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Eva Joly, avatar 2012 de l’éternelle immaturité politique des Verts
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Ecolo de vacances

La candidate écologiste Eva Joly est ce samedi à Roubaix pour lancer son projet présidentiel "l'écologie, la solution". Un programme d'une centaine de mesures sera présenté à la presse. Europe Écologie Les Verts est-il capable d'incarner une réelle écologie politique en France ?

Antoine Bueno

Antoine Bueno

Antoine Bueno est écrivain et chargé de mission au Sénat. Il se produit aussi dans son seul en scène, "Antoine Bueno, l'Espoir".

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Le climat s’emballe. La biodiversité s’effondre. La planète, déjà surexploitée, s’essouffle. Et Eva Joly propose… un jour férié pour les juifs et les musulmans !

Les scénarios des climatologues français, établis en vue du prochain rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), sont désastreux. Ils font état d’un réchauffement mondial moyen de 4°C dans les décennies à venir. Ce qui est colossal et ferait basculer le climat terrestre dans… l’inconnu. A tout le moins dans un monde bien plus hostile à la vie humaine que l’actuel. A ce rythme là, le réchauffement climatique pourrait tout simplement conduire à un effondrement civilisationnel, s’il ne remet pas en cause jusqu’à la survie même de l’espèce humaine. Une probabilité qui ne doit rien au catastrophisme, tout à l’extrapolation rationnelle.

Même constat du côté de la biodiversité : 85% des stocks de poissons sont surexploités au niveau mondial. Les océans, qui abritent 80% de la vie terrestre, se transforment en déserts. 75% des services rendus par la nature, tels que la pollinisation des cultures, la filtration de l’eau, la protection contre les inondations, sont considérés comme en déclin par les scientifiques. 13 millions d’hectares de forêt sont détruits chaque année, mettant à mal le principal réservoir émergé de biodiversité. Autrement dit, nous dépendons d’un écosystème que nous détruisons.

Quant aux ressources de la planète, le rapport Halonen-Zuma, qui vient d’être remis au Secrétaire général des Nations Unies, établit que, pour satisfaire l’ensemble des besoins humains, il faudrait accroître la production agricole de 50% d’ici à 2030, la production d’énergie de 45% et améliorer la disponibilité en eau de 30%. Ce qui relève, pour l’heure, de la gageure.

Sans compter, bien entendu, que réchauffement climatique, effondrement de la biodiversité et épuisement des ressources interagissent…

Face à la chronique de cette catastrophe annoncée, des mesures drastiques doivent être prises d’urgence… Mais ne le sont pas ! Raison pour laquelle, plus que jamais, l’écologie politique devient vitale.

Parce que seuls des mouvements et des partis écologistes forts, représentatifs de fractions importantes de l’opinion, en démocratie donc des forces électorales, seront en mesure d’imposer aux gouvernements, de quelque bord qu’ils soient, les mesures qui s’imposent. Ce que la raison est impuissante à faire, le rapport de force politique le peut.

C’est le rôle que devrait jouer en France le parti Europe Ecologie Les Verts (EELV). C’est justement le rôle qu’il se refuse à jouer.

Compte-tenu des enjeux en cause et de la mission qui lui échoit, les options d’EELV sont aux antipodes de ce qu’elles devraient être :

1/ Une vraie force écologiste devrait être transpartisane, c’est-à-dire capable d’infléchir les programmes de gauche comme de droite. L’écologie française n’arrive pas à s’affranchir de son origine gauchiste. Elle reste la pastèque de Jean-Marie Le Pen (image la plus forte pour décrire le phénomène) : une fine couche verte en surface, toute rouge dedans. En choisissant Eva Joly comme candidate à l’élection présidentielle, au détriment de Nicolas Hulot, c’est leur incapacité à faire entrer l’écologie française dans l’âge de la maturité que les Verts ont sanctionné.

2/ Une vraie force écologiste devrait se concentrer sur… l’écologie ! Et Eva Joly de consacrer son 1er discours de candidate à « l’impunité de la finance »… Ce qui découle très naturellement du premier point soulevé…

3/ Une vraie force écologiste ne devrait avoir que deux chevaux de bataille : la lutte contre le réchauffement climatique et la défense de la biodiversité. Ceux d’EELV sont le nucléaire et les OGM…

Dans le cas du nucléaire, c’est extrêmement grave. Tout simplement parce que, aujourd’hui, si l’on veut vraiment réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, on ne peut se passer du nucléaire. Il n’existe aucune alternative crédible. Un véritable écologiste ne peut être que pro nucléaire.

Pour ce qui est des OGM, l’erreur est plus pernicieuse. Parce que l’on pourrait croire que ce combat est celui de la défense de la biodiversité. Les OGM ont effectivement le potentiel d’être des menaces pour les écosystèmes. Mais, aujourd’hui, ce n’est là qu’un potentiel. Et je ne parle même pas de toutes les choses bénéfiques que l’on est en droit d’en attendre par ailleurs. Mais, pendant que les Verts fauchent du maïs transgénique stérile ou cassent du Mc Do, des fléaux humains, eux bien concrets, rayent de la carte du vivant des milliers d’espèce chaque année…

Le point commun à cette triple fausse route : l’idéologie. Les Verts français incarnent une écologie idéologique totalement en décalage par rapport à sa mission.

Pour dire les choses plus simplement et répondre à la question de départ – Où sont les Verts ? – la réponses est malheureusement : nulle part.

Il n’y a pas d’écologie politique en France.

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