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Et si la loi travail s’avérait être le pari gagnant de François Hollande sur son coeur d’électorat ?
©Reuters / Pool New

Royaume des aveugles

Si les Français dans leur ensemble désapprouvent largement la loi El Khomri, 55% des sympathisants socialistes estiment que le chef de l'Etat sort vainqueur de cette épreuve, loin devant les membres du gouvernement ou de Philippe Martinez. Une bonne nouvelle dans l'optique d'une primaire PS en vue d'une candidature en 2017.

Raul  Magni Berton

Raul Magni Berton

Raul Magni Berton est professeur de sciences politiques. Il a enseigné à Paris, Montréal et Bordeaux et enseigne depuis 2009 à l’Institut d’Études politiques de Grenoble. Spécialiste de politique comparée, il travaille sur les régimes, les élections et l’opinion publique, surtout dans les pays européens. Il a publié plusieurs livres et articles dont Démocraties libérales (Economica, 2012) et Que pensent les penseurs ? (PUG, 2015).

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Atlantico : Selon un sondage Odoxa pour les Echos, François Hollande est la personnalité que les sympathisants socialistes considèrent vainqueur du débat sur la loi El khomri, devant Laurent Berger, Manuel Valls, Myriam El Khomri, Emmanuel Macron et loin devant Philippe Martinez (voir ici). Illustration d'une volonté politique, adhésion à la ligne social-démocrate... Comment l'expliquez-vous ?

Raul Magni-Berton : Ce qui est étonnant dans les résultats de l'enquête est que, pour l'ensemble des enquêtés, François Hollande sort comme le grand perdant du débat sur la loi El Khomri, sauf pour les sympathisants socialistes ou il est carrément perçu comme le principal vainqueur. Dans l'optique d'un premier tour, où il faut davantage mobiliser son électorat qu'essayer de conquérir l'électorat des autres, c'est plutôt une bonne nouvelle pour Hollande. Dans un hypothétique deuxième tour, en revanche, Hollande serait parmi ceux qui ont le moins de chances de réussite, si l'on se limite à une interprétation générale du sondage. 

Cela étant dit, dans ce sondage, il n'y a pas assez d'éléments pour affirmer raisonnablement quoique ce soit. D'une part, il n'y a pas de question explicite sur des intentions de vote dans une éventuelle primaire. Rien ne permet de dire que la perception des vainqueurs du débat sur la loi travail traduise une préférence générale de l'électorat socialiste. En outre, le sondage est petit (1000 répondants). Le sympathisants socialistes sont donc au maximum 150 répondants.  La marge d'erreur sur un échantillon de 150 personnes est très grande. Plus grande que l'écart observé entre Hollande et ses concurrents. Les résultats par famille politique sont donc assez peu fiables. 

Si 71% des Français demeurent mécontents de la loi, peut-on dire qu'elle a profité au chef de l'Etat dont la candidature en 2017 dépendra de l'issue de la primaire socialiste, prévue en fin d'année ? En quoi est-ce un enjeu pour le chef de l'Etat de convaincre d'abord l'électorat socialiste ?

Effectivement, le mode de scrutin à deux tours incite les candidats à parler à leur propre électorat lors du premier tour, et à l'électorat opposé au second. Cependant, si Marine Le Pen arrive au second tour - comme tous les sondages l'annoncent - l'enjeu du premier tour devient plus crucial pour les partis traditionnels. Il y n'a qu'une seule place a prendre au premier tour, et elle vaut cher. Celui qui se confrontera à Le Pen au second tour, aura une chance de gagner plus forte que d'habitude. Compte tenu de cette conjoncture, le meilleur candidat socialiste sera probablement celui qui aura le plus grand nombre de voix au premier tour, peu importe du deuxième.  

Quelles seront ses options pour élargir sa base au sein de l'électorat PS, qui demeure divisé sur l'action gouvernementale ? François Hollande devra-t-il à un moment ou à un autre apporter des gages à sa gauche, comme il l'avait fait à l'occasion du discours du Bourget après une campagne plutôt sociale-démocrate ? 

Les scores de popularité affichés par Hollande, mais aussi par Valls, n'annoncent pas un avenir radieux pour les sortants. Le PS pourrait bénéficier des voix d'un électorat de gauche non socialiste, mais désireux d'empêcher la droite de passer. Mais à l'heure actuelle les sortants n'ont pas les faveurs de l'électorat plus à gauche. Par conséquent, à titre personnel, je pense que le seul candidat socialiste capable de passer un premier tour actuellement, est une personnalité qui a pris ses distances avec le gouvernement actuel. 

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