Et maintenant voici les “Afro européens”... Et pour les autres ce sera “Souchiens” ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Et maintenant voici les “Afro européens”..
Et maintenant voici les “Afro européens”..
©Reuters

Eureka

C'est tout nouveau, ça vient de sortir. Grotesque, idiot, débile : merci de cocher la mention de votre choix.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La bêtise a bien des choses en commun avec le progrès : on ne les arrête ni l'une ni l'autre. À la différence du progrès qui, sûr de son bon droit, s'affiche avec arrogance, la bêtise, elle, s'avance masquée. Son meilleur masque ce sont des mots qu'elle crée et qu'elle invente. En voici un nouveau d'une fraîcheur toute juvénile "afro européens". Une trouvaille de quelques intellectuels Noirs (mais peut-on encore les appeler comme ça ?) à qui Libération a donné la parole.

"Afro européen" ! C'est donc ainsi qu’il faudrait désigner ceux qu'on appelait auparavant les Noirs ou les Africains. A condition qu’ils soient nés sur le sol européen. La cohérence de cette logique est d'une limpidité absolue. Un Malien arrivé en France il y a une vingtaine d'années pourrait être qualifié de Noir ou d’Africain. Mais son fils né en France bénéficiera de l’appellation, bien plus flatteuse, d' "afro européen". Ça s'appelle le progrès. On imagine aisément tous les charmes verbaux d'une querelle entre le père et le fils. "Eh toi le Noir, lâche moi les baskets !" "Eh toi l'afro européen la ferme !" Et si le père est très en colère il lâchera l'insulte suprême : "fils de Noir !"

On ne sait encore si cette novation sémantique aura rapidement tout le succès qu’elle est en droit d'espérer. C'est à dire – consécration suprême – figurer dans le dictionnaire de l'Académie Française. Il y a en effet là-bas, menée par le raciste en chef Finkielkraut, une clique de conservateur blancs et négrophobes qui n'a pas la même conception du progrès que certains intellectuels noirs. Mais il s'agit d'un début. Et l'avenir appartient aux hommes bien nés qui ne craignent pas de s'attaquer aux tabous de la langue française.

Il faut poursuivre sur cette lancée. Et ne pas laisser aux seuls Noirs le privilège de cette belle avancée. Déjà – c'est pas mal – elle entravera l'expression du raciste de base. Imaginez le malheureux négrophobe contraint de renoncer à son "sale Noir !" et à le remplacer par "sale afro européen !" Dur dur... Mais le plus important est que la trouvaille demande à être amplifiée et élargie. Ce sera la fin des Juifs transformés en "judéo européens". L'extinction des Arabes qui deviendront " arabo européens". La disparition des Asiatiques mués en "asiato européens". Tous Européens, tous ensemble, tous unis.

Avec la préservation de quelques spécificités ethniques. Quant aux autres, aux indigènes, à tous ceux dont les ancêtres n'ont pas eu le bon goût de naître en Afrique Noire, en Asie, dans le désert d’Arabie et en Terre Promise, on les appellera les "souchiens". Des badges portant cette appellation seront fabriqués à leur attention. Leur port sera obligatoire. Afin que cette majorité invisible devienne très visible.

Et n'oubliez pas : le A-book de Benoît Rayski, Le gauchisme, cette maladie sénile du communisme, est toujours disponible à la vente sur Atlantico éditions : 

Le gauchisme, cette maladie sénile du communisme

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