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Face aux inégalités : s’engager dans une dynamique de créativité
©JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

Pauvreté

Depuis près de quatre décennies, les inégalités augmentent en France. Il est urgent d'agir pour remettre la justice au coeur de notre société.

Johan Glaisner

Johan Glaisner

Johan Glaisner est enseignant et chercheur à l'IRCOM et directeur des formations en Solidarité Internationale et Action Sociale. 

 

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La journée mondiale des pauvres est l’occasion de célébrer la dignité de chacun, si pauvre soit-il, en France et dans le monde. Or depuis près de quatre décennies, les inégalités s’accroissent. Si notre système de consommation est responsable de la détresse de plusieurs pays, on assiste par ailleurs en France à un désengagement de l’Etat dans la prise en charge des personnes les plus vulnérables. C’est pourquoi il incombe aux citoyens que nous sommes d’agir avec créativité et réalisme pour remettre la justice au cœur de notre société. 

L’injustice : cœur névralgique d’un système de déresponsabilisation

Il est primordial de s’interroger sur les moyens mis à notre disposition pour redonner une dignité à toutes les victimes de ces inégalités, en France et à l’international.  Aujourd’hui, la pauvreté diminue, l’alphabétisation augmente, l’espérance de vie également et il faut s’en réjouir. Mais la redistribution des richesses, qu’elle soit politique ou économique, est injuste et la consommation des uns génère de graves catastrophes humaines et environnementales.

Nous devons prendre conscience de la portée de nos actes. Notre consommation énergétique en est un bon exemple. Que nous nous émancipions des énergies fossiles ou non pour satisfaire notre besoin de consommation, nous puisons dans les stocks de matières premières de pays que nous contribuons à déstabiliser. L’extraction de métaux rares (graphie, cobalt, terres rares, etc.), omniprésents dans nos éoliennes, ordinateurs et panneaux solaires, ont d’importantes répercussions géopolitiques et humaines. Depuis des années, la région du Kivu en République Démocratique du Congo est en proie à une guerre violente. On sait que le trafic du coltan, ce minerai indispensable à l’industrie électronique qui entre dans la fabrication des téléphones, est au cœur de ce drame. On fustige les multinationales en oubliant notre responsabilité puisque nous sommes les consommateurs de ces biens produits. En consommant des biens sans nous renseigner ou en fermant les yeux sur leur provenance, nous participons au désastre humain qui a lieu non seulement au Kivu mais également au Bengladesh et dans bien d’autres parties du monde. Notre façon de consommer à des coûts dérisoires conduit les entrepreneurs à optimiser leurs coûts de production par d’autres biais, y compris en sacrifiant la sécurité des travailleurs. C’est précisément ce qui a abouti à l’effondrement du Rana Plaza (Bengladesh) qui fabriquait des vêtements pour les marques occidentales. Une fois la vague d’émotion passée et en dépit de la mise en place d’un code éthique, la mort de ces milliers d’ouvriers n’a hélas pas changé nos mentalités consuméristes de produits à bas coûts. Ce consumérisme invétéré nous rend-il heureux par ailleurs ? Difficile de ne pas en douter comme le montre le fleurissement de thérapies en tous genres. Il est donc nécessaire de revoir notre mode de consommation et la question du juste prix afin de construire un système cohérent qui s’occupe du pauvre non seulement en France mais aussi à l’international.

Respect intégral de la personne humaine : innovation, réalisme, humanité

En France également les temps sont durs pour les associations qui subissent de plein fouet une baisse des subventions publiques et des acteurs privés. La réforme actuelle du gouvernement sur le mécénat d’entreprise est symptomatique d’un Etat exsangue qui rabote les aides nécessaires à l’accompagnement des personnes en détresse, la solidarité et la cohésion nationale. Depuis 2 ans pas moins de quatre réformes ont fortement déstabilisé les organisations associatives : baisse des contrats aidés ; mise en place de l’IFI ; hausse de la CSG ; prélèvement à la source. En 2018, la seule transformation de l’ISF en IFI a diminué de 150 millions d’euros les ressources des Fondations venant des donateurs privés. 

Servir des repas aux plus démunis, leur trouver un logement, financer les jeunes chercheurs et les projets de recherche médicale, soutenir les personnes handicapées, accompagner les personnes les plus éloignées de l’emploi, sont autant de projets portés par les associations et fondations qui nécessitent des ressources colossales. Rappelons que la première mission d’une association est de servir le nécessiteux et non de courir après les fonds. Aujourd’hui, le Président de la République veut réformer le mécénat d’entreprise, dérobant aux associations la possibilité d’agir de façon intelligente et autonome et brisant une dynamique de responsabilité collective. Il ne s’agit pas ici de réclamer de l’argent à l’état mais de lui demander de mettre en œuvre une véritable subsidiarité en laissant la possibilité aux associations de bénéficier de leviers efficaces pour trouver les fonds dont elles ont besoin.

C’est en laissant l’initiative aux citoyens, en particulier aux plus jeunes, par les associations qu’ils créent, que se construit une société soucieuse de solidarité et de fraternité où les plus pauvres et les exclus trouvent toute leur place. 

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