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Face aux Gilets Jaunes, l'entre-soi macronien
©JOEL SAGET / AFP

Crépuscule

"Crépuscule", le pamphlet de Juan Branco, charge violemment les réseaux de la macronie.

Roland Hureaux

Roland Hureaux

Roland Hureaux a été universitaire, diplomate, membre de plusieurs cabinets ministériels (dont celui de Philippe Séguin), élu local, et plus récemment à la Cour des comptes.

Il est l'auteur de La grande démolition : La France cassée par les réformes ainsi que de L'actualité du Gaullisme, Les hauteurs béantes de l'Europe, Les nouveaux féodaux, Gnose et gnostiques des origines à nos jours.

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Le pamphlet de Juan Branco, appelé Le Crépuscule – d’un règne, d’un régime, d’une société -  se lit d’un trait. 

Riche d’informations sur les réseaux de l’oligarchie, de laquelle l’auteur prétend être un transfuge, il montre  avec pertinence comment,  poulain de l’oligarchie, Macron a été son instrument pour en servir les intérêts : alléger massivement les impôts de  la caste supérieure, surtout par le CICE conçu par Hollande, le « président qui n’aimait pas les riches » à l’instigation de son conseiller économique Macron. Plus encore que l’exonération de l’ISF sur les patrimoines financiers, le CICE, délestant l’Etat de plusieurs dizaines de milliards pour un solde de créations d’emplois marginal, reflète cette politique de classe. C’est ce que Branco appelle justement un  « transfert de ressources massif de la majorité  de la population vers un pourcentage infinitésimal de celle-ci ». Dans un contexte où n’est fait aucun effort pour réduire les dépenses  publiques, il a bien fallu  compenser ces allègements en alourdissant l’impôt sur tous les autres contribuables, moyens et petits; d’où les Gilets jaunes. 

Derrière les réseaux qui ont fait Macron, l’influence au moins passive des médias, souvent possédés par les premières fortunes françaises. 

Rappel utile aussi du rôle décisif de Richard Descoings, ancien directeur de l’Institut d’études politiques de Paris , aujourd’hui décédé, dans la diffusion dans toute une génération de dirigeants dont Macron est le pur produit, d’une idéologie transnationale  où le mot France n’a plus de sens.  

Une approche très hexagonale 

Ce pamphlet enlevé présente cependant  une lacune importante. Tout se passe comme si l’affaire Macron n’était que franco-française, comme si elle n’était que  l’œuvre d’une  bourgeoisie nationale. Des dizaines de think tanks ou de  services d’espionnage américains scrutent en permanence la politique française : ils seraient restés inactifs dans la dernière  présidentielle ; le capitalisme français serait si peu mondialisé qu’il échapperait à toute interférence extérieure. Comment expliquer que le premier dîner de fund raising de Macron ait eu lieu à Londres sous la présidence d’un  associé de Goldman Sachs ? Sans donner dans la théorie du complot, Jean-Pierre Jouyet dont le rôle clef dans la campagne a été bien souligné a-t-il été nommé ambassadeur à  Londres seulement « pour le remercier et l’écarter »  ? Ne serait-il   pas une courroie de transmission avec la City qui demeure le centre nerveux de la finance mondiale ? 

Quant à la politique de Macron, s’agit-il seulement pour lui d’assurer une redistribution à l’envers de la richesse française ? Pourquoi dès lors  brader la patrimoine industriel français « à la découpe » comme il l’a fait en commençant par Alstom,  une affaire dont le rôle clef dans l’ascension de l’actuel  président  aurait pu être mieux souligné.

Si encore ils étaient compétents ! 

Terminons   par une remarque plus générale : les  réseaux de pouvoir ont toujours existé, la collusion de la République et de la finance tout autant, les inégalités, la corruption et le copinage aussi, mais  les oligarchies du passé savaient quelque part qu’elles étaient en charge d’un peuple, que les rapports des classes sociales n’était pas entièrement antagonistes. Beaucoup de leurs membres étaient de sincères patriotes, soucieux de l’intérêt général, notions qui  sont devenues aujourd’hui des gros mots dans le milieu décrit par Bravo. 

On peut même aller plus loin. A la rigueur pourrait-on pardonner à une oligarchie son  goût du lucre si  au moins elle gérait les affaires de manière compétente. Mais c’est le contraire qui arrive : la stagnation de l’économie française , malgré ou à cause des cadeaux répétés aux riches, le recul du pouvoir d’achat d’une grande partie des Français , et tant d’autres dysfonctionnements  de l’administration et de  la société  françaises,  tout cela est le résultat d’erreurs graves de gestion, dont tout le monde pâtit, y compris les oligarques eux-mêmes. 

Nous aurons toujours, sous une forme ou sous une autre, une classe dirigeante, mais encore faudrait-il , pour que les Français ne sentent pas trahis , qu’elle soit bonne à quelque chose. 

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