Et François Fillon, il est violemment nazi ou modérément fasciste ?

Les années 30 sont celles – on nous le répète depuis très longtemps – des heures les plus sombres de notre histoire. Vous savez, celles dont le ventre fécond a accouché d'une bête immonde. Au choix, et selon les cas, elle sera noire (la couleur des SS) ou brune (la couleur des SA). Et certains de ces spécimens version spaghetti seront estampillés fascistes à la sauce mussolinienne.

Des années qui font frémir. Des années terribles. Des années contre lesquelles doit se dresser dans un front uni la France résistante qui va de François Bayrou à Jean-Luc Mélenchon en passant par Alain Juppé. C'est ainsi qu'un journal, Politis, représentatif de la gauche-canal Neandertal, fait sa Une avec la photo de François Fillon assortie du titre suivant : "Un parfum des années 30". On pourrait être tenté de considérer qu'il s'agit là d'un phénomène de démence sénile touchant des vieillards cacochymes.

C'est un peu plus grave. Et on comprend pourquoi. On n'en a jamais fait autant contre Jean-Marie Le Pen qui avait, lui et quand même, breveté à son profit quelques spécificités des années 30. Et pour cause : personne ne pouvait réellement craindre que le fondateur du Front national s'installe un jour à l'Élysée. Il en va autrement avec François Fillon, qui est un président de la République possible.

C'est pourquoi, contre l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, tout paraît permis. On l'habille d'une chemise noire ou brune, pour que chacun, comme dans un stand de tir, puisse vider sa carabine sur cette cible désignée. Mais Politis, quand même, ce n'est pas grand-chose ? Oui, mais la Une du magazine est révélatrice d'une hystérie très répandue. Qui n'a pas lu dans Libération l'éditorial de Laurent Joffrin intitulé "Sacristie" ne saura jamais ce que peut être une frénésie compulsive. On peut apprendre dans cet article que Fillon est le Tariq Ramadan de nos églises ! Qui n'a pas entendu Alain Juppé annoncer qu'il avait observé le ralliement de nombreux "soutiens d'extrême-droite" à Fillon ne devinera jamais jusqu'où peut aller la rancœur et le ressentiment. On ne sait pas où le maire de Bordeaux est allé chercher ses informations. Mais peut-être lui ont-elles été fournies par Politis ?