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Ironie chez les communistes, tacles chez les Verts, états d’âme au PS : est-ce que quelqu’un dans la majorité trouve encore des vertus à l’action de François Hollande ?
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Toujours (im)populaire ?

Dans un vidéo diffusée à l'occasion de ses vœux pour 2014, le PCF moque l'action du gouvernement et réclame une "politique de gauche". Même dans son propre camp, l’exécutif voit ses soutiens se réduire comme peau de chagrin.

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann est Directeur en charge des études d'opinion de l'Institut CSA.
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Atlantico : Le PCF a ouvert mardi le bal des vœux en publiant une vidéo à l'adresse de François Hollande et du gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Dans cette vidéo, les ministres Sapin, Duflot et Valls sont moqués, présentés comme silencieux face à plusieurs thématiques comme la dette, la santé, l'écologie, les retraites. Le PCF réclame pour 2014 "un gouvernement de gauche pour une politique de gauche". Cette vidéo est-elle l'illustration d'un malaise à gauche ? 

Yves-Marie Cann :La posture critique du Parti communiste – et plus largement du Front de gauche - à l'égard du gouvernement traduit ce que l'on observe dans les enquêtes d'opinion depuis plusieurs mois, notamment à travers la côte de confiance de l'exécutif et plus particulièrement de celle du chef de l'État. Dans la dernière enquête CSA pour Les Échos que nous avons réalisé début  décembre, Hollande est crédité de 24% de confiance auprès de l'ensemble des Français.  

Mais lorsque l'on regarde auprès des sympathisants de gauche, on s'aperçoit que s'il conserve le soutien d'une majorité de sympathisants socialistes (67%) en revanche il n'est plus qu'à 28% auprès des sympathisants du Front de gauche, 38% auprès des sympathisants Europe Écologie – Les Verts. Les critiques formulées par le PCF abondent dans le sens de leur base électorale.

Le PCF joue-t-il simplement un rôle destiné à rassurer sa base électorale ?  

Oui, dans ce type d'exercice, la direction du PCFs'adresse avant tout à son noyau dur, c'est-à-dire à ses militants les plus actifs et qui peuvent avoir aujourd'hui les récriminations les plus fortes à l'adresse du gouvernement.

Ceci étant dit, le PCF se retrouve dans une situation particulière. Il ne fait pas parti de la majorité présidentielle car il n'y a aucun de ses membres au sein du gouvernement. En revanche à l'échelle locale, il y aura de très nombreuses listes PS-PCF-EELV dès le premier tour des élections municipales. Par ce type de posture, le PCF cherche à jouer le rôle d'aiguillon dans la perspective des prochains scrutins et d'influer sur la politique locale et nationale.

Qu'en est-il des autres partis à gauche comme Europe Écologie Les Verts et le Front de gauche ? 

Objectivement, EELV, de par la présence de certains de ses membres au sein du gouvernement, fait toujours parti de la majorité présidentielle. Le parti est tenu par un accord de gouvernement et une alliance nouée en amont des élections de 2012. Mais quand on regarde aujourd’hui comment cela se passe au niveau des sympathisants, on s'aperçoit que, eux, ont basculé depuis maintenant plusieurs mois dans la défiance à l'égard de l'exécutif, avec des critiques qui peuvent être parfois assez proches de celles formulées par le Front de gauche avec notamment des critiques sur l'inefficacité du gouvernement sur le plan économique et sociale, les difficultés à lutter contre la hausse du chômage ou la politique fiscale qui est parfois accusée d'aggraver la situation. C'est pourquoi la situation est très critique à l'intérieur de la gauche en dehors des rangs socialistes. Ces critiques sont d'ailleurs relayées par une partie des dirigeants EELV, notamment Pascal Durand, l'ancien secrétaire national d'EELV

Et au Parti socialiste ? Est-ce là que l'on trouve les irréductibles soutiens ?  

Si le socle des sympathisants socialistes reste majoritairement en soutien de François Hollande, on est à des niveaux qui sont plus bas que ceux observés à l'UMP sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il y a donc aujourd'hui une partie de la base socialiste qui est très critique à l'égard de l'action menée par l'exécutif.

Cette critique rejoint bien souvent ce qui est exprimée par l'aile gauche du PS qui, elle-même, est proche de certains positions du Front de gauche ou du PCF sur un positionnement politique qui est considéré comme insuffisamment de gauche. L'aile gauche du PS pâtit toutefois d'un moindre écho du fait de la participation de l'un de ses principaux représentants, Benoît Hamon, au gouvernement.

Au sein du gouvernement, qui sont ceux restés fidèles à François Hollande ? Qui sont les ministres qui officieusement, ne soutiennent plus son action ? 

Je ne suis pas dans le secret des dieux politiques mais il y a au sein du gouvernement des personnalités qui incarnent le cercle le plus proche de François Hollande. C'est le cas par exemple de Michel Sapin qui, en dehors de la sphère politique, est un proche du président. Le ministre du Travail, notamment par ses récentes déclarations concernant l'inversion de la courbe du chômage qui serait déjà engagée, exprime une solidarité avec le chef de l'État. D'autres personnalités comme Jean-Yves Le Drian ou même Manuel Valls, malgré ses ambitions, jouent grandement la carte de la solidarité de l'exécutif. On peut également citer Vincent Peillon qui lui aussi est réputé proche du président.

Dans un contexte où les premiers résultats positifs tardent à se réaliser, ce sont les liens entre les personnes plutôt que l'approbation de telle ou telle mesure qui jouent en priorité. On sait bien par exemple que le crédit impôt compétitivité emploi sème le doute au sein de certains membres du gouvernement.  Ceci étant dit, on voit bien que si des ministres ont une certaine frustration comme les ministres EELV, Cécile Duflot ou Pascal Canfin, Benoît Hamon également, ils jouent aussi la carte de la solidarité gouvernementale et ne font plus état de leurs récriminations.

D'une manière générale, qui fait encore confiance à François Hollande ? 

24% des Français font confiance au chef de l'État pour affronter efficacement les problèmes qui se posent au pays. On est certes à un niveau record d'impopularité pour un chef de l'État mais cela représente néanmoins près d'un quart des Français. Si on regarde en détail ces résultats, il s'agit du noyau dur de sympathisants socialistes.

Tout en doutant de l'efficacité des mesures engagées sur le front économique et social conservent un certain espoir en des jours meilleurs. Tout l'enjeu pour l'exécutif dans les prochains mois est d'inverser cette tendance concernant l'opinion et de pouvoir élargir ce noyau dur en regagnant la confiance de ceux qui traditionnellement entretiennent un lien fort avec la gauche.

Propos recueillis par Sylvain Chazot

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