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Le discours d'adieu du pape était très émouvant.
Le discours d'adieu du pape était très émouvant.
©Reuters

La dernière ligne droite

Benoît XVI a été acclamé par quelque 150 000 personnes mercredi 27 février au Vatican lors d'un discours d'adieu historique.

Nicolas Diat

Nicolas Diat

Nicolas Diat est considéré comme un des meilleurs spécialistes du Vatican. 
 
"Un temps pour mourir" de Nicolas Diat
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Atlantico : Benoît XVI a été acclamé par quelque 150 000 personnes, mercredi 27 février au Vatican, lors de ses adieux. Que retenez-vous du dernier discours du pape ?

Nicolas Diat : En premier lieu, c'était la dernière allocution d'une longue suite de discours, de leçon, de communication d'un professeur, d'un préfet de curie et d'un Pape qui a consacré sa vie à l'explication pédagogique des choses de Dieu. C’était un discours de vérité, une forme de parole que nous sommes peu habitués à entendre aujourd’hui. Il n’y avait aucun élément marketing, de stratégie, de positionnement d’image, de communication. C’était la vérité d’un homme. En ce sens, j’ai trouvé cela extrêmement émouvant. Il n’y avait rien à "déconstruire" dans ce discours, le pape a dit très exactement ce qu’il pensait.

Benoît XVI a eu des paroles sincères sur les moments lumineux de son pontificat, mais aussi sur les moments d’épreuves et de dureté. Il n’a pas hésité à dire que des périodes ont été plus difficiles que d’autres.

Par ailleurs, Benoît XVI a précisé une dernière fois que sa décision avait été prise car il considérait que ses forces physiques n’étaient plus aptes à le soutenir pour accomplir l’immensité de sa charge. Le pape a également demandé aux nombreux fidèles présents de prier pour les cardinaux afin qu’ils trouvent un successeur selon le choix de Dieu.

Enfin, Benoît XVI a dit qu’il ne retournait en aucune manière à une vie telle qu’il avait pu la connaître antérieurement. En d’autres termes, il ne retournerait pas à une vie non seulement publique mais aussi à une vie où il reprendrait les activités qu’il connaissait avant d’être élu pape. Sur ce point, un passage du discours de Benoît XVI me paraît intéressant. Benoît XVI a dit qu’un pape n’avait pas de vie privée, un pape donne tout à Dieu au moment de l’élection. Ce don reste le même après sa démission, il ne retournera pas à cette vie antérieure dans laquelle il avait une vie privée. A travers la prière et la solitude monacale, il vivra d’une nouvelle façon la charge qui lui avait été donné par l’Esprit Saint en 2005. Le pape a même fait référence au nom qu’il avait choisi, Benoît. Une allusion à Saint Benoît de Nursie, fondateur du monachisme occidental, qui était aussi une manière de dire que sa nouvelle vie serait une vie de contemplatif, une vie de solitaire et de méditation.

Ce discours a-t-il surpris ?

On s’attendait, de façon évidente et belle, à une grande émotion. Mais Benoît XVI était bien au-delà encore, car il a parlé de lui avec pudeur et retenue. Cet homme que l’on a toujours caricaturé comme trop distant, trop avare de signes donnés aux grandes foules, ne sachant pas exprimer ses émotions, était ce mercredi matin dans la vraie communication, la communication qui n'ajoute ni ne retranche rien à la vérité. En ce sens, cet ultime discours était un résumé de son pontificat : un théologien qui donne le primat à la vérité, et qui n'a pas d'autres programmes. 

Quel impact cela peut-il avoir sur les cardinaux ?

Je pense que cela a eu un impact très fort. A l’évidence, les cardinaux étaient tous extrêmement saisis. Il y aura un deuxième moment pour eux jeudi matin car ils pourront saluer, Salle Clémentine, dans les Palais apostoliques, pour la dernière fois et de manière individuelle, le Saint-Père.

On a également vu ce matin que Benoît XVI n’influencerait en rien le choix de son successeur. Mais il aura marqué d'une empreinte durable les cardinaux, y compris ceux qui étaient les moins convaincus par sa personne en 2005...

Je pense que mercredi matin, les cardinaux qui n’avaient pas voté pour lui en 2005 étaient profondément émus et touchés par ses paroles.

Quelles sont les dernières étapes pour Benoît XVI ?

Ce jeudi à 11 heures, Benoît XVI rencontre une dernière fois l’ensemble du Sacré Collège (les cardinaux qui votent et ceux de plus de 80 ans qui n’y sont pas autorisés). A 17 heures, il va quitter ses appartements privés, qui seront ensuite placés sous scellés jusqu’à l’élection du prochain pape. Cour Saint-Damase, Il sera salué par le cardinal Tarcisio Bertone, son secrétaire d’Etat.

Benoît XVI traversera ensuite le Vatican pour rejoindre l’héliport. Il sera salué par le cardinal Angelo Sodano, le doyen du Sacré Collège. Puis il survolera le Vatican, la place Saint-Pierre, la ville de Rome dans un hélicoptère prêté par l’Etat italien. Il rejoindra enfin Castel Gandolfo, au sud de Rome. Il saluera depuis le balcon de ce palais d’été des papes la population locale et les pèlerins qui ont fait le déplacement. C’est ici qu’il se retirera jusqu’à fin avril avant de rejoindre le monastère Mater Ecclesiae qui lui a été réservé au sein du Vatican.

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