La Bretagne, nouvelle image du déclin français<!-- --> | Atlantico.fr
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L'agriculteur breton Jean-Louis Thoby débarque du maïs moulu utilisé comme aliment pour bétail après sa récolte à Sainte-Reine-de-Bretagne, près de Nantes.
L'agriculteur breton Jean-Louis Thoby débarque du maïs moulu utilisé comme aliment pour bétail après sa récolte à Sainte-Reine-de-Bretagne, près de Nantes.
©Reuters

Editorial

Suite à la suppression de près de 900 postes dans l'abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau dans le Finistère, Jean-Marc Ayrault a annoncé qu'une aide de 15 millions d'euros serait débloquée pour les entreprises agroalimentaires bretonnes en grande difficulté.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Les familles qui s’apprêtent en masse à investir la Bretagne ce week-end à l’occasion des vacances de Toussaint vont trouver un pays crispé, prêt à des manifestations violentes en raison d’une montée rapide d’un climat d’exaspération, provoqué par la multiplication des plans sociaux qui affectent des sociétés emblématiques de la région. Les seniors qui en avaient fait un concurrent du midi pour leur retraite ou leurs loisirs risquent ainsi de déchanter face à la détérioration des relations sociales. La situation a d’ailleurs paru suffisamment préoccupante pour que le gouvernement tienne il y a quelques jours une réunion de crise à Matignon avec pas moins de six ministres, afin d’éviter que la Bretagne devienne une nouvelle Lorraine. 

Signe de son désarroi et du manque de ressources financières, l’exécutif n’a pas été capable de lancer un plan de sauvetage : il s’est borné  à une aumône de quinze millions d’euros, soit trois euros par Breton, bien dérisoire face à la tempête qui gronde dans cette terre de gauche qui avait voté majoritairement pour François Hollande.

La Bretagne préfigure aujourd’hui ce déclin qui menace une bonne partie du territoire. Car le volontarisme dont avait fait preuve le général de Gaulle il y a cinquante ans pour la sortir du sous-développement a été progressivement  abandonné. L’Etat n’a pas apporté les infrastructures suffisantes : même si la région est la seule à disposer d’autoroutes sans péages, les liaisons sont restées inachevées et le port de Nantes ne joue pas le rôle qui devrait être le sien. Mais surtout, elle n’a pas suivi la voie de la modernisation pour faire face à la mondialisation. Ainsi ses activités industrielles florissantes au départ concernent des secteurs en déclin, tels que les télécommunications, faute d’innovations face à la concurrence chinoise, ou encore l’automobile, à l’heure où l’Espagne produit plus de véhicules que la France. L’agroalimentaire, qui était un fleuron, s’est cantonné peu à peu dans des activités bas de gamme faute d’investissements en raison d’un coût du travail trop élevé qui ne peut résister à la concurrence des pays de l’est, voire du Brésil pour le porc et le poulet.

Certes, il reste le tourisme, encore que le climat joue parfois de mauvais tours. Mais les atouts du patrimoine côtier attiraient une population urbaine de plus en plus nombreuse, qui, là encore, risque de subir un coût d’arrêt en raison des mesures désastreuses récemment annoncées par le gouvernement en matière d’immobilier qui se traduisent déjà par une chute de près de vingt pour cent des mises en chantier.

Bref, la Bretagne se trouve aujourd’hui en état d’alerte. Mais comme toujours, l’Etat, qui veut se mêler de tout, n’est pas en mesure de faire face. Il va se contenter d’un saupoudrage pour maintenir en activité des entreprises qui ne sont plus rentables alors qu’il devait faire porter ses efforts sur la création de nouvelles entités capables de lutter contre la concurrence mondiale. Et pour cela réduire les charges qui pèsent sur les entreprises.

Cette incapacité du pouvoir et le silence de François Hollande inquiètent de plus en plus une opinion déboussolée. Car l’exemple de la Bretagne risque d’être contagieux et de s’étendre rapidement à d’autres régions.                           

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