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Mondialisation heureuse ? L’enrichissement des pays émergents relance la compétitivité des entreprises américaines
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Relocalisations

La hausse des coûts du transport et des salaires des pays émergents améliore la compétitivité des entreprises américaines. Pour la première fois depuis des décennies, certaines ont décidé de rapatrier des unités de production. De quoi soutenir la croissance du pays, que la Fed estime située entre 2,2 et 2,7% en 2012.

Alexandra Estiot

Alexandra Estiot

Alexandra Estiot est économiste, spécialiste des Etats-Unis chez BNP Paribas.

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Atlantico : Une enquête de la Harvard Business School publiée vendredi parle d'une forte chute de l'attractivité des Etats-Unis pour les entrepreneurs. Est-ce un signe que l'économie américaine perd de sa compétitivité ?

Alexandra Estiot : Cette enquête se base sur la perception des chefs d'entreprises, qui est très différentes des chiffres. Toutes les données prouvent qu'il y a une amélioration très marquée de la compétitivité américaine et les flux d'IDE (investissements directs à l'étranger) vers les Etats-Unis ne se sont jamais taris.

L'enquête montre pourtant que les entreprises ont une image très critique de la fiscalité américaine. Peut-elle être un frein à l'installation d'entreprises ?

Le système d'imposition des impôts aux Etats-Unis est effectivement l'un des plus complexes du monde. Il est gavé de niches fiscales, ce qui fait que même si on a un taux d'imposition élevé, le taux moyen payé est relativement faible.

Selon les chiffres du département du trésor américain, le taux marginal statutaire, c'est à dire le taux d'imposition officiel, est le deuxième plus élevé au monde après le Japon, à près de 40%. Mais le taux effectif réellement payé est de 10 points inférieur.

 Mais ce qui a toujours attiré les entreprises sur le territoire américain, c'est la demande. Les Etats-Unis sont l'un des plus gros marché de consommation. Ça sera de moins en moins vrai avec la montée en puissance de la Chine, mais pour l'instant on y trouve la classe moyenne la plus large et la plus riche du monde. Les entreprises veulent donc s'installer au plus près d'elle.

Il n'y a donc pas de risque que l'économie dévisse ?

C'est plutôt l'inverse. Ces dernières années ont été marquées par des gains de productivité très importants, qui ont conduit à une diminution massive des coûts unitaires de production et donc un gain de compétitivité des sociétés américaines. Cela s'est traduit par une réduction très marquée du déficit courant américain, puisque les exportations progressent plus vite que les importations.

Plusieurs entreprises américaines ont d'ailleurs annoncé qu'elles allaient à nouveau augmenter leurs capacités de production aux Etats-Unis, alors qu'elles les avaient diminuées depuis des décennies.

Les travailleurs américains sont beaucoup mieux payés que les travailleurs des pays émergents, mais ils sont aussi beaucoup plus productifs. Si on ajoute dans la balance le coût du transport qui flambe, celui des salaires dans les pays émergents qui augmente aussi, le bénéfice de partir à l'étranger est moins évident. Résultat, il y a un retour de l'emploi, surtout dans le secteur manufacturier qui crée de l'emploi de façon tendancielle pour la première fois depuis les années 70.

Pourtant, le marché de l'emploi s'est détérioré le mois dernier. Il n'a créé que 120 000 postes, soit près de deux fois moins que prévu.

Non, le marché de l'emploi ne s'est pas détérioré. Il y a eu une croissance de l'emploi, le taux de chômage est passé de 8,3 à 8,2%, Il y a simplement eu un ralentissement ce mois des créations d'emploi, puisqu'on était à plus de 200 000 créations sur les trois mois précédents. Ce coup de mou a surtout touché le secteur des services. La branche des emplois temporaires et le commerce de détail ont procédé à pas mal de licenciement.

Mais il y a aussi des choses très positives : les effectifs dans la construction restent stable, le secteur manufacturier embauche et l'emploi public se stabilise aussi. Pour ce dernier, c'est un retournement de tendance, car il a jusque là été touché par des destructions d'emploi massives, notamment de la part des Etats et des collectivités territoriales.

Les enquêtes auprès des entreprises montrent que les intentions d'embauches augmentent régulièrement. A mon avis, on sera à nouveau à 200 000 créations en avril et il ne faut surtout pas s'affoler pour un seul mois de croissance molle. D'autant que 120 000 créations permettent de compenser les arrivées sur le marché de l'emploi, et donc de stabiliser le chômage.

Propos recueillis par Morgan Bourven

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