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Et la recette "magique" de ces Italiens qui vivent jusqu’à cent ans est...
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THE DAILY BEAST

Une étude récente révèle les secrets de longévité des nombreuses personnes âgées qui parviennent à vivre au-delà de 100 ans dans une petite ville d'Italie.

Barbie Latza Nadeau

Barbie Latza Nadeau

Barbie Latza Nadeau, est chef du bureau de Rome pour The Daily Beast.

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Copyright The Daily Beast – Barbie Latza Nadeau

La fontaine de jouvence se trouve manifestement à Acciaroli, en Italie, village de 700 habitants dans la région de Cilento au sud de Naples, où un habitant sur 8 vit au-delà de 100 ans.

Et ce ne sont pas n’importe quels centenaires : ils sont en excellente santé, heureux et, apparemment, ils sont aussi très portés sur la bagatelle. Parmi les résultats d'une récente étude sur les facteurs de longévité de ces Italiens, il a été observé que "le sexe est omniprésent",a expliqué à l’AFP le Dr. Alan Maisel, cardiologue à la tête de l’équipe de chercheurs de cette étude conjointe de l’Université de La Sapienza à Rome et de l’Université de San Diego.

Alan Maisel a découvert la ville de la jeunesse éternelle lors d’un séjour de vacances en 2012. Il raconte qu’à l’époque, il a été frappé par le fait que toutes les personnes qu’il croisait semblaient très âgées. "J’étais à la plage, et je voyais toutes ces personnes de 90 ou 100 ans à la peau tannée qui semblaient enceintes de 9 mois et fumaient des cigarettes", avait-il relaté à l’époque. "Quelque chose ne tournait pas rond : ils fumaient et vivaient en surpoids, mais semblaient si relaxés et détendus… Au départ, j’ai demandé si c’était une spécificité du régime méditerranéen, mais ce dernier concerne toute l’Italie".

L’étude, baptisée Cilento on Aging Outcomes ou "CIAO" (acronyme plutôt mignon), a débuté il y a environ 6 mois lorsque deux universités ont convaincu les habitants de servir de cobayes. Tout au long de l’enquête, ils ont participé à de multiples tests et ont répondu à de nombreuses questions sur le style de vie local. Dimanche dernier, les médecins ont présenté leurs résultats lors d’un symposium sur le processus de vieillissement près de Pollica.

Contacté par téléphone, Giuseppe Santonicola, un hôtelier à la retraite qui refuse de préciser son âge mais se contente de déclarer qu’il a "autour de 90 ans", réagit par un rire espiègle à l’idée que le sexe serait très pratiqué par les plus de 80 ans : "Magari ! J’aimerais bien !", a-t-il déclaré au Daily Beast, sans s'étendre outre-mesure.

Selon lui, le véritable facteur déterminant réside dans les efforts de la communauté pour maintenir une certaine qualité de vie. "Nous sommes très attentifs au type d'entreprises qui sont autorisées à s’installer ici", explique-t-il, en référence au faible tissu industriel qu’il a aidé à tenir à distance en tant qu’ancien conseiller municipal. "Et je m’inquiète pour les générations futures qui n’auront peut-être pas ce luxe - ils auront des soucis économiques plus importants qui pourraient altérer la qualité de vie".

Sur l'aspect médical de l’étude, l'un des facteurs les plus significatifs est le fait que les habitants de la zone bénéficient de ce que les médecins appellent une très bonne "perfusion tissulaire" - l’afflux de sang atteignant les organes et les muscles. Elle semble aussi efficace que celle mesurée chez "des sujets de 30 ans de moins". Cela peut être génétique, ou bien s’expliquer par le peu de polluants dégagés par l’industrie, selon l’étude. Les plus jeunes membres de la famille des sujets étudiés semblaient avoir les mêmes dispositions génétiques, même lorsque l’un de leurs parents venait d’une autre région.

