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Fausse rigueur du gouvernement, vrai dérapage des déficits
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Éditorial

Même si Manuel Valls s'emploie à détricoter les mesures les plus aberrantes prises par son prédécesseur en revenant sur certaines hausses d’impôt et sur les dispositifs pervers introduits en matière de construction ou de droit du travail, les réformes structurelles sont toujours absentes du débat politique.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Rien ne change véritablement sous le ciel de France. Derrière la logorrhée des dirigeants, les vocabulaires nouveaux qui apparaissent pour retomber très vite dans l’oubli, les méthodes demeurent les mêmes, élaborées par une administration implacable qui dicte toujours sa loi.

Ainsi, le gouvernement annonce un plan de 18 milliards d’économies d’ici 2017 avec un effort de 8 milliards l’an prochain pour tenir compte de l’objectif du plan de 50 milliards d’économies de François Hollande. Des chiffres qui ne manquent pas de paraître surprenants, alors que le rapporteur du budget, Valérie Rabault, révèle que les  prélèvements supplémentaires réalisés sur le dos des particuliers et des entreprises se sont élevés à 69 milliards d’euros entre 2011 et 2013 qui sont à l’origine de l’asphyxie du pays.

Et l’on ne voit pas le bout du tunnel, car les prévisions de croissance du gouvernement risquent d’être revues à la baisse en raison de l’atonie de l’activité. Déjà les recettes pour l’année en cours ont été surestimées, l’expansion étant nulle depuis le début de l’année, de sorte que la hausse estimée à 1,7% l’an prochain devra être corrigée autour de 1,2%, à condition que le ralentissement perceptible chez nos voisins n’implique pas une révision  plus sévère.

Car le problème de fond de l’économie française reste entier. Les réformes structurelles sont toujours absentes du débat. Pour l’instant, Manuel Valls se borne à détricoter les mesures les plus aberrantes prises par son prédécesseur, Jean-Marc Ayrault, en revenant sur certaines hausses d’impôt, sur les dispositifs pervers introduits en matière de construction ou de droit du travail. Un retour au bon sens qui élimine partiellement des nuisances pour la vie des entreprises mais qui n’aborde toujours pas les questions fondamentales.

Car le Premier ministre marche toujours sur des œufs, étant donné la fragilité de sa majorité et le caractère versatile du chef de l’Etat. Au demeurant, ce dernier avait prononcé lors de l’ouverture de la conférence sociale un discours qui faisait du dialogue social l’alpha et l’omega de sa politique, comme s’il repartait aujourd’hui de zéro, en faisant fi du temps perdu depuis son élection. En annonçant une kyrielle de conférences, d’observatoires, de recherches de diagnostics, d’évaluations, alors que tout cela existe en quantités dans les archives des ministères. Le verbe triomphe toujours, avec une sélection dans le choix du vocabulaire. Mais les mots tabous demeurent, qu’on refuse de mettre au grand jour tels que les seuils sociaux, les trente-cinq heures, la durée du travail des fonctionnaires, l’ISF.

On se contente toujours d’une gestion au jour le jour, par petits paquets, sans aborder l’essentiel. Le Premier ministre veut redonner du pouvoir d’achat en exonérant de l’impôt sur le revenu ceux qui y avaient été soumis récemment alors qu’ils en étaient  dispensés, mais il se rend compte que cela risque de se faire au détriment de la balance commerciale, car ce sont les achats à l’étranger qui en profiteront alors que notre industrie déclinante fait chuter nos exportations. François Hollande n’en a cure et table sur une plus grande indulgence de nos partenaires devant nos atermoiements qui finissent par représenter un danger pour la stabilité de l’Europe.        

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