La politique familiale de la France : vertueuse, mais jusqu'à quand ? <!-- --> | Atlantico.fr
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La politique familiale de la France est centrée sur l’accompagnement des parents quand les enfants arrivent, mais pour la retraite, c’est autre chose !
La politique familiale de la France est centrée sur l’accompagnement des parents quand les enfants arrivent, mais pour la retraite, c’est autre chose !
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Familles nombreuses, familles... pauvres

Dans un rapport rendu public mercredi 27 avril, l’OCDE souligne que la France a l’une des politiques familiales les plus ambitieuses du monde occidental, qui sert souvent de modèle à l'étranger. C'est vrai souligne Danièle Karniewicz, présidente de la caisse nationale d'allocation vieillesse (CNAV) et du syndicat CFE-CGC. Mais une réforme toute récente du système de retraite complémentaire s'attaque justement violemment aux... retraites des familles avec enfants. Inacceptable.

Danièle Karniewicz

Danièle Karniewicz

Danièle Karniewicz est présidente de la CNAV (caisse nationale d'assurance vieillesse) et secrétaire nationale de la CFE-CGC.

 

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Il faut se réjouir des points positifs de la politique familiale de la France, elle est active, incitative.Il est important d’accompagner les familles quand les enfants arrivent, car l’équilibre démographique, le rapport entre les cotisants et les retraités, fait que nous sommes dans une situation compliquée, mais moins difficile que d’autres pays d’Europe comme l’Allemagne par exemple. Quand on compare avec l’Allemagne l’âge du départ à la retraite, à 67 ans chez eux, 62 ans chez nous, c’est aussi à cause, ou grâce à notre taux de natalité, que l’on peut décider cela.

En revanche, la politique familiale de la France est centrée sur l’accompagnement des parents quand les enfants arrivent dans le foyer, mais pour la retraite, c’est autre chose ! Jusqu’à présent, nous avions un système qui prenait en compte la charge que représentent les enfants -qui payeront nos retraites demain- pour les familles.  La CNAV octroie ainsi deux années de cotisation retraite à celui des deux parents qui le souhaite, par enfant. A ce système s’ajoutait jusqu’ici une majoration du montant des retraites en fonction du nombre d’enfants élevés, tant sur les retraites de la CNAV, que sur les retraites complémentaires versées par l’ARRCO et l’AGIRC. Une réforme actuellement en cours du système de retraites complémentaires prévoit une égalisation des taux sur ceux de la CNAV, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soit, mais supprime aussi au passage les taux différentiels pour les familles nombreuses, qui étaient fonction du nombre d’enfants.  Désormais, que vous ayiez trois ou sept enfants, vous aurez 10 % de majoration de votre retraite complémentaire, point. Pire encore : cette majoration est plafonnée à 1000 euros… par an, ce que j’appelle la deuxième peine, en prenant ma casquette de présidente de la CFE-CGC. Autant dire que la majoration de la retraite d’une femme qui aura par exemple consacré dix ans à l’éducation de ses enfants, progressant moins vite que ses confrères, avec souvent un retour à l’emploi difficile, sera ridicule. Ce sont des femmes qui toucheront donc 800 euros de retraite par mois ! Ce plafonnement là, qui n’existait pas auparavant, qui est inscrit dans l’accord qui vient d’être signé par les partenaires sociaux et auquel nous nous opposons, c’est un changement fondamental dans la politique familiale. Cela veut dire que l’on pénalise les familles, et en particulier celles qui ont un revenu moyen.

Nous prenons donc notre bâton de pèlerin à la CFE-CGC, pour expliquer aux familles avec enfants que l’impact de cette réforme aura lieu quand elles partiront à la retraite, mais que l’impact sera important ! De plus en plus de retraités ont du mal à faire face au quotidien car les retraites baissent. Si la partie pour les enfants élevés baisse aussi, alors que les familles avec enfants ont plus de mal à épargner durant leur vie active, la politique familiale vertueuse décrite par l’OCDE en prend encore un coup. Pour ces familles là, il est important qu’elles aient une retraite à revaloriser pour avoir élevé des enfants. En étêtant tout, la classe moyenne se trouve à nouveau pénalisée, et c’est pour cela que cet accord ne nous semble pas acceptable. La CFE-CGC formera donc un recours juridique contre cet accord, car il n’est pas possible de changer le modèle de protection sociale redistributif en cours de route, qui vise à aplanir les inégalités, même si l’on ne fait pas des enfants en pensant à la retraite que l’on percevra demain…

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