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Non, ce n'est pas normal 
un président "normal" !
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Présidentielle 2012

François Hollande s'est présenté comme un candidat "normal" à l'élection présidentielle. Mais la "normalité" doit-elle réellement faire partie des qualités d'un Président ?

Christian Millau

Christian Millau

Grand reporter, critique littéraire notamment pour le journal Service Littéraire, satiriste, Christian Millau est aussi écrivain.

Parmi ses parutions les plus récentes : Au galop des hussards (Grand prix de l'Académie française de la biographie et prix Joseph-Kessel), Bons baisers du goulag et aux éditions du Rocher,  Le Petit Roman du vin, Journal impoli (prix du livre incorrect 2011), Journal d'un mauvais Français (21 avril 2012) et Dictionnaire d'un peu tout et n'importe quoi (Rocher, 2013)

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Après avoir menti tout au long de leur vie active, les hommes de pouvoir tiennent à mentir une dernière fois en écrivant leurs Mémoires. Jacques Chirac, un peu moins que d’autres, reconnaissons-le, après avoir refermé l’opus que vous savez. Il est vrai que sur le parcours du mensonge, notre Valeureux avait une sacrée avance et peut donc à présent s’offrir le luxe de balancer quelques aménités poudrées à l’arsenic, même s’il ne le fait que du bout du fusil, sans s’attarder sur le gibier dézingué.

Mais, au fait, est-il raisonnable qu’un chef d’État se mette à parler "libre", en citoyen "normal" ? Que fait le type normal, s’il y en a, quand un abruti l’insulte en public ? Il lui en colle une bonne ou bien l’envoie se faire foutre d’un "casse toi, pauvre con", non ?  Et quand un jeune, casquette à l’envers, "défavorablement connu des services de police", lui souhaite la bienvenue d’un "va t’ faire enculer, connard ! Ici, t’es chez moi" ou bien qu’un autre délicieux Eliacin à qui, poliment, il tend la main, lui crache à la gueule : "Ah non, touche moi pas ! Tu me salis !", il répond quoi,  je vous le demande ? Quelque chose comme un  "Vraiment enchanté de faire votre connaissance" ?

Il n’y a que le gentil François Hollande pour croire innocemment qu’un président de la République peut être un homme comme les autres. Un monsieur – ou une madame – qui dort à l’Élysée et peut d’un geste, à son petit déjeuner, déclencher le feu nucléaire ou, à tout le moins, virer son Premier ministre, a peu de chances d’être jamais normal. Il lui faut donc composer avec la fonction, ravaler sa dignité offensée, arborer un visage béat d’innocent du village et, une fois pour toutes, mettre son mouchoir par dessus les mots de tous les jours qui lui brûlent le gosier.

Pour la première fois, me semble-t-il, dans l’histoire de la République, un chef d’État, pourtant doté de l’intelligence la plus vive, n’a pas compris qu’il est dangereusement anormal de se comporter en homme normal. Nous avons tous le droit de fêter un heureux événement au Fouquet’s (quoique, point de vue bouffe, nous connaissons mieux) et aller ensuite faire un tour sur l’eau dans la barcasse de 48 mètres de long d’un copain plein aux as. Tous, sauf lui.

S’il ne comprend pas cela, il y a de fortes chances pour qu’il lui arrive des bricoles.

Nous ne l’avons pas élu pour qu’il nous ressemble. Nous l’avons choisi  pour qu’il nous mente.

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