Fillon, l’homme qui n’aimait pas les combats frontaux se met en position de défier Sarkozy. Pour de bon ?<!-- --> | Atlantico.fr
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"Je ne lie pas l'avenir de l'UMP à un homme", a déclaré hier François Fillon.
"Je ne lie pas l'avenir de l'UMP à un homme", a déclaré hier François Fillon.
©Reuters

Combat de coqs

Lors d'un discours hier jeudi 11 juillet, François Fillon a dénoncé les "promesses intenables, les vieilles recettes et la majorité indisciplinée" de la gauche tout en faisant un inventaire des années Sarkozy.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Depuis son renoncement à briguer la présidence de l’UMP, François Fillon ne manquait jamais l’ occasion de faire entendre sa petite musique et rappeler que son objectif est  exclusivement la préparation de la primaire de 2016, prélude à la bataille présidentielle de 2017. Affirmation qui suscitait le scepticisme de nombreux interlocuteurs. Le discours que l’ancien Premier ministre a prononcé à la Grande-Motte devrait contribuer à lever toute ambiguïté. Après avoir officialisé les nominations des délégués de son Association Force Républicaine, (matrice d’un Parti  dans le Parti), François Fillon a eu des mots qui devraient marquer un point de non retour dans sa démarche .

C’est que les piques lancées par Nicolas Sarkozy lundi dernier devant le bureau politique de l’UMP ("il faut être fier de ce que nous avons fait ensemble, François !", ou encore "il y a quelque chose d'indécent à parler du rendez-vous de la présidentielle alors que les Français souffrent"), ont changé la donne. Il y avait là une forme de provoc à son ancien "collaborateur", un "viens ici si t’es un homme !" à peine voilé. Sous peine de perdre sa crédibilité, l’ancien Premier ministre ne pouvait se dérober et se contenter de phrases policées, en gardant les dents serrées. Finie donc, la petite musique ; place aux roulements de tambour. A la Grande- Motte, les mots ont  claqué : "Je ne  lie pas l’avenir de l’UMP à un homme. L ‘UMP ne peut vivre congelée immobile, au garde à vous, dans l’attente d’un homme providentiel …". Quant à la "fierté" de l’œuvre accomplie, elle ne devrait pas, selon lui, empêcher un minimum d’autocritique. Et cela donne : "Je ne me défausse pas de mes responsabilités" mais "nous avons agi  trop souvent au coup par coup, sans aller toujours au bout des changements nécessaires". Autrement dit, c’est toute la méthode Sarkozy à l’Elysée que l’ancien Premier ministre critique ouvertement aujourd’hui. Ses détracteurs auront beau jeu de lui reprocher de ne pas en avoir tiré les conséquences lorsqu’il était à Matignon. Il n’empêche qu’ils sont nombreux à droite à regretter que l’on n’ait pas analysé les raisons de la défaite après juin 2012.

En tous cas, après cet échec, François Fillon considère que les compteurs sont remis à zéro : "Nous devons tous refaire nos preuves, moi le premier", martèle-t-il, confiant dans l’avenir puisque "grâce aux primaires … les conciliabules secrets pour désigner notre candidat c’est fini ! L’auto-proclamation, c’est fini !"

Dans la plus pure tradition de la 5e République, une nouvelle guerre des chefs (en l’occurrence la guerre Fillon-Sarkozy), commence. Seront-ils les seuls protagonistes à Droite? Depuis quelques mois, l’ancien ministre Xavier Bertrand teste lui aussi ses idées et ses forces en rendant régulièrement visite aux fédérations UMP. Le fait d’avoir été un temps Secrétaire Général de l’UMP constitue un atout non négligeable. Jean-François Copé, légitimé à la tête du Parti, va-t-il laisser passer le train en 2017? Pour l’heure, il est confronté aux problèmes financiers de l’UMP, et ils sont de taille. Quel que soit la somme récoltée par la souscription lancée au lendemain de l’annulation des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy par le Conseil constitutionnel, elle ne résorbera pas son déficit. Quant à Nicolas Sarkozy, pourra-t-il se contenter de  "faire dire" par ses amis, ou de venir de temps en temps prendre la parole dans un cénacle fermé, en attendant que l’heure qu’il s’est fixée (à la fin 2014), ait sonné ? Ses rivaux comptent prendre une sérieuse avance, notamment au moment des municipales. François Fillon a d’ailleurs explicitement fait des offres de service aux candidats pour venir soutenir leurs campagnes afin de populariser sa vision de l’UMP "qui n’a pas vocation à ramper devant l’extrême droite, pas plus qu’elle n’a vocation à céder aux intimidations de la gauche". L’attitude face au Front National pourrait bien devenir la véritable ligne de clivage au sein de l’UMP. François Fillon se pose  déjà  en rempart contre toute  tentation d’alliance. Ce propos prenait tout son relief dans une région où le parti lepéniste talonne l’UMP, mais aussi dans sa confrontation avec Nicolas Sarkozy auquel il reproche un positionnement trop droitier.  

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