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Athletic Bilbao - Manchester United: quand le football "terroir"
terrasse le football dollar
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Aupa Athletic !

L'exploit de Lionel Messi contre le Bayer Leverkusen (5 buts dans le même match) a logiquement occulté une autre fantastique performance, bien plus symbolique pour le football européen. L'Athletic Bilbao, club évoluant en première division espagnole uniquement constitué de joueurs basques, est parvenu à battre Manchester United chez eux, dans l'enceinte d'Old Trafford.

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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L’Europe du football s’est extasiée cette semaine sur la performance de Barcelone en général et de Lionel Messi en particulier, le club catalan ayant transformé le Bayer Leverkusen en charpie avec un exploit unique réalisé par le prodige argentin : marquer 5 buts en un match. La chose pourrait paraître facile face à un club amateur en « Copa del Rey » mais a été réalisée en 8ème de finale de Ligue des Champions contre un grand club européen, excusez du peu. En Novembre 2010, le Barça, en faisant exploser le Real 5-0 au Camp Nou, avait réussi une « Manita ». Mercredi dernier, Lionel Messi s’en est offert une pour lui tout seul face aux Allemands.

La performance réalisée par l’Athletic Bilbao hier au soir à Old Trafford (victoire 3-2), mérite à mon avis qu’on s’y attarde un peu plus tant la performance des Basques fût énorme au niveau du résultat et magnifique au niveau du jeu, preuve que David peut toujours vaincre Goliath et que l’argent ne fait toujours pas le bonheur, du moins dans le football (Dieu merci d’ailleurs). Tout oppose en effet ces deux clubs à commencer par leur chiffre d’affaires : 350 millions d’euros pour Manchester United (3ème rang mondial derrière le Real et le Barça) contre 60 millions pour l’Athletic (9 ème rang de la Liga). Leurs stades respectifs sont tout aussi disproportionnés : 75 000 places à Old Trafford contre 39 000 pour San Mames. Enfin, la composition des équipes est tout autant aux antipodes : Joueurs venus du monde entier pour les Red Devils (au coup d’envoi, les joueurs présents sur le terrain avaient vu le jour sur 4 continents différents) tandis que l’Athletic Bilbao est composé uniquement de joueurs… basques !

Ainsi, les statuts du club stipulent : "Notre philosophie sportive prévoit que seuls les joueurs ayant été formés dans notre centre de formation ainsi que les joueurs formés dans les centres de formation du Pays Basque qui se situent au sein des provinces de Bizkaia, Gipuzkoa, Araba, Nafarroa, Lapurdi, Zuberroa et Nafarroa Behera ainsi que, bien sûr, les joueurs nés dans l’une d’entre elle peuvent porter le maillot de l’équipe professionnelle". Afin de marquer plus encore l’identité basque du club, celui-ci a autorisé au cours des années 90 les joueurs ayant au moins un parent basque à porter ses couleurs, ce qui permit à Bixente Lizarazu d’y jouer une saison avant de partir au Bayern Munich. Dans ce club pas de mercenaires, rien que des « gars du pays » fiers de leur maillot et qui se battent jusqu’au bout pour le mener à la victoire. On est bien loin de ces équipes de milliardaires qui ne connaissent que transferts juteux et primes à la signature et qui changent de club comme de chaussures à crampons…

Quand en plus de la « garra » (la gnaque) il y a du talent avec de super techniciens et un collectif mené de main de main de maître par l’entraîneur argentin Marcelo Bielsa, cela donne une performance aussi magnifique que celle de jeudi soir au cours de laquelle, sans un David De Gea (le gardien de but espagnol de Manchester United ) en état de grâce, les basques auraient pu marquer 3 ou 4 buts de plus sur la pelouse mancunienne, ce qui en dit long sur leur prestation.

Le match retour se disputera, c’est certain, dans une ambiance de feu au sein de ce qu’on appelle outre-Pyrénées « la Catedral de San Mames ». Ce stade est le plus britannique, dans sa configuration, des stades espagnols, ceci étant peut-être dû au fait que le club a des origines anglaises, d’où son nom « Athletic ». Mais il ne fera pour l’occasion aucun cadeau aux joueurs du club anglais qui viendront tenter d’y arracher leur qualification.

On peut être sur que le spectacle sera de grande qualité et d’une grande intensité et, dans ce « jeu merveilleux », pour citer Pelé, dans lequel l’argent est devenu Roi, nous serons nombreux à soutenir le « petit poucet local » face à la grande multinationale en chantant : « Aupa Athletic » !

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