Et les illusions (et excédents commerciaux) de l’Allemagne se fracassèrent sur le mur de la réalité de la Chine <!-- --> | Atlantico.fr
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Le président chinois Xi Jinping accueille le chancelier allemand Olaf Scholz à Pékin, le 4 novembre 2022.
Le président chinois Xi Jinping accueille le chancelier allemand Olaf Scholz à Pékin, le 4 novembre 2022.
©KAY NIETFELD / POOL / AFP

Choix perdant pour l'avenir

Olaf Scholz a effectué un voyage à Pékin avec une importante délégation de patrons allemands.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : Dans quelle mesure l’Allemagne a compté économiquement sur la Chine ?

Philippe Crevel : Depuis une vingtaine d’années, l’Allemagne a orienté une partie de son commerce extérieur vers la Chine avec ses voitures et ses machines-outils. Cela lui a permis d'accroître ses excédents commerciaux.  

Se rend-elle compte que c’est un choix perdant pour l’avenir ?

Il y a aujourd’hui plusieurs interrogations sur l’évolution des échanges avec la Chine. 

D’une part, la Chine produit un certain nombre de biens qui étaient auparavant achetés à l’Allemagne, et reste devant notre voisin d’outre-Rhin sur les voitures électriques, alors que l’Allemagne commence sa révolution en la matière. D’autre part, la montée du protectionnisme se poursuit, avec une fragmentation du commerce international.  

Enfin, la demande chinoise n’augmente plus autant qu’avant. La croissance de la Chine ralentit et l’Allemagne est impactée. L’Allemagne doit redéfinir sa politique commerciale.  

On voit que le ministre de l’Economie allemand a imaginé des mécanismes pour que les entreprises diversifient les débouchés. Prend-il conscience que l’Allemagne ne peut pas compter uniquement sur la Chine ?

Ce sont des commerçants. Les Allemands prennent conscience que le marché chinois ne sera pas aussi avantageux qu’il ne l’était auparavant. La réorientation est de l’ordre du pragmatisme. À une époque, on disait même que la zone euro était un boulet pour eux. Or la zone euro constitue le marché le plus proche et le plus riche pour l’Allemagne, laquelle va exploiter de nouveau tout le potentiel du marché européen. L’Allemagne n’a jamais abandonné ce marché. Il  y avait un pilier asiatique à côté du pilier européen, et ce dernier se révèle être plus solide.

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Est-ce que l’Allemagne a tendance à trop pousser son mercantilisme, quitte à avoir des partenaires peu fiables (Russie, Chine) ?

L’Allemagne n’a pas été la seule à avoir la Russie comme partenaire. Il y avait une énergie peu chère et abondante à importer. C’était le choix le plus efficace à faire. Mais comme l’Allemagne est la première industrie européenne, sa dépendance se voit plus que pour d’autres. 

Le retournement chinois intervient au plus mauvais moment, mais c’est tout le modèle économique qui est en cause. Il faut s’adapter à la nouvelle donne énergétique et à la décarbonation.  

Quelles seront les conséquences d’une diversification plus importante de la part de la Chine ?

La moindre croissance chinoise et la baisse des importations de produits chinois réduisent l’excédent commercial allemand. L’Allemagne a connu un ou deux mois de déficit commercial, ce qui n’était plus arrivé depuis la réunification. Il faut qu’ils réorientent leur commerce international et redynamisent leur politique industrielle pour favoriser la transition énergétique. 

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