Et encore une bonne intention gouvernementale à côté de la plaque : la loi sur l’économie sociale ignore tellement les réalités de l’entreprise qu’elle se condamne<!-- --> | Atlantico.fr
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Benoît Hamon, ministre de l'Economie sociale et solidaire, prévoit d'obliger les PME à prévenir leurs salariés deux mois avant la vente afin qu'ils puissent être candidats à la reprise.
Benoît Hamon, ministre de l'Economie sociale et solidaire, prévoit d'obliger les PME à prévenir leurs salariés deux mois avant la vente afin qu'ils puissent être candidats à la reprise.
©Flickr / lavacavegetariana

L'enfer en est pavé...

Benoît Hamon, ministre de l'économie sociale et solidaire, prévoit d'obliger les PME à prévenir leurs salariés deux mois avant la vente afin qu'ils puissent être candidats à la reprise. Une mesure qui sera présentée le 26 juillet en Conseil des ministres dans le cadre du projet de loi sur l'économie sociale et solidaire.

Félicité  Des Nétumières et Sophie de Menthon

Félicité Des Nétumières et Sophie de Menthon

Félicité des Nétumières est associée dirigeante de Wellness Training.

Sophie de Menthon est l'une des personnalités qualifiées membre du Conseil économique, social et environnemental. Chef d’entreprise, elle s’est toujours investie dans la vie associative, pour promouvoir l’entreprise privée. A 21 ans, elle crée sa première entreprise de marketing téléphonique « Multilignes Conseil », qu’elle présidera jusqu’en 2004. En 1995, elle prend la présidence d’ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance), où elle initie la réconciliation des Français avec l’entreprise en créant, en 2003, la « Fête des Entreprises », sur le thème : « J’aime ma boîte ! », qui se renouvelle chaque année au mois d’octobre.

En 2007, elle a été admise dans la réserve citoyenne avec le grade de Colonel et rattachée au corps des Officiers de la Gendarmerie Nationale. En 2010, elle est nommée par le Président de la République au Conseil Economique, Social et Environnemental, au titre de personnalité qualifiée, pour un mandat de 5 ans. Sophie de Menthon intervient régulièrement sur iTélé dans l'émission « On ne va pas se mentir ». Dans la collection. « Le monde d'aujourd'hui expliqué aux enfants », aux Editions Gallimard Jeunesse, qu’elle fonde avec sa fille Alexia Delrieu. Elles écrivent en tandem et viennent de publier le 10ème ouvrage en 5 ans : Les Dangers (2010).

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Attention monsieur le ministre !!

S'il faut prévenir ses salariés que l'on envisage de vendre son entreprise, deux mois avant la vente, cela revient à mettre l'information sur la place publique. 

Et mettre cette information sur la place publique deux mois avant la vente, revient à tuer dans l'œuf tout projet.

Dans une entreprise de cette taille, le/la "patron(ne)" a un rôle prédominant à tous les niveaux. 

Il/elle fédère les énergies, fait rêver, rassure, emmène tout le monde. Il/elle est la référence pour tous, salaries, clients, fournisseurs, banquiers.

Laisser deux mois de vide, d'incertitudes, d'absence de cap revient à paralyser entièrement l'entreprise pendant deux mois : salariés inquiets, clients qui ne signent plus de contrats, fournisseurs qui ne font plus confiance, banquiers qui attendent de savoir qui sera le nouveau patron pour accorder un crédit.

Deux mois dans la vie d'un grand groupe, ce n'est peut-être pas très long, dans la vie d'une petite PME, c'est extrêmement long. Aucune n'est capable de voir ses projets mis en suspens pendant deux mois sous peine de mourir. 

Ce qui est critiquable dans le projet de loi, ce n'est pas la volonté de faire en sorte que les salariés puissent racheter leur entreprise, bien au contraire! Cela arrive souvent, et c'est tant mieux. Mais le danger vient des conséquences de l'effet d'annonce. Ne pas le comprendre montre une totale incompréhension de la temporalité qui régit les petites entreprises.

C'est une vraie naïveté que de croire que parce que les salariés seront prévenus, ils seront en mesure de se fédérer en deux mois pour rassembler l'argent du rachat, trouver des leaders parmi eux, se faire confiance à eux-mêmes etc. Ce n'est pas deux mois qu'il faudrait, c'est un an, voire plus.... Habituellement, lorsqu'un salarié est pressenti pour une reprise, pendant des mois, voire des années, il est associé au plus près a toutes les décisions, voire" intronisé" auprès des clients et des banques.

Par ailleurs, la transposition que fait le ministre quand il se justifie en disant que les SCOP font moins faillite que les autres, ne permet en aucun cas d'en tirer la conclusion que les résultats seront les mêmes si n'importe quelle entreprise se transforme en SCOP... Les niveaux de capitalisation ne sont pas les mêmes, les besoins en investissements non plus. Bref, c'est une manière de vouloir convaincre que le capitalisme est malsain. Faux bien sûr, même si d'autres modèles sont parfois excellents.

Voilà donc une mesure idéologique en tous cas, anticapitaliste comme il faut, et qui risque si elle est adoptée de précipiter à la faillite nombre de petites boîtes et d'empêcher au contraire les reprises, alors qu'on sait que nombre d'entreprises périclitent faute de repreneurs. Quant aux petits patrons qui comptent sur la revente pour s'assurer une retraite, ils risquent d'être pris au piège.

A un moment où l'industrie est en décroissance en France, où la révolution industrielle informatique est en plein boum, l'investissement est plus que jamais crucial. Il faut donc faire FI d'une idéologie qui d'éclairage l'investissement car elle méprise l'argent. Il faut des capitaux et des talents et ce pour créer, reprendre ou développer des entreprises. Prétendre vouloir créer de l'emploi grâce à une politique privilégiant  les associations et les coopératives, en pénalisant ceux qui investissent, est un non-sens, et un risque majeur pour notre économie.

Le capital ne sert pas qu’à enrichir les capitalistes, mais AVANT TOUT à créer innovation et outil de travail.... il faut le dire aux Français et l'admettre au plus haut niveau.

L'Etat ne peut remplacer les investisseurs, il n'en a ni les moyens, ni la vision, ni le talent.

Son seul devoir est de créer un environnement favorable à la croissance économique donc aux entrepreneurs en laissant bien sûr s'épanouir l'entreprenariat sous toutes ses formes les plus multiples.

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