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Football : talentueux, timide, génial... oui, mais Messi peut surtout devenir un caïd roi de la roublardise quand il se sent menacé dans le vestiaire
©Reuters

Bonnes feuilles

Lionel Messi, dribbleur, passeur et buteur hors pair, est devenu l’un des meilleurs joueurs du monde. Pourtant, rien ne semblait prédestiner le jeune et timide Argentin à devenir l’idole des stades. "Insubmersible Messi" explore la carrière hors du commun de ce géant, détaille son ascension dans son club de toujours puis en équipe nationale d’Argentine, et jette la lumière sur les zones d’ombre qui subsistent autour de lui. Extrait de "Insubmersible Messi", d'Alexandre Juillard, Solar Editions (2/2).

Alexandre Juillard

Alexandre Juillard

Alexandre Juillard, correspondant du journal L’Équipe pendant six ans en Argentine, connaît mieux que personne les joueurs argentins. Il est l’auteur d’une biographie sur Diego Maradona.

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Le problème de Leo a un nom : il s'appelle Zlatan Ibrahimović. L'attaquant suédois, qui a été ardemment désire par Guardiola, prend trop de place. "La Puce" argentine se sent menacée. L'entraineur barcelonais, qui, une année auparavant, avait donné son feu vert à Messi pour participer aux jeux Olympiques, commence doucement à le comprendre. Leo n'est pas dans son assiette. Il vient d'enchaîner une série de pâles prestations alors qu'Ibrahimović crève l'écran.

Le projet de vie de l'Argentin bat de l'aile. Celui de mener une vie tranquille à Barcelone au sein d'un club dans lequel il n'a pas à lutter pour être un leader incontesté. Depuis l'arrivée d'Ibra, son pouvoir vacille. Il a la désagréable sensation que son statut d'attaquant de référence du club peut être remis en question. Leo se croyait pourtant intouchable après avoir poussé Samuel Eto'o vers la sortie et aimablement phagocyté Bojan. Les nouveaux attaquants qui débarquent au Barca doivent marcher sur des œufs et ne surtout pas froisser ou menacer la star argentine.

C'est pour cette raison que lorsque David Villa, meilleur buteur de l'Euro 2008 et Soulier d'argent de la Coupe du monde 2010, arrive au Barca, les dirigeants du club le préviennent : "Ecoute, David, si tu veux réussir au Barca, ne rivalise surtout pas avec Messi, lui conseillent-ils. N'essaie pas de dribbler plus que lui ou d’inscrire plus de buts que lui."

Le message est clair. Mais Villa, buteur et compétiteur-né,  a du mal à le prendre au pied de la lettre. Au début de son aventure barcelonaise, il ne se pose pas de questions et joue comme s'il était la star de l'équipe. "Il a essayé, c'est vrai, mais après quatre entrainements, il a fini par comprendre ", assure un homme influent du club. Il a rapidement pris conscience que Messi est intouchable et que son statut de star du club est indiscutable. Alors, il se plie aux règles et quelques semaines plus tard, David Villa dévoile à Luis Martin, journaliste d'El País, toute l'admiration qu'il porte à Leo : "Il est exceptionnel, déclare-t‑il. Et comme le répète souvent Guardiola, les mots ne suffisent pas, car il faut le voir pour le croire. Moi, je n'ai jamais vu ça de ma vie : un jour, tu le vois réaliser des choses exceptionnelles à l'entraînement ou en match et tu te dis que c’est vraiment un génie. Mais le lendemain, il te surprend à nouveau et fait quelque chose d’encore plus exceptionnel. Leo est un type très humble. Son succès ne lui est pas monté à la tête [...]. Messi est, en plus, un bon coéquipier, un mec sympa et solidaire C'est un plaisir de partager le vestiaire avec lui."

L'ex-attaquant de Valence finit pourtant, entre deux éloges, par avouer que jouer avec Messi n'est pas toujours facile. "C'est un joueur très exigeant, il faut être vraiment concentré et attentif lorsqu'on évolue à ses côtés, car tout est possible avec lui. Il faut le suivre, car il est capable de sortir une passe de nulle part et, après une accélération, de créer des espaces dans la défense adverse. Et il faut être là, toujours là à ses côtés. Il inscrit beaucoup de buts, mais son rôle sur le terrain ne se limite pas à ça : il redescend pour donner un coup de main en défense ou pour la remontée du ballon, il est généreux dans l'effort et dans le jeu, et il délivre un nombre élevé de passes décisives. C'est merveilleux de jouer avec lui et à son contact, j'ai vraiment l'impression d’avoir appris beaucoup de choses. Plus tard, je pourrai dire : “Oui, j'ai joué avec Leo Messi."

Ibrahimović pourrait également le dire, mais il ne le fera jamais. Le géant, talentueux et puissant attaquant suédois ne s'est pas vraiment senti aimé en Catalogne. Peut-être parce que l’un des transferts les plus élevés de l'histoire du club (69 millions d’euros) a un ego et un talent proportionnels à son prix. Il était venu pour triompher, mais le courant n’est jamais vraiment passé. Il est vite devenu un corps étranger dans le vestiaire du Barca. Comble du comble, le Suédois avait demande le même salaire que Messi et exigé de jouer au centre de l’attaque. "Tu n'as pas de burnes ! Tu t'écrases devant Mourinho", aurait-il lancé à son entraîneur quelques jours après la cruelle défaite face à l'Inter en demi-finale de la Ligue des champions. C'est ce que le géant suédois assure dans son autobiographie. Ibra aurait sermonné Pep lors d'un match face au Villarreal au mois de mai 2010. Un match durant lequel il est reste cantonné sur le banc du remplaçant avant d'en sortir quelques minutes seulement avant le coup de sifflet final. Dans son livre, Ibrahimović avoue également que les choix tactiques de Pep Guardiola ont précipité son départ du club. L'entraîneur espagnol avait en effet décidé de confier le poste d'attaquant axial à Leo, au nez et à la barbichette d'Ibra : "Il a toujours voulu faire plaisir à Messi, alors que moi, il ne m'a jamais valorisé".

Extrait de Insubmersible Messi, d'Alexandre Juillard, chez Solar Editions

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