Et Macron osa (enfin) nommer le Hezbollah<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron Liban Hezbollah
Emmanuel Macron Liban Hezbollah
©GONZALO FUENTES / POOL / AFP

Il y a mis du temps

Le président de la République est au pouvoir depuis 2017. Le Hezbollah est au pouvoir au Liban depuis bien plus longtemps. En trois ans, il n'a pas pu se renseigner ?

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le Liban est pour Macron une affaire personnelle. C'est sa cause. Et aussi, pourrait-on dire, sa chose. Il l'avait, sans détours inutiles, fait savoir quand il s'était rendu à Beyrouth au lendemain de la dramatique explosion qui avait ravagé le port de la ville.

Il avait alors exigé (et non pas suggéré) que les dirigeants du pays s'attèlent à une réforme révolutionnaire qui devait faire du pays du Cèdre un Etat laïque. "Il fallait, a-t-il dit, mettre fin au système confessionnel" qui répartit les différents postes de responsabilité entre les trois grandes religions du pays : sunnites, chiites et chrétiens. Dans leur histoire tourmentée, les Libanais en ont entendu d'autres. Mais là c'était le pompon salué par des ricanements incrédules.

Pour tout dire Macron avait oublié que les temps du mandat français étaient révolus. Et surtout, il s'était arrangé pour "oublier" ce qu'est le Hezbollah. Depuis de longues années, et ce n'est un secret pour personne, cette organisation tient le Liban par les c... . Elle est là-bas le bras armé de la Syrie et de l'Iran. Elle est la seule à être autorisée à avoir une milice armée. Et pas n'importe quelle milice : la sienne est plus puissante que l'armée libanaise.

Théoriquement le Hezbollah tient ce privilège du fait qu'il prétend combattre Israël. Il ne fait pas grand mal à ce pays : les représailles seraient terribles. Au lieu de quoi le Hezbollah a transformé le Liban en une démocratie corrigée par l'assassinat. L'ancien Premier ministre Rafiq Hariri qui déplaisait à Damas en a payé le prix.

Mais le Hezbollah, intelligemment, tient compte des particularités locales. Il participait aux négociations visant à former le nouveau gouvernement que Macron appelait de ses voeux.

Il les a fait capoter en réclamant plus de portefeuilles. C'est alors que la colère de Macron a explosé. "C'est une honte", a-t-il dit. "Un acte de trahison. Le Hezbollah se croit plus fort qu'il ne l'est". On ne sait pas comment on dit en arabe "Macron se croit plus fort qu'il ne l'est". Mais c'est certainement ce que Nasrallah, le patron du Hezbollah, a déclaré... Quant à la trahison il n'y en a qu'une : c'est Macron qui a été trahi !

On savait déjà que l'égo présidentiel est surdimensionné. Pauvre Macron. La phrase de Bossuet, "Dieu se rit des hommes qui se lamentent des effets dont ils chérissent les causes", lui va comme un gant.

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