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François Hollande et Marine Le Pen grimpent ensemble dans les sondages ! Vous avez dit bizarre ?
©Reuters

Non ils ne se sont pas pacsés

Le président de la République enregistre un net regain de popularité. La présidente du Front National aussi. Étrange ?

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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A lire les sondages on serait tenté de penser que les Français sont schizophrènes. Que la situation leur échappant ils ne savent plus à quel saint ou à quelle sainte se vouer. En effet comment expliquer que la même tragédie profite – en terme d'image – à deux personnes que tout oppose ? Le paradoxe n'est qu'apparent. Rassurons aussitôt les sympathisants socialistes et frontistes : le président et la présidente ne forment certainement pas un couple.

François Hollande a su rapidement réagir avec une fermeté inattendue (inattendue venant d'un homme marqué à gauche) à l'abominable tuerie qui s'est déroulée à Paris le 13 novembre. La traque implacable des assassins, la proclamation de l'état d'urgence, le mot guerre enfin employé, des perquisitions en rafale dans les cités, l'annonce de déchéances de nationalités, la fermeture des mosquées les plus haineuses. Les Français lui sont reconnaissants.

Mais cette reconnaissance n'est pas plus durable que celle accordé à un flic venu fluidifier la circulation au milieu d'un embouteillage monstre. Reconnaissance instantanée et éphémère. La progression de Marine Le Pen s'enracine, elle, dans la durée. Car dans ses discours elle n'a cessé de pointer les causes de l'embouteillage : trop, beaucoup trop de voitures… Le problème avec elle c'est qu'elle en vient à détester toutes les voitures.

"La popularité grandissante du président ne nous profite pas" se lamentait il y a deux jours une élue PS de la région PACA anticipant sur la défaite socialiste annoncée. Tout était dit. Ce n'est pas parce que dans la tempête François Hollande a su être autre chose qu'un capitaine de pédalo que la gauche ne va pas sombrer. Des années d'un insupportable déni de la réalité. Des années de "non ce n'est pas l'islam". Des années de "pas d'amalgame". Ainsi on a enraciné dans le cœur et les tripes de ceux à qui on a menti un terrible ressentiment. Une colère qui pousse à adhérer aux propos d'une femme en colère, Marine Le Pen.

Dans une telle situation les excès verbaux du Front National ne lui sont pas dommageables. En même temps la gauche reste la gauche avec son refus de nommer la réalité. Et François Hollande, tout bon flic qu'il s'est montré en ces jours de sang, n'échappe pas à cette malédiction volontaire. Agir sans dire pourquoi on agit, contre qui on agit, sur quel terreau ont poussé les mauvaises herbes du terrorisme islamiste n'offre en rien une vision globale et cohérente de ce qui nous menace.

Pour comprendre d'où viennent ces œillères prenons une phrase d'Olivier Roy, un des plus connus des islamologues français. Comme certains il est tombé amoureux de l'objet qu'il étudie. Et il a eu cette formule facile, preuve d'un pathétique aveuglement : "il n'y a pas de radicalisation de l'islam mais une islamisation de la radicalisation". Et de se réfugier derrière les Brigades Rouges, la Bande à Baader et Action Directe pour dire qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Et surtout pour nier l'évidente dimension ethnico-religieuse du terrorisme islamiste. Olivier Roy est de gauche.

La vérité a été dite par quelqu'un, l'écrivain Olivier Rollin, qui heureusement n'est pas spécialiste ce qui lui permet de voir et de dire ce que tout le monde peut voir. Exaspéré par le "non ce n'est pas l'islam" il a usé d'une formule honnête ce qui n'est pas le cas d'Olivier Roy. "L'islam a le même rapport avec l'islamisme que le corps a avec la maladie qui le ronge". Non Olivier Rollin n'est pas encarté au Front National.

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