Par ailleurs, les seniors de Cilento présentaient tous des taux très bas d’adrénomédulline, une hormone peptidique qui participe à la bonne circulation, et aucun d’entre eux ne présentaient les signes de démence ou de confusion dont souffrent nombre de leurs pairs ailleurs dans le monde. L’étude a également découvert des taux extrêmement bas de maladies cardiaques et de maladies d'Alzheimer par rapport aux moyennes européenne et mondiale.

Giuseppe Santonicola confirme qu’il n’a jamais vraiment été malade en-dehors des traditionnels rhumes et d’une clavicule cassée après une chute en montagne. "Nous menons un mode de vie simple, sain" dit-il. "Peut-être que cela suffit".

Outre leurs libidos énergiques qui les aident sans nul doute à rester physiquement actifs et de bonne humeur, ils consomment presque tous quotidiennement du romarin, qu’il soit infusé dans l’huile d’olive, cuisiné avec des pâtes ou même mâché cru, selon Salvatore Di Somma, qui a chapeauté la partie italienne de l’étude.

Ils consomment uniquement l’huile d’olive produite localement, et beaucoup d’entre eux apprécient de boire quotidiennement des vins locaux rouges ou blancs. Beaucoup des résidents fument des cigarettes, et ils ne semblent pas éviter la friture. Les anchois frits constituent l'un des plats les plus populaires.

La région de Cilento n’a aucun équipement industriel important et présente un très faible taux de pollution. Les habitants n’utilisent ni pesticides ni herbicides, et ils mangent principalement le poisson qu’ils pêchent dans la mer toute proche ou des lapins et des poulets élevés dans des fermes locales. La situation de la ville, perchée sur le flan d’une montagne, fait d’un simple aller-retour au marché une véritable randonnée, et l’étude a découvert que tous les seniors pratiquent une forme d’activité physique tous les jours, qu’il s’agisse de natation, de jardinage ou de sexe.

L’étude a divisé le groupe test en deux catégories. L’une, baptisée les "super-vieillissants", regroupait le club des centenaires, et la seconde était constituée de membres de leur famille plus jeunes. Etrangement, les habitants centenaires sont équitablement répartis entre hommes et femmes à Acciaroli : les femmes ne survivent pas de beaucoup aux hommes, contrairement à la règle dans la plupart des autres parties du globe.

Une entreprise allemande de diagnostic médical, Sphingotec, a comparé les résultats des deux groupes de Cilento à ceux d’un autre groupe intégré à une étude similaire actuellement en cours en Suède. Elle concerne 194 personnes en bonne santé prises en charge par le projet Malmo Preventive. Cette étude suédoise, qui vise à suivre le développement des maladies cardiovasculaires parmi des personnes d’un âge médian de 63 ans, a fourni une base médicale fiable à de nombreuses études européennes sur le vieillissement depuis huit ans. Ces comparaisons ont révélé que les Italiens sont au-dessus du lot par rapport à leurs pairs suédois.

Le but de l’étude de Cilento, qui va maintenant suivre 2000 personnes supplémentaires dans une plus large zone de la région de Cilento, est d’essayer d’établir un profil type de mode de vie sain qui puisse être réproduit dans d’autres parties du monde.

Bien qu’il soit impossible de reconstituer ailleurs un village pittoresque italien de bord de mer dépourvu d’industries, M. Di Somma croit que certaines leçons en matière de régime alimentaire et d’exercice peuvent être tirées de l’étude du vieillissement à Acciaroli. "Ce que nous aimerions créer, c’est une sorte de feuille de route clinique" a-t-il expliqué à l’AFP avant la présentation des résultats de l'étude. "Un outil qui indique quel type de régime, quel niveau d’activité physique, quel type de vie sociale et quelle façon de penser doit adopter une personne qui veut vivre en bonne santé pendant longtemps".

Des études similaires sur ces petites poches de longévité tout autour du monde, également appellées "zones bleues", d'Okinawa au Japon jusqu'à Loma Linda en Californie, en passant par Icarie en Grèce, ont fourni des résultats semblables. Peut-être que le véritable secret de la longévité n’est pas de vivre dans l’instant, mais de le savourer.

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