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Censure ? Comment France Culture 
déprogramme une émission 
sur le génocide vendéen 
à la dernière minute
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Radio gaga

France Culture a décidé de déprogrammer une émission déjà enregistrée et annoncée. Il s’agissait de l’interview de Reynald Seycher, invité à venir présenter son récent livre consacré au génocide vendéen. Éclairage de l'intéressé.

Reynald Secher

Reynald Secher

Reynald Secher, docteur ès lettres, écrivain, scénariste, est l'auteur du concept de mémoricide, quatrième crime de génocide.

Il est l'auteur, entre autres, de La Vendée-Vengé : Le génocide franco-français, Librairie Académique Perrin

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Question d’Éthique est l'une des émission phares de France-culture animée par Monique Canto-Sperber qui choisit en conscience ses invités et les propose à France-Culture qui les agrée. Suite à la lecture de mon livre : Vendée du génocide au mémoricide (qui vient d’être publié par les éditions du Cerf) elle m'a invité à participer à une émission qui devait être diffusée le 23 février 2012, à 15h30.

Mais voilà : l’émission a été déprogrammée au dernier moment, sans aucune explication et remplacée in extremis par un autre sujet relatif à la Hongrie avec comme invitée Antonela Capelle-Pogacean. Pour en savoir plus, on m'a demandé de dire précisément ce qui s’était passé.

Madame Canto-Sperber a fait appeler par son attachée, madame Marie Dalquier, ma maison d’édition qui m’a transmis l’invitation que j’ai acceptée.

L’émission devant être pré-enregistrée, un rendez-vous a été pris pour le 16 février à 17h à la maison de la radio. J’ai dû m’organiser en conséquence d’autant que j’habite Rennes, tous les frais de déplacement, bien entendu, étant à ma charge.

À l’heure au rendez-vous, madame Canto-Sperber et son assistante m’ont aimablement conduit au studio d’enregistrement.

Comme veut l’usage, madame Canto-Sperber a mené le débat - ce qu’elle a fait avec intelligence et perspicacité. Grosso-modo, l’interview s’est orientée vers quatre thèmes : les causes du soulèvement de la Vendée, la guerre civile, l’extermination proprement dite, les méthodes et les bilans. Entre autres, j’expliquais que le système d’extermination conçu, programmé et mis en œuvre par le Comité de Salut public aurait pu s’arrêter le 18 octobre 1793.

Les Vendéens, fracassés lors des batailles de Beaupreau et de Cholet par les armées bleues qui appliquent à la lettre la politique d’extermination, sentent que la situation a évolué et que s’ils restent sur la rive gauche de la Loire ils sont condamnés, femmes et enfants compris. Ils décident alors de traverser la Loire à Saint-Florent-le-Vieil, ce qu’ils font le 18 octobre. Mais que faire des 5 000 prisonniers républicains qu’ils ont. Leur général, Bonchamps, agonisant, décide de les gracier et de les libérer ce que les Vendéens font.

Le Comité de Salut public, apprenant cette nouvelle, est furieux : comment justifier sa politique d’extermination et d’anéantissement des Vendéens si ceux-ci gracient et libèrent les prisonniers républicains ? Le Comité exige des soldats le silence et un mensonge qui consiste à dire qu’ils ont été libérés par les Bleus et qu’ils ont été maltraités par les Vendéens. Qui plus est, il demande à ces soldats de réparer la faute qu’ils ont commise, d’avoir acceptés cette grâce et cette libération en massacrant non seulement leurs libérateurs mais aussi leur famille, ce que ces soldats font pendant quelques semaines, entre autre dans un lieu dit circonvoisin : le Marillais.

J’en ai profité pour lire dans son intégralité une lettre du général Carnot, écrite le 25 juillet 1794, prescrivant l’extermination des femmes et des enfants.

Comme une seconde émission devait être enregistrée sur la Hongrie avec comme invitée d’Antonela Capelle-Pogacean, madame canto-Sperber m’a fait accompagner par son assistante qui m’a précisé que l’émission était programmée pour le 23 février à 15H30. France-Culture a d’ailleurs annoncé cette émission sur son site.

Ce n’est que la veille, que nous avons constaté qu’il y avait un problème suite à l’appel d’un auditeur qui avait remarqué que l’intitulé de mon émission avait changé même si mon nom restait sur le site.

Comme tous les auditeurs, je n’ai pu que constater le retrait de l’émission.

Pour en comprendre les raisons, j’ai sollicité à maintes reprises par mail madame Marie Dalquier : à ce jour, je n’ai jamais reçu de réponse.

En clair :

J’ai été invité à une émission. Je m’y suis rendu à mes frais. J’ai répondu à des questions précises, sans jamais sortir de mon sujet et en reprenant exclusivement ce qui était écrit dans mon livre. L’émission a été déprogrammée sans me prévenir.

Jamais je n’ai eu la moindre explication par rapport à cette déprogrammation que ce soit de madame Canto-Sperber, de son assistance Marie Dalquié ou de la chaîne.

Je pense qu’une des causes de cette déprogrammation a été la lecture de la lettre du général Lazare Carnot, vu comme un des grands héros de notre mythologie et qui de nos jours serait passible du tribunal de la Haye pour crime de génocide. Je vous communique cette lettre :

“Le Comité de salut public aux représentants du peuple près l’armée de l’Ouest.

Nous vous renvoyons, chers collègues, une lettre des membres de la commission militaire séante à l’île de la Montagne par laquelle vous verrez à quel excès de malveillance est porté l’abus d’une proclamation faite par les agents privilégiés à la surveillance des récoltes. Où donc a-t-on pris que le gouvernement voulait faire grâce aux auteurs fauteurs et organisateurs des outrages faits à la souveraineté du peuple dans la Vendée ? Hâtez-vous au contraire chers collègues de livrer au glaive vengeur tous les promoteurs et chefs de cette guerre cruelle et que les scélérats qui ont déchiré si longtemps les entrailles de leur patrie reçoivent enfin le prix de leurs forfaits. Les femmes, les enfants et les vieillards, les individus entraînés par la violence ne méritent pas sans doute le même sort que les monstres qui ont ourdi la révolte, qui l’ont servie de leur volonté comme de leurs bras, et l’on pourrait prendre à leur égard des mesures de sûreté moins rigoureuses, mais ce serait abandonner le pays aux horreurs d’une guerre nouvelle et la vie des patriotes à la merci des brigands que d’user envers ceux-ci d’une indulgence absurde et meurtrière. Vous voudrez donc bien, sans perdre un moment, chers collègues, ordonner que la justice révolutionnaire reprendra son cours et ne pas perdre de vue que nous n’avons qu’un seul but : celui de terminer enfin l’horrible guerre de Vendée.”

Archives nationales (C.A.R.A.N. AFII/269/2267/7)

Note de la rédaction : Informée de la publication de cet article, Monique Canto-Sperber a contacté Reynald Secher, surprise que France culture ne l'ait pas prévenu de cette déprogrammation. Elle s'est engagée à ce que l'émission soit reprogrammée en avril, couplée à l'intervention d'un historien réfutant les théories de Reynald Secher.

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