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Finkielkraut a osé critiquer Marlène Schiappa. Hou le vilain !
©PHILIPPE LOPEZ / AFP

Combat inégal

Comment peut-on s'en prendre à plus faible que soi ? A une pauvre femme sans défense ?

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Alain Finkielkraut a, en visant la secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes, montré un total manque de galanterie. Il lui a reproché de réserver ses flèches aux  seules religions catholique et juive, et jamais à l'Islam. Entre autres déclarations passablement grotesques, Marlène Schiappa en avait fait une, très remarquée, sur la compatibilité du voile à l'école avec la laïcité. 

L'outrage était grand et appelait réparation. Marlène Schiappa a donc "vertement" (cet adjectif flatteur est de Libération) remis le philosophe à sa place. Et voyons ce que ça donne quand un club de foot CFA défie une équipe de première division.  Elle s'est essayée à l'humour et à l'ironie. 

"L'honnêteté m'oblige à dire que j'ai toujours pensé que vous étiez un chroniqueur de télévision… Mais certains de mes amis pensent que vous êtes un grand philosophe, un académicien, un homme de valeurs". Nous sommes loin, très loin de Beaumarchais, de Voltaire ou de La Rochefoucauld. Kolossal finesse! Ricanements nombreux garantis à gauche! T'as vu ce qu'elle lui a mis…

Elle ajoute.  "C'est un honneur pour moi" que d'être l'objet de vos critiques. Vous commentez dit-elle, des "propos rapportés". Elle ne dit pas qu'elle ne les a pas tenus, mais qu'ils sont "rapportés" ce qui leur enlèverait toute pertinence. Marlène Schiappa joue sa partition dans un orchestre philharmonique. Il y a dans cet orchestre des violons, des flûtes, des violoncelles. Marlène Schiappa est à la grosse (très grosse) caisse… 

Mais très vite, il nous faut renoncer à nous moquer d'elle. Car dans sa lettre à Finkielkraut, il y a un passage bouleversant qui ne peut nous laisser insensibles. "Vous avez choisi comme cible de vos attaques la benjamine du gouvernement, issue de la société civile, élue locale venant des quartiers populaires, non diplômée d'une grande école, femme, de gauche, et féministe de surcroît."

La liste des qualités AOC qu'elle se prête est longue. Mais il faut bien ça si elle veut être béatifiée. Pour être sanctifiée, elle lui faudrait néanmoins faire encore un effort et ajouter à ses titres de noblesse qu'elle est écologiste, qu'elle mange bio, qu'elle se déplace à vélo et que dans "les quartiers populaires" d'où elle vient, elle met souvent un voile par solidarité avec les femmes musulmanes, stigmatisées par Finkielkraut chauviniste blanc, mâle et Juif de surcroît. 

Marlène Schiappa, on l'aura compris, c'est Cosette. Et Finkielkraut, c'est Thénardier. Son cœur est de pierre. Il l'a prouvé en répliquant à Marlène Schiappa, preuves à l'appui, qu'elle avait bien dit sur le voile ce qu'elle avait dit. Qu'elle avait dénoncé Valls pour sa déclaration sur l'antisémitisme en pleine prospérité dans ces fameux "quartiers populaires". Le philosophe lui a conseillé de lire le livre de Georges Bensoussan "la France soumise" pour s'instruire sur la question. Et là, on ne peut que s'indigner devant une telle agressivité doublée d'une outrecuidance méprisante. 

Alain Finkielkraut croît-il qu'on a pris Marlène Schiappa parce qu'elle savait lire? Quand il était ministre de l'Economie, le président qui nous préside avait fait scandale en déclarant que les ouvrières de l'entreprise GAD étaient "illettrées". Pour se faire pardonner, il aurait pu confier un portefeuille ministériel à l'une d'entre elles. Il a préféré donner le job à Marlène Schiappa. Cette fougueuse créature a beaucoup de points communs avec les ouvrières telles que Macron les avait décrites… 

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