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Fiscalité et croissance : une autre histoire du quinquennat Hollande
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Récit épique

La fiscalité, et singulièrement l'augmentation de la pression fiscale imposée par François Hollande, a-t-elle torpillée l'économie française en 2012 et a-t-elle sapé le début de reprise dont le pays était le témoin ? À la lecture du cadrage macro-économique présenté par Sapin et Eckert, la question se pose forcément.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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La fiscalité: le coeur d'un programme politique

L'histoire du quinquennat Hollande est d'abord l'histoire d'une augmentation brutale des impôts au nom du "redressement dans la justice". Beaucoup ont oublié cette formulation grotesque de Jean-Marc Ayrault, mais elle fut pourtant au coeur de son discours de politique générale, en juillet 2012.

"Je viens devant vous chargé d'une mission particulière, celle que m'a confiée le président de la République, qui a fixé notre cap : conduire le redressement de notre pays dans la justice"

On en rit encore, et d'autant plus qu'à ce moment, François Hollande a écarté toute idée de réforme fiscale et abandonne séance tenante, dès son arrivée au pouvoir, la revue générale des politiques publiques lancée par Sarkozy pour réformer l'Etat et diminuer les dépenses publiques. Il ne reste donc aucune alternative à l'augmentation des impôts.

Le choc fiscal de la gauche

Dès lors, l'économie française va être soumise à un véritable choc fiscal que le dossier distribué par Michel Sapin illustre parfaitement:

Comme on le voit sans difficulté, l'arrivée de la gauche se traduit par une augmentation du taux de prélèvement fiscale de 2 points de PIB, soit 40 milliards €. En 2013 et 2014, cette augmentation culmine d'ailleurs à 2,2 points par rapport à 2011, à 3,8 points par rapport à 2009, soit près de 80 milliards de prélèvements publics supplémentaires en l'espace de 4 ans.

En 4 ans, ce sont plus de 1.000 euros par Français et par an qui sont engloutis dans la dépense publique, sans que ces Français ne mesurent concrètement quelle amélioration du service est proposée en contrepartie.

L'impact du choc fiscal sur l'emploi

Il est évidemment très tentant de mettre en relation ce choc fiscal avec l'évolution de l'emploi sur la même période. Là encore, nos ministres ont distribué un graphique qu'il est tellement tentant de juxtaposer au graphique du choc fiscal:

Alors qu'en 2010 et 2011 l'économie française renoue avec les créations d'emplois, l'arrivée de la gauche au pouvoir, et les coups de massue qu'elle inflige aux marges des entreprises, vont casser durablement la dynamique. En trois ans, l'économie française supprime près de 200.000 emplois, et condamne donc les nouveaux arrivants (700.000 personnes par classe d'âge) à connaître le spectre du chômage et du déclassement.

Il faut attendre 2015 pour que l'emploi reparte timidement. Si les entreprises recréent des emplois en effet, ces créations ne suffisent pas à absorber le croît naturel de la population.

L'impact du choc fiscal sur la croissance

Autre rapprochement utile: le lien chronologique entre choc fiscal et stagnation économique. Voici là encore un graphique diffusé par Bercy:

Là encore, on le voit, l'effet est terrible. L'arrivée de la gauche et de son choc fiscal torpillent la croissance pendant trois ans. Ce graphique évite, d'ailleurs, les sujets qui fâchent, puisqu'il oublie de mentionner que la croissance fut de 1,7% en 2011, et de 1,5% en 2010.

Le graphique qui aurait dû être produit était en fait celui-là:

Un bel exemple de stratégie contra-cyclique

Dans les années à venir, le quinquennat Hollande apparaîtra probablement comme un superbe exemple de stratégie contra-cyclique. Si l'affadissement de la croissance est apparu début 2012, avant l'arrivée de la gauche au pouvoir, l'augmentation massive des impôts pratiquée durant l'été 2012 par une loi de finances rectificative a aggravé le phénomène au lieu de l'enrayer.

Démonstration est donc faite qu'une hausse brutale de la pression fiscale sans activation de la dépense publique peut conduire à un choc asymétrique qui dure trois ans.

La dette du service public auprès de la Nation

Le choix d'augmenter fortement les impôts au lieu de diminuer la dépense publique a des origines bien connues. L'électorat de Hollande est d'abord composé de fonctionnaires, et le nouveau président a servi son électorat en lui épargnant la saignée que Sarkozy avait commencé à pratiquer. L'impact de ce privilège est désormais évident pour l'économie française: le pays a mis trois ans à s'en remettre. Et encore n'en est-il pas encore remis.

Trois précieuses années perdues, qui ont favorisé le délitement de notre tissu social et de nos valeurs.

Décidément, les coûts cachés de la dépense publique sont colossaux.

Un article originellement publié sur le blog d'Eric Verhaeghe

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