Florange sera-t-il le Fouquet's de François Hollande et le Vilvoorde de Jean-Marc Ayrault ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Une pétition demandant la nationalisation du site d'ArcelorMittal de Florange doit être remise à l'Elysée avant le 15 janvier.
Une pétition demandant la nationalisation du site d'ArcelorMittal de Florange doit être remise à l'Elysée avant le 15 janvier.
©Reuters

Encore et encore

Une pétition intitulée "L'Acier lorrain vivra", signée par près de 28 000 personnes et demandant la nationalisation du site d'ArcelorMittal de Florange, doit être remise à l'Elysée avant le 15 janvier par une délégation de l'usine.

Laurent Pinsolle

Laurent Pinsolle

Laurent Pinsolle tient le blog gaulliste libre depuis 2007. Il est également porte-parole de Debout la République, le parti de Nicolas Dupont-Aignan.

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Le 15 janvier, une pétition demandant la nationalisation de Florange à l’initiative des syndicats du site doit être remise à l’Elysée. Ce nouveau développement, bien défendu par Coralie Delaume, démontre que ce dossier symbolique risque d’être l’épine dans le pied du gouvernement pour longtemps.

Le symbole d’un renoncement

En politique, il est des décisions, qui marquent durablement un mandat. Cela avait le cas de Lionel Jospin, quand, premier ministre, il avait renoncé à sa promesse de campagne de sauver l’usine Renault de Vilvoorde. Nicolas Sarkozy, lui, n’a pas pu se défaire de l’image de président des riches, véhiculée par la soirée du Fouquet’s, le séjour sur le yatch de Vincent Bolloré et les baisses d’impôts du paquet fiscalpuis de l’ISF, très favorables aux ménages les plus aisés.

On peut se demander si Florange ne va pas jouer ce rôle pour François Hollande. Bien sûr, aujourd’hui, le site semble sauvé, mais la gestion du dossier et le lourd passif de Mittal font que la solution décidée par Jean-Marc Ayrault ne convainc pas. Et cela est bien logique. Arnaud Montebourg avait menacé de nationaliser le site et évoqué des repreneurs potentiels avant que Mittal n’emporte la décision, signifiant un recul du gouvernement dans son bras de fer avec l’industriel.

Car l’option Mittal est fortement contestée. Tout d’abord, l’industriel indien n’a pas tenu ses promesses dans le passé et a fermé le site de Gandrange, malgré la pression de Nicolas Sarkozy, venu plusieurs fois sur le site, avant et après son élection. Mais surtout, le court accord obtenu par Matignon a déjà été remis en questions puisqu’il évoquait la participation au projet Ulcos, et que, quelques jours après, Mittal a annoncé le retrait de la candidature de Florange au projet européen…

Le renoncement à deux plans B

En fait, pour sauver durablement Florange, le gouvernement avait deux solutions. La première consistait à mettre en place, comme le font les Etats-Unis, des mesures pour protéger leur production d’acier et assurer des débouchés rentables à Arcelor-Mittal, alors qu’aujourd’hui, une partie de la production de Florange est soumise à la concurrence d’importations d’aciers à bas coûts. Mais cela supposerait un 180° idéologique sur les questions économiques, auquel le PS n’est pas prêt.

La deuxième option consisterait à revendre le site à un autre industriel. Mais là, Mittal complique la tâche du gouvernement en ne voulant vendre que les activités les moins profitables pour garder celles qui rapportent le plus. Du coup, la solution pourrait être une nationalisation temporaire de l’ensemble du site, afin de le vendre dans un second temps à une autre entreprise. Après tout, c’est ce que les Etats-Unis n’ont pas hésité à faire, pour Chrysler (et dans une moindre mesure, GM).

En fait, à l’orgine, il n’aurait pas fallu laisser Mittal racheter Arcelor, ce qui était hautement contestable tant d’un point de vue concurrentiel (les deux entreprises étant alors les deux premiers acteurs du marché) que d’un point de vue de l’intérêt national. Mais aujourd’hui, à défaut de prendre l’option protectionniste, le gouvernement peut encore utiliser la carte de la nationalisation ponctuelle pour sauver ce qui reste de notre sidérurgie.

Avec Aulnay, le feuilleton de Florange risque d’être le symbole des renoncements de François Hollande. Car il y a fort à parier que nous aurons de nouveaux rebondissements. Mittal nous y a habitué. Du coup, comme avec le sparadrap du Capitaine Haddock, il est à parier que Florange continuera à hanter le gouvernement.

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