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Et la Grèce tendait sa sébile à l'Europe : quand il faut que tout change pour que rien ne change
©Reuters

La charité SVP !

Pendant des dizaines d’années, le pays de M. Tsipras a acquis un incontestable savoir-faire dans ce domaine. Et puis il a un peu perdu la main.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Atlantico foisonne d’économistes aussi doués les uns que les autres. Michel Garibal, Nicolas Goetzmann, Jean-Marc Sylvestre. Ils ont tout dit, tout expliqué, sur les bisbilles entre la Grèce et l’Europe. Mais ils ne sont pas toujours d’accord entre eux : les analyses de Sylvestre ne sont pas celles de Goetzmann. Ca contribue certainement à la richesse du site. Pas à la mienne.

Donc, ne sachant plus à quel économiste me vouer, je me suis tourné vers Esope, un écrivain grec du VIe siècle, quand la Grèce était le phare de l’humanité, avant d’en devenir aujourd’hui la déchetterie. Lui, je le comprends. Et il m’a dicté une fable, genre dans lequel il excellait :

Il était une fois un mendiant qui faisait la manche sur le trottoir de l’Europe. Il s’adressait aux passants avec un émouvant "ayez pitié d’un pauvre Grec". Son sourire doux et soumis convainquait les plus avares. Et les euros pleuvaient dans sa sébile que, pour la circonstance, il avait choisie large. Puis l’attendrissant mendiant vidait la sébile, et grâce à la recette du jour, s’en allait vider une bouteille de résiné pour dormir ensuite du sommeil des justes.

Le lendemain, il revenait avec sa sébile et son "ayez pitié d’un pauvre Grec". Les euros tombaient en abondance, et les bouteilles vides de résiné s’amoncelaient. Un jour, les passants, longtemps compatissants, devinrent désagréables. Le tas de bouteilles avait atteint la hauteur du Mont Olympe. Ils le houspillèrent : "plus d’euros si tu ne te bouges pas le c.. ! T’arrêtes de boire. Et tu bosses !" Même que la plus méchante des passants, une Allemande, en profita pour lui donner quelques coups de pied dans les côtes.

Soumis à ce régime abominable, mourant de soif, le mendiant fut rapidement transformé en squelette. La mort rôdait autour de lui. L’inanition le guettait. Mais les passants restaient sans pitié. Et – ô miracle - un sachet de coke se trouva en possession du malheureux. Il sniffa un bon coup et se redressa, vengeur : "Je vous em***** ! Et toi, l’Allemande, tu vas payer pour les souffrances que tu m’as infligées naguère !"

Cette soudaine révolte prit les passants de court. Allez donc savoir jusqu’où peut aller un mendiant en colère ! Il temporisèrent, tentèrent de l’amadouer, de gagner du temps. Et, l’effet de la coke s’étant dissipé, le mendiant se souvint de son "ayez pitié d’un pauvre Grec !" Il tendit à nouveau sa sébile que les passants acceptèrent de remplir à condition qu’il cesse de boire du résiné.

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