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Le beau discours de François Hollande ne restera-t-il qu'un beau discours ?
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Dimanche télé

Pour Sophie de Menthon, le candidat socialiste a incontestablement réussi sur la forme un beau lancement de campagne. Sur le fond, le candidat socialiste fait-il montre de naïveté ou de prétention lorsqu'il parle de ses méthodes pour combattre la financiarisation du monde ?

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Avant d’être de gauche ou de droite nous sommes spectateurs et consommateurs de notre vie politique, et de ce point de vue là ,la prestation de François Hollande fut franchement réussie. Il y a déployé toute l’énergie dont on doutait qu’il fut capable  au service  de sa volonté de convaincre et de sortir de l’image bon enfant ,un peu ramollo sur les bords, qui lui colle à la peau.

C’était un « beau  discours » dans tous les sens du terme, au sens propre comme au sens figuré.

Beau discours parce que généreux, beau discours parce qu’il a su jouer des vibratos nécessaires pour susciter l’indispensable émotion, beau parce que simple. Fait à la maison a-t-on envie  de dire, ce discours là ne sortait pas de chez le traiteur, pas de chef cuisinier pour trouver les phrases qui resteront dans l’histoire, les envolées restent modestes même si quelques formules font mouche comme: «  la France n’est pas un problème,  la France  c’est la solution» . Juste ce qu’il faut, une simplicité de bon aloi.

Un « beau discours » au sens figuré car cela risque de le rester. Au fond de soi, on y voit une désespérante naïveté ou une prétention inquiétante que le seul optimisme ne peut  suffire à expliquer.  David et son lance pierres contre le Goliath de la financiarisation; le monde entier à convaincre et à ramener à la justice. En plus, chacun peut en ressentir une certaine fierté car tout cela se fera grâce à nous, par la grâce du vote (massif) qui donnera des ailes au nouvel élu et le transfigurera;  c’est ainsi a t il parié, qu’Angela Merkel changera d’attitude, que les paradis fiscaux deviendront de vrais paradis, avec fisc, etc.

La fortune sourit aux audacieux certes, sauf que là on n’a plus intérêt à faire fortune, c’est mal vu et ce sera taxé, qu’on se le dise… Adieu les méchantes stocks options, on épargnera les gentilles parce qu’elles bénéficieront aux seules start -up . Nous entrons dans un monde de  justice et l’on reconnait là clairement l’inspiration venue de Ségolène, (un peu pincée au premier rang, on la comprend) François a quand même beaucoup copié : la ferveur qu’il tente de communiquer, le mot « juste «  à toutes les sauces. Mais soyons beaux joueurs c’est aussi ce qu’on a envie d’entendre, on voudrait que ça marche et y croire avec la même sympathie que  celle que Forest Gump a éveillé dans le spectateurs que nous sommes.

Dans la salle, les méchants financiers truands sont hués par la foule et les bonnes intentions applaudies à tout rompre. Il faut dire que tous y trouvent leur compte, les obscurs, les sans grades, les pauvres, les immigrés, les jeunes, les entrepreneurs, les cultivateurs, les femmes... seuls ont vraiment du souci à se faire quelques banquiers qui ont intérêt dès ce soir à préparer la scission  de leurs établissements, crédit d’un coté,  spéculation  de l’autre; ça rassure, ainsi que le doublement de notre livret A , pour la bonne cause. Un frisson d’inquiétude tout de même parce que 60 000 fonctionnaires de plus pour l’Education nationale, on avait peur que ce soit trop, il a dit que cela risquait de ne pas suffire !

Au delà de la caricature de toutes ces déclinaisons aussi louables qu’utopistes, on peut considérer que cette entrée en campagne est réussie. On a évité le systématique dénigrement de Sarkozy qui s’est fait tout en finesse, sans jamais le citer; François Hollande a le mérite d’être un homme élégant comme il a su l’être avec les Chirac.

Les opposants ont des inquiétudes à avoir car les Français attendent bien sur le fond ce que raconte ce beau discours, tout ce que François Hollande a évoqué : la critique d’un monde dont ils ont peur, un monde d’argent dont il  se sentent exclus,  tout y passe les logements, l’insécurité, et même la distance pour aller travailler (elle sera réduite à 30 minutes maxi ; trop beau!) un monde dans lequel Thierry La Fronde mettrait  de l’ordre .

Tout cela fut fort habilement dit, en précisant qu’il ne s’agissait pas de promesses! De même, ce rêve français qu’il souhaite pour le pays  a t il précisé, n’est pas un rêve, mais il faut tout  de même rêver pour que  ce rêve  devienne réalité.

Tout dans la subtilité… d’un joueur de flûte ?

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