Et à la question "ne craignez-vous pas que votre livre profite au Front National ?" Houellebecq répondit "je m'en fous ! "

Le journaliste moyen, c'est-à-dire médiocre, aime poser cette question. Ses confrères l'ont posée avant lui. D'autres confrères la poseront après lui. C'est facile, c'est à la portée de n'importe qui, donc de tout journaliste, et c'est très bien vu par les rédacteurs en chef. Le journaliste moyen est en France une espèce proliférante. Et cette espèce a, impétueuse et dominatrice, franchi le Rhin.

La réponse de Houellebecq, "je m'en fous", a été naturellement traduite en allemand par le journaliste. Et là-bas le "je m'en fous" français correspond à "das is mir Wurst". Littéralement " c'est pour moi de la saucisse". L'Allemagne étant abondement recouverte des dites saucisses, on comprend que ses habitants n'en aient rien à battre. Combien de millions de porcs sont morts pour ces milliards de saucisses qui seront, heureusement, prohibées si la fiction d'une république islamique, décrite par Houellebecq, se réalise aussi pour l'Allemagne ?

En Français "je men fous" peut avoir de multiples variantes. Il y  a une tout à fait charmante et passablement mystérieuse : "je m'en fous comme de l'an 40". Non, non rien à voir avec la cinglante défaite que nous ont infligée cette année-là les grands parents et les parents de Mme Merkel. Pour savoir j'ai consulté le Duneton qui n'a pas encore mis "ne craignez-vous pas que ça profite au Front National ?" dans sa liste des idiomes français.

En revanche ce délicieux dictionnaire explique que la référence à l'an 40 n'est qu'une déformation tardive d'une expression en cours au XVIII^e siècle. Vous brulez de savoir laquelle et vous n'avez pas de Duneton dans votre bibliothèque ? La voici. "Je m'en fous comme de l'Alcoran" (c'est ainsi qu'on désignait alors le Coran). Quelle époque ! Essayez donc de dire ça aujourd'hui.

J'arrête à regret de batifoler avec le Duneton car il faut bien revenir à l'essentiel. Tout bien réfléchit, la question "ne craignez vous pas que ça profite au Front National ?" me parait légitime mais il convient de la poser aux bonnes personnes. En voici la liste. Non exhaustive. Et les lecteurs peuvent largement l'enrichir.

Quand Edwy Plenel insulte Alain Finkielkraut car il a dit que "l'Islam posait à la France un problème de civilisation", ne devrait-il pas craindre que ses vociférations profitent au Front National ? Quant un "jeune" viole une fille à Créteil parce que juive, ne devrait-il pas s'interroger sur le fait de savoir si son forfait ne va pas inciter des Juifs à voter Marine Le Pen ? Quand différents organismes officiels nous expliquent que l'Islam est, de loin, la première religion dans nos prisons ne servent-ils pas avec ces révélations, les intérêts du FN ?

Quand une élue PS suggère qu'on devrait envoyer l'armée dans les quartiers Nord de Marseille qu'elle connait bien (elle y est née) ne fait-elle pas elle aussi, le jeu du Front National ? Quand des voyous de plus en plus nombreux s'attaquent aux "sales céfrans" aux  "faces de craie" et  aux "sales Juifs" ne devraient ils pas répondre à la question "ne craignez vous pas que ça profite au Front National ? " ? Quand dans nos établissements scolaires des élèves, par centaines, par milliers, s'affichent avec des "je suis Coulibaly" et des "je suis les frères Kouachi" ne faut-il pas leur poser la même question ?

Je me la suis évidemment posée à moi-même dans l'hypothèse calamiteuse ou cet article serait repris sur Fdesouche. Ma réponse : "Das is mir Wurst ". Ce qui est infiniment plus gouteux que notre misérable "je m'en fous".