleurs, son envolée dans les sondages n’est due qu’à une surmédiatisation. Dans ce cas, cela pourrait se dégonfler un peu étant donné que l’écart entre les deux est disproportionné. Il pourrait être entraîné dans une spirale descendante très dangereuse...


Alors conseilleriez-vous à François Hollande d’hiberner durant ces 100 jours ?


Non, non. Je lui conseillerais de se méfier de trop de Mitterrandisation car nous ne sommes pas en 1988. Il ne faut pas croire que la campagne se fera sur les derniers mois. Je lui conseille de voyager, d’écrire et de s’entourer. Bref de se préparer et de ne pas laisser retomber les médias. En effet, toute personne qui a trop parlé est accusé de mort de médiatique si elle se tait trop longtemps.



Vous avez conseillé Mitterrand en 1981 et 1988. Lui aviez-vous conseillé en 1988 de partir le plus tard possible dans la course à la présidentielle ?

Non, c’était très différent. Cela tenait à sa condition médicale. Il craignait une récidive du cancer et ne voulait surtout pas mourir à l’Elysée. D’ailleurs, au début il m’avait demandé de lui faire une affiche pour Rocard... Mais qui puisse lui servir ! Cela a donné “Génération Mitterrand”. C’est pour cela qu’on ne voit pas de portrait... Mais une main  qui pouvait être aussi bien celle de Mitterrand que de Rocard. on voyait aussi ma petite fille, Lola qui avait un an...
Une fois assuré le 15 janvier 1988 que sa santé allait tenir, il s’est engagé définitivement. A l’époque, il existait la publicité qui entretenait le suspense. C’est alors que j’ai demandé à Gérard Depardieu, un ami très proche de Mitterrand de chantonner “Ne nous quitte pas !”. Et puis Renaud a continué en disant “Tonton, laisse pas béton”. Et puis Pierre Bergé a créé le Club des “ne nous quitte pas”, qui rassemblait ceux qui voulaient que Mitterrand s’engage ! Toute cette série de manifestations et d’organisations faisaient que le suspense était maintenue en permanence...


Pensez-vous que François Hollande pourrait utiliser ces nombreux relais dans le spectacle pour faire ce teasing ?

Cela peut servir. Mais le public accepte de moins en moins que les artistes sortent  de leur rôle pour entrer en politique. Et cela se retourne généralement contre les artistes eux-mêmes. Et cela n’aide pas beaucoup les politiques. On a d’ailleurs vu que durant la campagne des primaires, Hollande n’avait aucun soutien parmi les artistes. Au contraire, Martine Aubry les a affichés. Cela n’a pas servi. Méfions-nous des comités de soutien ! Cela marchait avant la pipolisation des politiques. Aujourd’hui, cela sonne un peu faux.  Mon conseil à Hollande serait de s’afficher tout seul ! Une campagne c’est un duel homme à homme, projet contre projet et nouvelle société contre nouvelle société.

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